Quand on évoque les États-Unis en rapport avec les Arts (avec un grand "A"), on pense souvent aux copyrights et aux droits d'auteurs disputés entre producteurs et auteurs. Pourtant, ce pays si riche en création artistique contemporaine dispose d'une fondation financée par l'Etat nommée NEA (National Endowment for the Arts : Fondation Nationale pour les Arts) pour soutenir divers projets d'artistes prometteurs.

Cette NEA vient d'adopter un changement d'importance : elle reconnaît à présent le jeu vidéo comme un Art. Ainsi, les directives "Arts in Media" remplacent à présents les directives "Arts on Radio and Television", pour reconnaître l'éligibilité de nouveaux types de projets, parmi lesquels on trouve les "jeux interactifs", et les supports tels qu'internet et les appareils mobiles.

Concrètement, cela signifie que ces travaux peuvent désormais prétendre à des subventions d'Etat. Ces projets peuvent donc officiellement être reconnus, à présent, comme des oeuvres artistiques à part entière. Des sommes jusqu'à 200.000 dollars peuvent ainsi être attribuées et donc garantir, au moins en partie, l'indépendance artistique de l'auteur, pour peut-être aboutir à des jeux moins gouvernés par les impératifs commerciaux.

C'est en partie ainsi que le Canada a pu s'attirer les faveurs d'autant d'éditeurs, l'industrie ayant depuis de nombreuses années bénéficié de traitements privilégiés dans ce pays. Du côté français, si le Ministère de la Culture a déjà reconnu à de nombreuses reprises la valeur du jeu vidéo, il n'a pas encore été aussi loin chez nous, malgré les décorations de Chevaliers des Arts et des Lettres de créateurs tels que Frédéric Raynal ou Michel Ancel (ainsi que Shigeru Miyamoto et Peter Molyneux) et les subventions du CNC.

Les jeux vidéo financés par ce biais seront donc estampillés "label œuvre d'art". Certains crierons haut et fort, "enfin !" d'autres argueront que le jeu vidéo doit rester divertissant avant tout et ne pas se prendre au sérieux. Plus objectivement, toute diversité et aide financière supplémentaire est toujours un plus et qui sait, peut-être verrons-nous bientôt des projets originaux et encore plus ambitieux en terme de moyens qu'un Braid, Limbo, Flower, ou But that was [yesterday], pour ne pas citer toujours les mêmes...

Quoiqu'il arrive, il ne fait aucun doute que ces considérations ne feront que se multiplier dans les années à venir, et c'est une bonne chose !

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Merci Shenflo !