Baptisé Persona 5 Scramble : The Phantom Strikers sur son archipel natal, cette suite en forme de spin-off passera donc les frontières de l'espace Schengen sous le sobriquet raccourci de Persona 5 Strikers, car ainsi en a décidé l'éditeur Atlus. Et parce que l'on sait les politiques et les joueurs un rien tatillon sur le sujet, affirmons-le dès à présent : si l'aventure profitera de doublages japonais et anglais, les sous-titres français seront bien de la partie, qu'on se le dise, sacrebleu !

La réunion des anciens

De l'eau a coulé sous les ponts depuis le triomphe des Phantom Thieves a l'été dernier : le Joker s'en allé retrouver la quiétude de sa campagne chérie, tandis qu'Ann, Makoto et Haru ont profité d'un monde à nouveau pacifié pour se consacrer à leurs études supérieures. Mais après un premier semestre que l'on imagine studieux, une nouvelle menace oblige le clan des sept à se regrouper, pour avancer une nouvelle fois... Masqués. CQFD.

Si ce premier contact avec Persona 5 Strikers nous passe malheureusement quelques détails contextuels, on comprend rapidement que les Phantom Thieves doivent faire face à une nouvelle menace, puisque de mystérieuses disparitions agitent cette fois tout le Japon. Image d'Épinal obligé, c'est dans le quartier résolument branchouille de Shibuya que l'enquête nous mène, histoire de rappeler la paternité de cette suite. Pour profiter du carton planétaire de Persona 5, Atlus a pris le soin de mettre les joueurs dans de confortables chaussons, indispensables à tout visiteur japonais qui espère franchir le pas de la porte d'entrée.

Mamonaku...

Les phases d'exploration s'attachent ainsi à reprendre point par point l'esthétique si particulière du jeu de 2016 : des conversations en phylactères pour prendre la température aux ruelles grouillantes de vie, tout y passe, et sur fond de Tokyo Emergency par-dessus le marché. Un petit détour par la Keiō Line, et nous voici arrivés au café Leblanc, et l'on repère ainsi d'un seul coup d'oeil les nouveaux abat-jours colorés de Sojiro, fidèle au poste.

Les soupçons de nos enquêteurs désormais étudiants se portent sur une curieuse idol, Alice Hiiragi, qui reprend à son compte l'univers de Lewis Carroll, et profite de l'ouverture d'un corner au sein du si parodié Shibuya 109 (qui devient ici le Shibuya 705) pour attirer dans son pays des merveilles les fans trop crédules. En lieu et place des Palais, les Phantom Thieves vont cette fois devoir infiltrer des Jails (on parie sur Prisons pour la VF, mais ce n'est là qu'une supputation translatoire), des versions toujours alternatives de notre réalité, mais qui s'étendent cette fois sur plusieurs pâtés de maison.

Dis leur que j'ai pas l'temps

C'est, vous l'aurez compris, au sein de ces Jails que "les choses se passeront", et c'est aux commandes d'un quatuor composé du Joker, d'Ann, de Haru et de Makoto que nous héros masqués reprennent du service, même si seul le brun ténébreux s'exprimera sur le champ de bataille. Dommage. Et c'est en arpentant cet espèce de parc d'attraction en carton-pâte sur fond d'une musique de manège qui jure très clairement avec les sonorités funk de la bande-son originale que les choses ses compliquent. Malgré la forme bien différente de ce Musō, les fondamentaux sont respectés : avec un peu d'astuce, le groupe prend l'initiative sur les ennemis grâce aux embuscades, ces derniers se révèlent plus ou moins sensibles aux différents types de magie, et Futaba reste toujours en retrait pour nous donner tuyaux et astuces sur les Persona les plus à même d'en finir au plus vite.

Malgré les dizaines de Jack Frost et autres Carmen qui remplissent l'écran dès lors que le groupe fond sur le moindre drone, chaque affrontement semble si vite expédié que l'on ne laisse même pas le temps à la charmante Lyn Inaizumi d'entonner son premier couplet de You Are Stronger. Un comble. Que ce soit au corps-à-corps via des salves d'attaques physiques ou via des magies de zone décuplées par les conseils de la jeune Sakura-san, tout le monde se fait pulvériser en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, et confirme a priori le côte brouillon du genre, très présent ici.

Alice au pays des morveux

Il faut dire que cette première séquence semble particulièrement mal choisie pour un stream de présentation, puisque notre fine équipe s'arrête toutes les deux minutes pour rappeler les bases de la prise en main et des différentes mécaniques, une démarche qui conviendrait mieux à une démo réellement accessible qu'à cet exercice. Malgré les blagues méta de Futaba, bien senties, l'exploration s'éternise, alors que les Phantom Thieves passent de toit en toit via des séquences de plate-forme d'une singulière rigidité, et que certains détours sont imposés par l'équipe qui n'a... pas envie de se mouiller. Est-ce donc ça, les défenseurs du monde libre ? Alors on suit le rythme, pour trouver les générateurs qui permettront de couper le courant et de passer au secteur suivant, en se demandant à quel moment on pourra sortir de ce tutoriel géant, alors que Yusuke semble trouver les mots justes pour expliciter notre pensée : et qualifie "d'atroce" les couleurs de ce curieux environnement. Bien vu, l'artiste.

ON ATTEND... DE POUVOIR Y JOUER !
Drôle de sensation après avoir découvert cette première heure aux côtés des Phantom Thieves : au-delà des combats trop vite expédiés pour réellement les apprécier et de la direction artistique ô combien discutable des lieux, l'absence de prise en main lors d'un niveau qui coche toutes les cases du tutoriel ne peut qu'interpeller. autant vous dire qu'à ce stade, il nous tarde surtout de (re)prendre les Phantom Thieves en main pour voir de quoi il retourne vraiment. En attendant sa sortie prévue pour le 23 février 2021, ou l'arrivée d'une éventuelle démo, nous ne pouvons que reprendre les mots de la douce Lyn Inaizumi : La seule question à se poser / Est de savoir où je suis allé.