Pour les trois du fond qui ne l'auraient pas encore entendu, sachez que la volonté de Martin Edmondson, le créateur de la série de retour aux manettes, c'est avant tout de revenir aux sources. C'est pour cette raison que nous sommes à San Francisco (ville du premier opus), dont les rues biscornues sont propices à de belles cascades. C'est aussi pour cette raison que John Tanner, héros emblématique de la saga, ne sortira pas de sa voiture pour flinguer à tout va comme le voudrait l'influence (le dictat ?) de GTA. Non, Driver San Francisco doit être avant tout un pur jeu de caisses, et vous resterez bien sagement dans la bagnole... Enfin pas tout à fait, car dans ce vaste retour aux sources, vous trouverez tout de même une nouveauté vraiment majeure, au coeur du gameplay et du scénario : le "Shift" ! Concrètement, alors qu'il est en train de rouler tranquillement, le joueur peut appuyer sur un bouton pour faire un large dézoom au dessus de sa position, choisir un autre véhicule qui passe par-là et littéralement "transposer" Tanner dans la peau de son conducteur (dont il garde l'apparence)... Ouaip', c'est une sorte de voyage astral, tout à fait !

Ils ont fumé du Shift ?

Avouons-le, ce principe de Shift est pour le moins surprenant... Driver étant ancré dans un trip réaliste, sa justification s'annonçait forcément maladroite, mais qu'en est-il exactement ? En gros, le jeu débute quelques mois après DRIV3R, à la fin duquel Tanner était laissé pour mort, une balle dans le dos tirée par son ennemi juré, Charles Jericho. Ce dernier est sur le point de se faire transférer de la prison au tribunal, et des complices à l'extérieur lui permettent de s'évader avec pertes et fracas (je vous laisse découvrir tout ça en vidéo dans le dernier trailer en date, à voir absolument). Accompagné de son pote Tobias Jones (Driver 2), Tanner prend alors Jericho en chasse, et la course-poursuite se finit par un accident dantesque qui plonge notre héros dans un profond coma. Entre la vie et la mort, depuis l'ambulance puis le lit d'hôpital, Tanner rêve complètement l'aventure que nous allons jouer, et il ne tardera d'ailleurs pas à s'en rendre compte, au moment où il découvre son "super pouvoir" lui permettant de se transposer de bagnole en bagnole, ou lorsqu'il entend des voix et lit des instructions sur les panneaux publicitaires...

Tanner en short à San Francisco

Un scénario qui ne sonne peut-être pas très juste, comme ça, mais qui s'avère finalement très bien amené et très amusant. Durant cette petite heure de jeu, disons-le clairement, j'ai même été très agréablement surpris par la qualité de la mise en scène, par les situations et les dialogues qui expliquent tout cela. Les cinématiques sont superbes, les cadrages et l'ambiance musicale "sixties" (bien que l'histoire se passe de nos jours) excellente, les différentes répliques et les situations cocasses souvent très marrantes... On citera par exemple ce passage où Tanner passe dans la peau d'un jeune-homme en pleine leçon de conduite, mission durant laquelle il faudra faire flipper ce gros lourd d'instructeur en conduisant comme un dingue, et ce passage où l'on incarne l'espace d'une course un chauffeur de taxi dont la passagère semble en manque de sensations fortes. On a bien aimé aussi la surprise de tomber dans la peau d'un homme en pleine discussion de couple avec sa nana, Tanner prenant un malin plaisir à caser de bonnes répliques, ou encore cette mission où l'on emmène le caméraman d'un show télé au milieu d'un carrefour bondé, pour prendre possession des voitures qui passent ici et là et lui permettre de filmer des plans, des accidents et des cascades de dingue.

Free roaming, baby !

Parlons des missions tiens, justement. Driver San Francisco se déroule de manière assez classique pour un jeu "free roam", avec bien sûr la possibilité de circuler librement (et donc dans n'importe quelle bagnole) sur les quelques kilomètres de routes modélisées pour l'occasion. Un radar nous indique différentes positions permettant de participer à des missions. Il y a les missions "Tanner", qui sont en fait les missions scénaristiques, mais auxquelles vous ne pourrez participer qu'en obtenant assez de "points de volonté" grâce aux missions "City", plus légères, rigolotes et variées. Il pourra s'agir de courses à checkpoints, de courses-poursuites, de cascades... À ces deux types de missions principales s'ajouteront des défis et activités annexes. Les points de volonté permettront également de se payer des garages et des caisses, qui seront ainsi accessibles quand vous le voudrez. Le jeu compte d'ailleurs quelques 140 véhicules sous licence (une première dans la série). Bref, il y a vraiment de quoi faire et de quoi explorer, que ce soit pour passer le temps ou avancer dans le scénario principal.

Cascades, drift et suspensions souples

Côté gameplay, là encore ce premier aperçu était très convaincant. Le moteur physique maison de Reflections est de grande qualité, proposant une jouabilité plutôt arcade mais dans laquelle on s'amuse vraiment à "dompter" des véhicules puissants, lourds et qui dérapent facilement. C'est vraiment du pur Driver dans l'esprit, avec ces suspensions très souples, ces sauts de malade, ces burnouts qui développent de belles volutes de fumée... Ce qui est très agréable, c'est que contrôler ces grosses caisses dans un trafic dense, dans cette ville bourrée de piétons et de rues biscornues, se fait avec beaucoup de précision. Comprenez que vous partirez facilement en dérapage dans les vrais virages, mais que vos petits coups de volant dans les lignes droites restent extrêmement fins et précis. Le jeu propose en plus une vue cockpit très réussie, dans laquelle les mouvements des mains durant les braquages et contrebraquages sont très bien foutus. À noter que vous pourrez activer à tout moment des turbos ou encore des "charges" permettant respectivement de faire de belles cascades ou de gros accidents via des "takedowns". Bref, dans l'ensemble la jouabilité semble déjà très précise et bien réglée, et surtout très agréable.

Beau comme un camion

Pour ne rien gâcher, et même si elle souffre évidemment de quelques accrocs à un peu plus de 4 mois de la sortie du jeu (prévu pour le 1er septembre), la réalisation s'annonce elle aussi de très bonne facture. Martin Edmondson nous expliquait d'ailleurs que la date de sortie de Driver San Francisco a été repoussée pour proposer un jeu techniquement parfait, qui tournerait en permanence à 60 images/seconde sans exception. Alors le jeu est déjà très fluide, et en plus il est plutôt joli. Il fait en plus partie de ces titres qui ont une véritable identité, tellement proche d'ailleurs de celle du premier Driver (les menus et la présentation générale ont d'ailleurs beaucoup de classe)... Pour le reste, les bagnoles sont très finement modélisées, les environnements complexes, étendus et bien rendus, les effets spéciaux en jettent, bref : ça s'annonce déjà très léché (mention spéciale aux cinématiques également, notamment pour ces visages superbement rendus). Vivement que tous les petits bugs (notamment d'affichage, avec pas mal de popping pour le moment) soient réglés d'ici la prochaine fois. On est impatient d'en voir plus en tout cas, et ça ne devrait pas tarder d'ailleurs...

En attendant de découvrir à nouveau le mode multi, annoncé comme un élément essentiel du jeu par ses développeurs (et qui devrait en effet être bourré de modes et d'idées originales), ce petit aperçu du mode solo nous a donc conquis... je suis reparti de Londres très enthousiaste et très impatient d'en découvrir plus. Driver San Francisco s'annonce en effet très proche de l'épisode fondateur, dans l'esprit, tout en proposant une idée centrale très originale et finalment très bien intégrée dans le gameplay et l'univers. L'ensemble s'annonce déjà très soigné, très drôle et surtout vraiment kiffant à prendre en mains. Vivement la suite.