Certains d'entre nous à la rédac', avaient déjà pu s'essayer au nouveau titre de Tetsuya Mizuguchi, lors de différents salons. C'est cette fois dans nos locaux que le monde entier nous envie, que nous nous sommes plongés dans l'univers de Child of Eden, avec une version du jeu plus étendue que celles que nous avions vu précédemment. Trois planètes étaient proposées (sur six affichées dans le menu de sélection de niveaux, plus une en guise de didacticiel). Les décrire ne rendrait pas hommage à ces planètes, je me contenterai ainsi de vous inviter à regarder les moult vidéos et images que vous pouvez retrouver sur Gameblog, dévoilant ces univers que l'on qualifiera de célesto-océanique, de spacio-végétal et de mécanico-cosmique... J'ai couru avec des géants, lasérisé une baleine multicolore et fait pousser des fleurs de nénuphars en musique... Un voyage aussi zen que frénétique.

Synesthésie, mon amie

Eh oui, il est difficile de parler de Child of Eden car plus encore que certaines productions, c'est une expérience qui se vit. On peut par contre déterminer sans beaucoup de mal, la configuration idéale pour y jouer. Il vous faudra donc une paire de mains, un bon casque ou une installation sonore du futur ainsi qu'une manette (voire même plusieurs, nous y reviendrons). Car oui, même si la détection de mouvements proposée par Kinect fonctionne bien et qu'assez rapidement on se prend au jeu tel un magicien sons et lumières, la manette procure certaines sensations que la liberté offerte par Kinect nous fait perdre. Mais insistons là-dessus. L'accessoire de Microsoft procure tout de même une immersion tout à fait satisfaisante : Child of Eden s'impose comme la première véritable démonstration convaincante d'un jeu non casual avec Kinect. En cela, c'est déjà une réussite. Sans la manette donc, on utilise sa main gauche pour balancer un feu nourri qui demandera de la précision pour atteindre ses cibles, alors qu'avec la main droite, on verrouille les ennemis et on envoie des missiles de lumière téléguidés. En levant simultanément ses deux bras vers le haut, on déclenche une furie de lasers qui fait le ménage efficacement. Cinq pétales représentent notre barre de vie, un curseur à l'écran change de couleur selon notre type d'attaque, bleue (missiles) ou violette (tir précis). Pour une immersion totale, toute cette interface peut d'ailleurs être désactivée, rendant le jeu encore un poil plus ardu. Mais très vite, surtout quand on a joué à Rez il y a quelques années, il manque quelque chose que seule la manette peut nous offrir : le tempo du "cliquetis" sur les touches et bien sûr, les vibrations !

Je fais l'amour avec la musique

Tout comme dans Rez, il vaut mieux avoir du rythme pour triompher du challenge, d'ailleurs assez relevé, proposé par le jeu. Et puis au delà de ça, ce qui faisait le charme de Rez et se retrouve dans Child of Eden, c'est la manière donc chaque tir et même chaque pression du bouton de tir produit un son, un "kick" comme on dit dans la musique électronique. Une manière d'interagir avec les mélodies electro-pop du titre, bien sûr, mais aussi de trouver un tempo, la pression répétée ou non du joueur sur la touche lui offrant un métronome auquel il accordera le rythme qui lui convient. Une sensation de tempo, de rythme, magnifiée par les vibrations soignées de la manette. Tous les sens sont mis à contribution dans Child of Eden : on en prend plein la vue, les oreilles, et à la manière d'un TransVibrator, on peut activer trois manettes en plus de celle avec laquelle on joue, celles-ci servant alors à reproduire les vibrations... Vous pourrez donc vous les mettre où vous voulez (où les placer sur un tiers) pour ressentir la musique dans votre chair... Littéralement. Vous êtes le genre de personne qui se colle au mur d'enceintes lors de soirées drum'n'bass pour bien ressentir toutes les vibrations ? Bienvenue au club, vous allez kiffer.

"T'as du jungle là ?", Human Traffic

Cependant, sur les trois planètes dans lesquelles nous avons évolué, il n'est pas vraiment question de drum'n'bass mais de musiques bien plus pop que celles de Rez, celui-ci demeurant plus électro, voire carrément techno. En effet, la présence de la chanteuse du groupe de Mizuguchi, Genki Rockets, en tant que muse de ce nouveau titre n'y est pas pour rien, la voix de la belle étant de nombreuses fois utilisée dans les phases de jeu. Du coup, l'univers de Child of Eden est bien plus fleuri, coloré, lumineux que celui de Rez. Alors après, tout est histoire de goûts et de couleurs mais aucun souci, on se laisse vite embarquer même si on ne peut s'empêcher de trouver le clip d'intro gentiment niais, avec son message écolo basique. Parfois, il vaut mieux garder le mystère. Si on ne s'attend pas à trouver des morceaux à la Aphrodite ou façon Roni Size dans la version finale, on espère tout de même, comme c'est le cas avec les environnements du jeu, que certains thèmes se démarqueront, proposant ainsi un panel de musiques et de sensations des plus variées.

Child of Eden est un kaléïdoscope aussi bien visuel que sonore, un voyage à la fois zen et frénétique, dans lequel on préféra visiblement s'aventurer manette en main, tout en reconnaissant les qualités indéniables de l'interface Kinect. Emballé par l'expérience, c'est, vous l'aurez compris, avec une grande impatience que nous attendrons la version finale du titre calée au 16 juin 2011, en espérant que cette démo que l'on vit, proposera moult univers et musiques variées. On aimerait bien que le trip ne descende qu'au bout de nombreuses heures de jeu...