Je vais bien sûr tenter de spoiler le moins possible les joueurs qui, comme moi, attendent beaucoup de cette expérience ludique signée Quantic Dream (Nomad Soul, Fahrenheit), mais je vais quand même bien devoir vous donner quelques explications, parler brièvement des différents personnages, etc. Je tenais juste à vous prévenir avant de commencer ! Bref, Heavy Rain sera donc divisé en différents "chapitres" (a priori 60 environ) impliquant à chaque fois l'un des 4 personnages jouables. Cette version preview nous a donné accès aux 11 premiers... Un aperçu, vous dis-je ! N'empêche que cette première plongée fut fort convaincante... à partir du moment bien sûr où l'on accepte certains partis pris...

Film interactif ? QTE géant ?

Voilà la question que tout le monde se pose, avec une pointe de méfiance... voire de moquerie chez certains. Et le producteur exécutif du jeu, Guillaume de Fondaumière y a d'ailleurs répondu sans ambiguïté il y a peu :D'une certaine façon, c'est une expérience interactive dans laquelle vos actions ont des conséquences sur l'histoire, et du fait que ce soit si cinématique, je pense qu'appeler ça un "film interactif" est une définition correcte.

Et pourquoi pas ? On est ici très loin des films interactifs des années 90, dans lesquels on choisissait vaguement entre deux possibilités de temps en temps, sans que ça n'influe vraiment sur les événements suivants et surtout sans réellement impliquer le joueur. Ici, il est question de pousser la narration, de demander au joueur de faire des choix moraux, d'agir de la manière qu'il juge opportune... Et il n'est pas question de tuer ou non des civils dans un aéroport, mais par exemple de choisir comment le père complètement déprimé qu'on incarne va s'occuper de son gosse, si distant, en revenant à la maison après l'école. Incarner les différents personnages de Heavy Rain est parfois déroutant d'ailleurs, ça représente souvent une certaine charge émotionnelle, qu'on partage avec eux. Ils ont "du corps", de la profondeur... Une profondeur qui s'installe au fil des petites scènes qu'on joue, parfois faites de petits riens, de détails et de moments contemplatifs qui contribuent à créer une ambiance. Un peu à la manière de Shenmue, d'ailleurs.

Mais on fait quoi exactement ?

Pour parler plus concrètement de gameplay, on a affaire ici à un jeu très proche du précédent travail de David Cage et de ses équipes : Fahrenheit. On dirige le personnage dans des environnements bien délimités, qui changent d'une "scène" à l'autre, via des commandes simples. On inspecte, on interagit avec les objets ici et là... Ensuite, selon le personnage qu'on incarne, le gameplay peut varier du tout au tout. On pense notamment à l'agent toxico du FBI, Norman Jayden, qui peut utiliser ses lunettes ultra-techno pour trouver des indices au sol, façon réalité augmentée. On peut également écouter les pensées du personnage qu'on incarne, dialoguer en choisissant ses questions et réponses. Vous aurez également très souvent recours à ces fameux QTE, soit pendant des scènes d'action à embranchements, soit même pour interagir directement avec l'environnement, simuler un effort, etc. Le reste est une histoire de situations, d'événements, d'ambiance, d'histoire... Le génie d'Heavy Rain ne se situera absolument pas dans ces différents éléments de gameplay pur, mais dans leur utilisation pour servir des personnages profonds, une histoire prenante et une ambiance polar tellement séduisante.

Coupé dans mon élan...

Malheureusement, comme je vous l'annonçais plus haut, seules les 11 premières scènes étaient présentes dans la version que nous avons pu essayer... Il reste tellement à découvrir ! Concrètement, nous avons pu faire assez largement connaissance avec Ethan Mars, père de famille qui perd son fils dans un accident tragique, tombe dans une déprime lourde, divorce et semble même perdre un peu la tête. Nous avons également pu jouer - mais un peu moins - dans la peau de Norman Jayden, le fameux profiler du FBI, et de Scott Shelby, détective privé. Leur histoire à tous tourne autour du "tueur origami", un serial killer qui s'attaque aux jeunes garçons de 8-13 ans. C'est un peu moins clair pour le quatrième personnage, Madison Paige, une jeune femme qu'on sait journaliste, mais dont nous n'avons pu profiter que dans une seule petite scène... avant que la preview nous donne rendez-vous pour le test. Pile au moment où l'intrigue se mettait réellement en place ! Pile au moment ou l'on avait une furieuse envie d'en apprendre plus sur ces personnages, sur leur rôle dans cette aventure ! Rageant. Une frustration qui veut tout dire : j'ai été conquis, tout simplement. Mais pour que l'essai soit parfaitement transformé, on attendra d'en voir un peu plus, et notamment sur la valeur de ces fameux choix moraux, sur leurs incidences, la façon dont ils changent les événements, le cours de l'histoire...

En attendant le mois de février 2010 - avec impatience - je ressors de ce premier aperçu d'Heavy Rain franchement rassuré. Quelques questions subsistent bien sûr, et notamment concernant les répercussions qu'auront véritablement les choix du joueur sur l'histoire (à ce stade en tout cas, sur 11 scènes, nous n'avons pas pu vraiment en profiter), mais globalement l'expérience s'annonce carrément envoûtante. On est en tout cas déjà loin du simple film interactif ou du fameux QTE géant... Ce qui lui donne toute sa dimension, c'est son aspect narratif, la profondeur de ses personnages, son histoire prenante et son ambiance noire si envoûtante... vivement la suite de l'histoire !