La porte s'ouvre. La torche éclaire à peine le vestibule de la petite maison. Oppressant, presque étouffant, un bruit sourd vous enveloppe, laissant à peine filtrer les coups de tonnerre et les rebonds des gouttes de pluie. Les lieux sont vides, en apparence. La chambre des parents : rien. Le salon : non plus. Le garage : pas mieux. Le sous-sol... La température est anormalement basse. Le détecteur de champ électromagnétique s'agite. Vous appelez le fantôme par son nom. Des pas se font entendre. Vous vous ruez sur l'interrupteur. Pour rien. Il a fait sauter les plombs. Vous sentez une présence et n'arrivez plus à joindre vos compagnons. Il est peut-être trop tard et vous ne savez toujours pas à quelle entité vous avez affaire. Cela fait plus de cinq minutes, il faut retourner au cam... AH SA GRAND-MAMAN ! C'ÉTAIT QUOI CE CADAVRE AVEC UN GOURDIN À LA MAIN ?!

Haunting high and low

Avant de se lancer dans une partie de Phasmophobia, il faut savoir plusieurs choses. À commencer par son principe, presque indiqué dans le titre. Vous incarnez ici un chasseur de fantômes chargé d'investiguer différents lieux hantés (pavillons, fermes, école, asile...) à travers les États-Unis. Vous arrivez devant le bâtiment à visiter avec votre camion. Celui-ci fait office de bureau/régie/salle des opérations. Des objectifs vous sont donnés sur un tableau, ainsi que le nom et les réaction probables, lorsque vous tentez de lui parler, de l'esprit que vous traquez. Il s'agit alors de pénétrer les lieux, trouver l'endroit où se terre votre cible puis, à l'aide de différents gadgets et un peu d'observation, déterminer à quel type d'apparition vous avez affaire avant de plier bagages et récupérer l'argent de votre contrat. Pas d'action à proprement parler. C'est tout. Et c'est déjà beaucoup.

Portrait bobo

Le tuto, en solitaire, se montre assez clair, mais on tâtonne beaucoup, dans la pénombre. Cela pour comprendre comment fonctionne le détecteur, la radio, le livre, la caméra ou encore la lampe ultraviolette. Ce n'est qu'après avoir vu un de ces objets fonctionner que l'on sait comment progresser. À votre disposition se trouve un journal qui décrit tous les types de présence que vous pouvez croiser, du Revenant au Djiin en passant par le Poltergeist, le Cauchemar ou le Yurei. Dans leurs présentations, on sait comment ils se manifestent. Un Fantôme, par exemple, refroidit l'air ambiant, fait bondir votre détecteur EMF et apparaître un orbe fantomatique devant l'objectif d'une caméra à vision nocturne. À vous de trouver les trois indices qui aideront à dresser le portrait-robot, les autres tâches sont secondaires, mais rapporteront un petit bonus monétaire.

Car une fois dans le cercle vicieux de la traque surnaturelle, on n'a plus qu'une envie : jouer dans la cour des grands. Avec l'argent viendront, pour chaque round, le droit à plus de lampes, d'appareils photos, de capteurs de mouvements, d'encens, de sel ou de crucifix pour affaiblir "l'ennemi". Parce que oui, il ne faut pas penser que ce qui vient de l'au-delà n'a pas envie de vous emporter avec vous. Si vous restez trop longtemps au point sensible, que vous ne prenez aucune précaution, et faites fi des sons qui devraient vous inquiéter, vous risquez de finir en cadavre désarticulé. C'est qu'il y en a qui sont agressifs. La pression est totale, même si vous ne la ressentez pas en permanence.

Ici, la voix...

Là où vous avez pu sautiller en solo via le prologue, attendez-vous à bien plus de sensations à plusieurs - à condition bien entendu de pratiquer avec des amis plutôt que de parfaits inconnus - lorsque vous plongerez dans le grand bain. Tout l'intérêt de Phasmophobia réside dans une pratique à quatre joueurs parlant la même langue. Ce dernier point a son importance - le jeu est traduit en français, au passage - car tout l'aspect vocal se trouve au coeur de l'expérience. D'une part pour discuter avec ses compagnons, à proximité ou via la radio. D'autre part, parce que l'apparition peut réagir à vos vociférations. Cela l'attire ou l'énerve. Et comme si l'atmosphère lugubre et les quelques objets se déplaçant tout seuls ne suffisaient pas, voilà que vous vous savez observé. Dur.

Dès lors, il faut mettre en place des stratégies, s'organiser. Parler est vraiment la clé. Se séparer, comme dans un bon slasher que l'on prend plaisir à railler parce que "faut vraiment être c... pour s'aventurer dans cette pièce sans les autres", un prérequis dans certains cas : le ou la téméraire attend une réaction dans le noir pendant que les autres observent l'activité depuis le camion grâce à une caméra disposée non loin. Petit à petit, chacun trouve son rôle et sait quels accessoires emporter (trois par personne, pas plus). Comme il y a une part de hasard sur chaque mission, il est possible que certains d'entre eux manquent, empêchant l'accomplissement des quêtes annexes. Mais à l'avenir, une fois l'expérience et les fonds suffisamment accumulés, cela ne sera plus un problème.

Ambiance de la frousse

Si sa plastique se contente de faire le boulot, et qu'on regrette encore pas mal de bugs d'affichage (comme des ombres se portant mal) et d'animations datées, que les morts soient identiques peu importe qui vous attrape, et que, surtout, les déplacements soient d'une lenteur épouvantable, y compris en "course", Phasmophobia devient assez vite prenant. On en oublierait presque, à force d'enchaîner les parties, qu'il n'y a que sept maps disponibles pour le moment. C'est que son ambiance sonore, qui convient parfaitement aux multiples événements inattendus, vous prend assez vite aux tripes et que son fonctionnement global, basé sur une coopération fonctionnelle, se révèle très efficace. D'autant que cela peut aller très vite et que l'on ne voit guère le temps passer.

On farfouille, on se triture les méninges et on communique avec la peur au ventre, et le petit brin d'allégresse qui va bien avec le sursaut grotesque provoqué par le moindre grincement suspect. Il y a sûrement des tas de choses à affiner, et peut-être des idées à apporter - dommage qu'une fois décédé, il ne soit pas possible d'interagir, même un minimum, avec certains éléments, histoire d'aider les survivants ou, au contraire, les embrouiller - mais il s'agit d'un accès anticipé, et les développeurs semblent accueillir les retours de leur communauté sans problème.

À noter que nous n'avons pas encore pu l'essayer en réalité virtuelle, mais qu'il semble évident que cela devrait permettre de faire grimper la jauge de hype.

INDICE DE CONFIANCE : 66,6%

UNE BONNE EXPÉRIENCE HORRIFIQUE MULTI À ESSAYER

Pour 11,59 euros, vous pourrez vous faire des séances de ciné d'horreur interactive grand luxe, avec des amis. Les chasses aux fantômes de Phasmophobia se montrent assez vite prenantes, les mécanismes mises en place pour parvenir à ses fins roulent bien, simplement, et on peut dire que, question ambiance visuelle et sonore, s'il n'y a pas de coup d'éclat particulier, on trouve son compte. L'immersion est réussie et il est certain qu'avec un bon micro et trois accompagnants déterminés, vous trouverez ici un bon moyen de vous faire peur. Avec l'espoir que le jeu final saura profiter de la popularité actuelle de cette version en développement.

ON A AIMÉ : ON N'A PAS AIMÉ :
  • Des enquêtes coopératives qui fonctionnent bien.
  • Ah mais j'ai très peur, hein !
  • Tant de manières d'aborder une "visite".
  • Les déplacements trop laborieux.
  • Techniquement très en retard.
  • Des bugs, forcément, et une certaine répétitivité.