Dans une récente interview accordée au journal allemand Die Welt, Howard Stringer, PDG de Sony Corp., s'est laissé allé à certaines déclarations assez intéressantes, en toute franchise. Le dirigeant, depuis trois ans, tente de modifier la culture de la société japonaise, en unifiant ses différentes divisions pour obtenir d'ici à 2011 "un catalogue dans lequel 90% des produits seront capables de communiquer en réseau et de se connecter sans fil". Bien entendu, la PS3 est un élément important de cette stratégie, mais les coûts astronomiques de développement de la machine, et sa vente à perte, est aussi un sujet de préoccupation pour tous ceux qui s'intéressent à Sony et au monde du jeu vidéo en particulier.

"Les consommateurs achètent nos consoles PlayStation 3 plus vite que nous ne pouvons les produire. Vous savez, cependant, que notre modèle économique est imparfait, et que nous subissons une perte sur chaque console que nous vendons", explique Stringer, qui avoue avoir également joué à la Wii :

C'est une expérience différente. La Wii est un appareil bien conçu qui a trouvé un nouveau groupe cible. Pendant un temps, nous avions ce même groupe avec le jeu SingStar. Mais peut-être avons-nous négligé la poursuite de cette direction. Les jeux PlayStation sont plutôt conçus pour ceux qui jouent beaucoup. Bien que ce soit une stratégie différente, elle paie. Nous avons en ce moment un embouteillage de production avec la PlayStation 3.

Si Stringer rappelle que Sony gagne déjà plus d'argent sur le software qu'il n'en perd avec les ventes de consoles, il reconnaît néanmoins la valeur de l'approche de Nintendo :

La différence majeure réside dans le fait que Nintendo fait de l'argent avec le hardware seul, ce qui est peut-être un meilleur modèle économique. Mais la Wii ne trouve pas son succès à nos dépends - elle ne nous fait pas de tort. Nous avons décidé, il y a des années, de faire une console qui offre une bien plus grande fonctionnalité. La PlayStation 3 a un énorme processeur ; elle émerge graduellement comme le serveur central des foyers de nos utilisateurs.

La PlayStation 3 a déjà coûté un 3 milliards de dollars d'investissement à Sony. David Perry, actuel Directeur Créatif d'Acclaim, abordait récemment le sujet en déclarant que Sony ne ferait pas de bénéfices avec la PlayStation 3 pendant la Games Convention. Sony peut-il récupérer son investissement ? Howard Stringer répond sans détour, et même avec humour, à la question :

Pas de mon vivant ! ... Cela prendra certainement du temps. Le modèle économique traditionnel pour la PlayStation envisageait que nous aurions des pertes avec le hardware dans les premières années, jusqu'à ce que les coûts de production aient baissé jusqu'au point d'équilibre. En attendant, nous gagnons de l'argent avec les jeux. Nous sommes actuellement à une étape où il faut maîtriser les coûts de production. Cela prend du temps.

Le reste de l'interview, qui aborde la situation de Sony au global, est une lecture intéressante pour les anglophiles, disponible ici. En attendant, elle répond également à la question d'une éventuelle baisse de prix de la PS3 d'ici Noël : "Je ne crois pas", claque Stringer. Ça, c'est fait, comme on dit.