GRIS est un jeu narrant une histoire touchante, mais sans vous dire le moindre mot. Et pour cause : on y incarne une jeune femme qui, perchée on ne sait où sur la main d'une gigantesque statue, chante à plein poumons, merveilleusement bien, avant de perdre totalement l'usage de ses cordes vocales. La statue s'effrite alors, s'écroule, puis le sol se dérobe subitement sous les pieds de la demoiselle. Après une chute vertigineuse, lorsque vous en prenez enfin le contrôle, elle reprend ses esprits mais avance lentement, la mine triste, les épaules alourdies par la difficile situation qu'elle vit, par le sort qui s'acharne et voudrait la faire plier. Sauf qu'il n'est pas question d'abandonner. Sous vos mains, par votre dextérité et votre jugeote, il faudra faire de ce qu'elle perçoit encore comme un drame un simple obstacle, une étape difficile mais nécessaire dans une vie qui ne peut être faite que de moments tranquilles et rassurants.

Il faut avancer

C'est un peu tout le propos développé par GRIS. De manière subtile. Imagée et poétique. C'est en tout cas comme ça que je l'ai ressenti, peu à peu, en avançant dans cette version du jeu quasi-finale qui m'a littéralement transportée dans son univers. Je vous le dis comme je le pense : visuellement, c'est un pur chef-d'oeuvre de jeu vidéo que nous avons là. Totalement noir et blanc au départ (ou "gris", si vous préférez), les décors fonctionnent comme un tableau qui gagnerait peu à peu ses couleurs, teinte après teinte, avant de retrouver tout son éclat. Ce que cela évoque, c'est que la protagoniste retrouve petit à petit du courage, de la confiance, ou tout simplement goût à la vie.

Les bruitages et la superbe bande-son de l'artiste Berliner gagnent eux aussi en intensité au fil de l'aventure, qui s'apparente concrètement à un jeu de plate-forme/aventure avec de nombreux petits puzzles environnementaux. Ces derniers sont basés sur quelques principes simples, mais souvent réutilisés avec beaucoup d'intelligence. Des petites nouveautés comme la possibilité de se transformer en cube, effectuer un double-saut ou nager en eaux profondes sont intégrées à des moments-clefs pour relancer l'intérêt, vous faisant revenir en certains endroits et ouvrir de nouveaux chemins.

Bonheur simple et complet

Le voyage est absolument magnifique, chaque nouvelle séquence est une découverte ravissante. L'incrustation, dans ces vastes décors aux teintes aquarelles, d'animations carrément sublimes n'y est évidemment pas pour rien non plus, comme vous avez certainement pu en être témoin dans les trailers. Mais GRIS ne se contente pas de combler nos yeux et nos oreilles. Le jeu s'annonce aussi très réussi dans son équilibre et son design, fourmillant de belles idées et de passages marquants. On ne souhaite évidemment pas évoquer ici tous ceux que nous avons pu découvrir à l'occasion de cette preview, histoire que vous vous en délectiez vous aussi le moment venu, mais ils participent clairement à faire de ce premier jeu signé Nomada une expérience qui ne se contente pas d'être jolie.

ON L'ATTEND... ÉNORMÉMENT
Les quelques heures que nous avons pu passer en compagnie de GRIS confirment nos impressions de la Gamescom : ce premier jeu signé Nomada s'annonce comme un pur délice. Dans les tons aquarelles et avec ses superbes animations, il affiche une direction artistique à tomber à la renverse, faisant de lui l'un des plus beaux jeux auxquels nous avons pu jouer. Un rendu visuel qui s'accompagne, pour ne rien gâcher, d'une bande-son de haute volée, mais aussi d'un gameplay construit autour de puzzles intelligents et de séquences marquantes. Vivement qu'on puisse y retourner dans une version finale et vous confirmer tout cela dans le TEST !