L'histoire en elle-même est d'une tristesse déconcertante. Jugez plutôt : une mère de 33 ans aurait ainsi négligé pendant 6 mois ses trois enfants de 9, 10 et 13 ans et laissé ses chiens mourir de faim, tant elle était obsédée par le jeu. Les visuels et le nom de Small World émaillent les articles des publications relayant l'affaire, au demeurant digne de faire la "une" des faits divers, telles que le Dailymail, le Sun (qui a depuis retiré l'article, passé en Une un peu plus tôt), ou encore le Telegraph, affaire reprise jusqu'en Espagne par 20minutos et sans doute ailleurs, dans des éditions web et papier.

Attendez... jeu en ligne ? Facebook ?

Bien entendu, vous l'aurez compris, tout ce beau monde a sans doute confondu le jeu Small World sur iPad (qui se joue en local et n'est en rien lié à des invitations Facebook mentionnées dans l'affaire comme origine de l'addiction de la mère) avec le jeu en ligne SmallWorlds. C'est sûr, un tout petit "s" de rien de tout, ce n'est pas grand chose, surtout lorsque l'affaire est relayée par des journalistes qui ne connaissent bien entendu pas plus que ce qui a été évoqué pendant le jugement. Au tribunal, le titre était semble-t-il bien appelé Small World et non SmallWorlds, et aucune description du jeu n'a été donnée, d'où l'amalgame malheureux. Les éclaircissements sur le processus qui a conduit à cette erreur sont à porter au crédit de PurpleDawn, qui a pu communiquer par téléphone avec Roger Pearson après avoir appelé le Sun, à propos de l'auteur de l'article original du reporter Chris Pollard (si j'ai bien tout compris). Le Dailymail avait même été jusqu'à publier une image issue de Warhammer Online linkant vers le site de Days of Wonder pour illustrer son article (depuis retirée à la demande des avocats de GamesWorkshop)...

Le coup de la patate chaude

Mais ce n'est pas fini. Dans un post sur son propre forum, l'un des membres de SmallWorlds.com, Mitch Oslon, n'hésite pas un seul instant à se prévaloir lui-même d'être victime de l'erreur, arguant que "certaines agences de presse ont utilisé des images issues de SmallWorlds.com par erreur alors que l'histoire concerne un tout autre jeu", en renvoyant un lien sur le site de Days of Wonder, éditeur de Small World pour l'iPad. Evidemment, ce dernier y est allé lui aussi de son post officiel sur le sujet, plutôt énervé par l'affaire. Alors qui a tort et qui a raison ? Lequel des deux jeux est-il réellement celui qui soit-disant a conduit à cette horreur (nous savons tous que quoiqu'il arrive, c'est avant tout la mère la responsable) ? Considérant qu'il est fait mention d'une invitation Facebook l'ayant conduit à jouer (SmallWorlds est un titre jouable dans un navigateur internet), qu'elle ne semble pas posséder d'iPad, que Small World ne se joue pas en ligne, et n'a rien d'un monde virtuel, le consensus voudrait que Mitch Oslon ne soit qu'un vilain menteur retournant la situation pour éviter la mauvaise pub...

Une affaire qui ne manquera sans doute pas d'avoir des suites, les avocats de Days of Wonder, américains, étant à présent éveillés et à même de constater l'accusation explicite de Monsieur Olsen.