Au même titre que Dragon Quest IX, Monster Hunter ou Yakuza Project K, Metal Gear Solid : Peace Walker participe à une tendance lourde du marché du jeu vidéo japonais. De plus en plus de licences fortes connaissent ainsi le succès, voire développent leurs "vraies" suites non pas sur consoles de salon... mais bien sur portables. Si en occident, la réaction initiale serait de considérer ce mouvement comme un recul, au Japon, les ambitions des développeurs n'ont quant à elles pas été réduites. Metal Gear Solid : Peace Walker en est le symbole le plus évident. En effet, au-delà des graphismes (du jamais vu sur PSP), c'est avant tout la richesse de gameplay et les nouvelles idées intégrées dans l'UMD qui feraient rougir Metal Gear Solid 4. C'est bien simple, en se plongeant dans Peace Walker et en découvrant heure après heure la densité de son contenu, on finit par réellement réaliser que Kojima avait raison. Oui, Peace Walker est bel et bien Metal Gear Solid 5 !

Metal Gear Solid 5 dans la poche

Les fans de la série sont donc prévenus, bien plus qu'un épisode parallèle comme l'était Portable Ops, cet épisode étoffe l'histoire de la saga et lève le voile sur la période séparant Metal Gear Solid 3 et Metal Gear Solid. En un mot : indispensable. Pour ceux qui se poseraient la question, Hideo Kojima est toujours aussi bavard. L'histoire est donc réellement longue (comptez plus de 20H pour la campagne solo), rentre dans les détails... du vrai MGS en somme. Vous saurez enfin réellement comment Snake a basculé et imposé Big Boss comme un ennemi légendaire suite à la création de Militaires Sans Frontières. Apprêtez-vous aussi à retrouver certains personnages de la mythologie des MGS, à en découvrir d'autres, et à vous prendre de belles révélations en pleine figure. Les fans pourront ainsi décrypter chacun des clins d'oeil... Kaz Miller, par exemple, ça ne vous dit vraiment rien ? Dans les faits, tout commence comme la démo... à quelques nuances près. De petits ajouts de-ci de-là que je ne spoilerai pas bien évidemment. La réalisation graphique impose d'entrée sa classe. Techniquement, hormis une très légère trame, l'impression visuelle est sidérante. On se situe quasiment au niveau de Metal Gear Solid 2 version PS2... mais désormais au creux de la main. Les environnements sont riches, les animations particulièrement coulées, l'ambiance sonore envoûtante, les temps de chargement assez courts (si tant est que vous ayez installé le jeu, 2 méthodes étant proposées). Bluffant. Les cinématiques jonglent quant à elles habilement entre cut-scenes en 3D pré-calculée (avec un rendu quelque peu boosté) et séquences ultra dynamiques en dessins à l'image de Metal Gear Solid Bande-Dessiné. Le résultat se montre diaboliquement stylé et confère un cachet assez unique à l'ensemble... d'autant que ces séquences sont parfois interactives. Vous pouvez zoomer, mais surtout vous devrez parfois déclencher des actions dans un délai très court. Snake arme un bazooka et doit détruire une installation... Snake doit mettre hors de portée de nuire un garde... Pour la première fois, les longues cinématiques requerront donc attention... mais aussi réflexes !

Metal Gear Solid ++

De son côté, le game design se montre aussi des plus généreux. Au fil des missions, une impression s'installe. Celle voulant qu'en s'étant débarrassé de la lourdeur d'un développement HD, les équipes de Kojima Productions semble avoir pu se concentrer sur les nouveautés de gameplay. Et comparé à Metal Gear Solid 4, la différence se fait sentir. Pour être franc, au début, l'avalanche est telle que je me suis senti presque submergé. Entre le nouveau système de gestion de la Mother Base (plate-forme au large du Costa Rica dans laquelle vous allez gérer votre milice après recrutement sur le champs de bataille), les modes multi-joueurs (Co-Op, VS, etc), le nouveau système de codec (qui se déclenche in-game sans coupure), l'absence de pause en activant les menus (augmentation du stress), l'ajout des ballons Fulton pour exfiltrer les gardes, les assauts ultra stratégiques (et très durs) face au boss parfois près de 15 fois plus grands que vous, le découpage en mission, le tuning d'équipements, la conception de véhicules, le piratage des boss... n'en jetez plus, ce MGS : Peace Walker fait souffler un réel vent de fraîcheur sur la saga. C'est sans conteste possible l'épisode dans lequel il y a le plus d'interaction et finalement... de jeu.

Il y a toujours quelque chose à faire, une sous-mission à découvrir, un élément de la Mother Base à gérer (c'est une sorte de vrai mini-jeu dans le jeu). La dimension gestion engouffrera en effet à elle seule des heures de jeu. Vous dépenserez l'argent acquis sur le terrain (les GMP) pour allouer des tâches précises à vos soldats (ingénieurs, médecins, informateurs, cuistos, etc). Attention, à l'image d'un RPG, chacun possède des points de compétences répartis selon les postes. Pour être le plus efficace possible, vous devrez donc optimiser leurs compétences, et ne pas déséquilibrer les rôles. N'oubliez pas non de bien gérer la bonne santé de vos hommes si vous ne voulez pas subir de désertion. Bien évidemment, mieux vous gérerez vos hommes, plus vite vous gagnerez de nouveaux équipements, perfectionnerez vos armes et développerez de technologies qui vous serviront par la suite en mission. Lorsqu'on sait que le développement s'est bouclé en un peu plus d'un an seulement, la performance peut être saluée.

Tactical Espionnage Operations

Reste à évoquer l'une des craintes majeurs des joueurs : la prise en main. Sachez que 3 types de contrôle sont proposés : Tireur (caméra sur les boutons Croix, Carré, Rond, Triangle), Action (caméra sur la croix digitale), Chasseur (objets sur les tranches). J'ai pour ma part choisi le type Tireur et après quelques minutes de pratique, la jouabilité brille par son efficacité. Bien évidemment, dans les séquences les plus tendues, il n'est pas toujours évident de viser précisément. Un petit défaut que l'on peut partiellement améliorer en enclenchant une aide à la visée. Mais sur ce point, avouons que la PSP n'offre pas le même confort qu'une manette. En ce qui concerne le changement d'armes et les équipements, on passe de l'un à l'autre d'une pression de la croix directionnelle... mais attention, le jeu ne se met pas en pause lorsqu'on passe dans ces menus. Vicieux. Quoiqu'il en soit, avec un peu d'habitude, se plaquer contre un mur, permuter les armes, et avancer à pas de velours se montre suffisamment précis pour ne pas faire naître de frustration. Dans les combats rapprochés, un mode de combo a même été intégré. Une sorte de QTE apparaît lorsque plusieurs ennemis sont groupés. En validant au bon moment sur la touche droite de la tranche, vous enchaînerez les prises avec un joli effet de ralenti et désarçonnerez vos adversaires en un instant. Classe.

A noter aussi que pour la première fois dans un MGS, le jeu n'est pas sous-titré Tactical Espionnage Action... mais Tactical Espionnage Operations. Un changement de nom qui souligne bien l'orientation nouvelle du titre avec sa campagne solo (Ops Principales) et tout ces à côtés (Ops Bonus), sans oublier le multi pur (les Co-Ops). A noter que chaque mission, même la campagne principale peut à tout moment se jouer de 2 à 4 joueurs (il nous tarde de l'essayer pour pouvoir réaliser un test en bonne et due forme). Pour conclure information d'importance, sachez qu'en solo, la difficulté a tendance à monter assez vite. Je vais être clair : il s'agit sans conteste du MGS le plus dur de la série ! A noter qu'en cas de Game Over, vous ne recommencerez pas dans la zone où vous êtes mort... mais bien en tout début de mission. Et contre certains Boss aussi gigantesques que redoutables, vous allez crier. Reste que ces derniers mettent vraiment l'accent sur le game design du titre, vous demandant des approches plutôt subtiles et l'obligation de vraiment élaborer vos tactiques d'assauts... d'autant que si vous ne les détruisez pas, vous pourriez bien récupérer de sympathiques bonus.

Pour tout ceux qui en doutaient, soyez définitivement rassurés : Metal Gear Solid : Peace Walker s'impose bel et bien comme un vrai MGS. Le code génétique de la saga est ici respecté mais il s'est tellement étoffé que l'aventure dispose d'une saveur personnelle. Moins film interactif, plus jeu. Il y a tant de modes, tant de bonus ou d'éléments qui se débloquent au fur et à mesure, d'aspects de jeu à gérer... L'inspiration Monster Hunter est évidente et elle a fait clairement du bien au jeu de Kojima. Au point qu'entre la gestion d'effectif de la Mother Base et la gestion d'équipements, le jeu devient vite addictif pour autre chose que sa campagne solo. Pas de doute, voici un épisode majeur dans l'histoire de la série de part l'ampleur de son contenu, l'exigence de qualité dont il fait preuve, la force de son histoire... mais aussi la console sur laquelle il arrive.

Un signal fort pour l'industrie du jeu vidéo qui devra définitivement compter de plus en plus avec les consoles portables. Du Japon à l'Occident. Les temps changent, Metal Gear fait désormais partie des pionniers de cette révolution.