Pokémon

Genre :

Maltraitance d'animaux cheulous
Editeur : Nintendo
Année de sortie : 1996
Support : Gameboy

Pokémon est un manifeste animalier multi-thématique sur des sujets aussi pointus que disparates, comparable à ce que proposait le Contrat Social de Rousseau à son époque, mais avec des humains. En effet, il aborde à la fois les déviances de l'enfance, la richesse de la cryptozoologie ou encore les combats d'animaux clandestins. Le pitch du soft de Nintendo est assez glauque : de très jeunes enfants à fortes tendances sadiques asservissent de pauvres animaux interlopes, et les obligent à se battre entre eux jusqu'à ce que mort s'ensuive, lors de rassemblements sauvages illégaux. Très ciblé dans son concept, seules les créatures les plus cheuloues seront autorisées à participer à ces joutes à la violence roborative et sans enjeux particuliers. C'est d'ailleurs cette dimension de gratuité qui insuffle à Pokémon toute sa contenance sordide. Brrrrrrr... !!!

Pokémon célèbre de manière fantaisiste le concept du darwinisme en nous livrant un bestiaire de 386 espèces d'animaux surréalistes, fruit d'une projection émulative de notre faune de demain tablée sur 100 000 ans d'évolution spéculative. Maintenant du point de vue dialectique, le jeu transcende puissamment les frontières de la sémiologie en sous-entendant que malgré les limites du champ lexical des Pokémons (qui se limite à l'énonciation de leurs noms...), la communication est possible entre eux et ce, juste en usant des subtilités stratosphériques qu'offrent les modulations vocales. Un peu comme les dauphins ou les moutons. Cependant, dans cette généralité se démarque une singularité de taille : Miaouss , l'unique Pokémon bien urbain capable de parler et se déplacer comme un être humain. Sa seule existence dérange la communauté scientifique et philosophique, remettant en question le statut héliocentrique de l'homme en tant que seul animal doté de noèse. Bref, un titre de chevet indispensable ne serait-ce que par la pertinence et la profondeur des thèmes anthropologiques soulevés, et non pour la partie concernant la cruauté sur les animaux, qui se révèle au final assez bateau et peu captivante. Et sur ce dernier point, c'est vrai qu'on se fiche pas mal de savoir si tel ou tel Pokémon se fait martyriser par son maître ou non. Ce ne sont que de vulgaires animaux après tout...


Dès l'écran-titre, la couleur est annoncée : cet animal interlope risque de se prendre cette boule en adamantium dans le fondement s'il n'obéit pas à son maître juvénile.