Le moins que l'on puisse dire, c'est que ce Street Fighter IV a créé la surprise. Fers de lance de la campagne de séduction du jeu, sa nouvelle direction artistique et sa 3D ont d'abord fait peur. Mais rassurez-vous, RaHaN adore ! D'accord, ce n'est ni une référence, ni un argument (NdRaHaN : Hey ! Oh !), donc je développe...

Un visuel détonnant

Sagat, Ryu et leurs compères sont désormais beaucoup plus imposants. Des formes caricaturales mais qui ne sont pas sans rappeler celles de célèbres comics à succès. Attendez-vous donc à des muscles saillants qui bénéficient d'une avalanche d'effets d'ombre et de lumière, appuyant les contrastes, pour renforcer encore leur consistance. Il en va de même avec les animations, notamment avec des mimiques exacerbées des visages qui rappellent celles de divers mangas connus. Et n'en déplaise à certains, ce mariage des styles de BD Japonais et US, célébré par un rendu visuel époustouflant, est une imparable réussite. Une véritable renaissance pour Capcom, plus connu pour la ringardise de certains de ses personnages que pour le look dévastateur de Ryu et Ken. Ce souci de l'esthétisme, on le retrouve aussi dans la plupart des décors, avec des détails animés à foison et même de petites histoires en arrière plan (le gamin qui se fait piquer son sac d'écolier) et des effets spéciaux visuellement uniques (jets d'encre noir sur certains coups spéciaux pour donner un aspect manga etc.). Enfin un Street qui a vraiment de la gueule, il était temps !

Un jeu qui a aussi du cœur

Si la forme séduit souvent au premier coup d'œil, c'est le gameplay qui fera la valeur de cet opus. Et après 3 semaines à se latter la tronche sur cette préversion, tout semble être déjà là pour nous empêcher de lâcher la manette. C'est clair, la jouabilité découverte avec SF II en 1991 a clairement inspiré celle de SF IV. Du coup cette version joue à fond la carte "2,5D" : rendu 3D, mais personnages toujours bloqués sur une ligne, toujours face à face. Mais c'est bien la 3D et les formes des personnages qui modifient, de fait, l'ampleur des coups, leur dynamique, leur efficacité. C'est d'ailleurs pourquoi il faut se réapproprier la plupart des distances, des priorités et des champs d'action des coups, spéciaux ou non. Ca sent le SF II, ça ressemble à SF II, mais tout est à réapprendre. Après s'être fait plier pendant 3H, RaHaN peut vous le confirmer (NdRaHaN : HEY ! OH !).

Tradition...

Il fallait s'en douter, le titre reprend quelques fondamentaux. Le dash (course rapide vers l'avant ou l'arrière) fait son retour, tout comme les EX (en effectuant un coup avec deux boutons, vous boostez sa puissance). Des systèmes qui ont fait leur preuve et auxquels s'ajoutent une grande nouveauté : la "Focus Attack". Un contre violent dont disposent tous les combattants, doublé d'une mandale imparable si elle est bien placée. Lancée au bon moment et avec le niveau de puissance approprié, elle permet de retourner n'importe quelle situation, car elle crée au passage une ouverture significative dans la défense de l'adversaire. De quoi assurer des rixes tendues jusqu'à la fin de chaque round. Réservée aux meilleurs, cette attaque a aussi la capacité d'interrompre n'importe lequel de vos coups afin d'en déclencher un autre. Avec un peu d'entraînement, enchaîner une boule de feu, un dragon punch et une furie à la suite est désormais possible ! Un système hyper dynamique qui surprend l'adversaire, et enrichit considérablement les possibilités. Le tout est servi par une animation ultra fluide et des mouvements alliant souplesse et rapidité, et assurent des coups d'une puissance étourdissante que l'on ressent parfaitement, à la manette comme au joystick arcade (oui, on a testé tout ça). Signalons au passage que ceux qui s'inquiètent à cause de la croix de direction merdique de la manette 360 seront probablement aussi surpris que nous de l'efficacité redoutable qu'on peut obtenir en la remplaçant par le stick analogique gauche : une grande première.

... et modernité

Impossible de ne pas conclure ce premier tour du propriétaire sur un rapide coup d'œil aux petits nouveaux de cette impressionnante galerie de 24 personnages. En tête de liste, El fuerte, le catcheur mexicain et ses sauts spectaculaires axés sur les diagonales, ne manquera pas de vous surprendre. L'action s'avère plus classique avec Abel, le français. Ses coups arqués tout en souplesse et ses chopes aux scandaleuses priorités donnent vraiment du fil à retordre. Le très gracieux Rufus développe un Kung Fu aérien pour des enchaînements percutants malgré son gras double. Quant à la petite Viper, ses frappes électrisantes héritées des plus grandes stars SNK mettent le feu sur les rings. Voilà une belle brochette de nouveaux guerriers qui ont largement de quoi rivaliser de techniques avec les incontournables Vega, Sakura, Bison, Balrog, Honda, Guile, Blanka et autres Zanghief. Notons aussi le renouveau de Fei Long, Cammy, ainsi que de Gen le quinquagénaire, Sakura, Rose et Dan, le clone de Robert Garcia, absents de la version Arcade mais qui seront sur consoles. Cette pléthore de jouteurs de luxe est parfaitement intégrée au nouveau système de jeu et chacun parvient à se distinguer des autres. Même Ryu, Ken et leur respectable maitre Gouken ainsi que son frère Gouki ont leurs spécificités. Autant dire que Capcom n'a pas hésité à prendre des risques côté gameplay en tentant de redonner un coup de jeune a ses plus grandes stars. Un effort que les plus acharnés sauront apprécier...

Presque 20 après l'opus fondateur, celui que tous ont retenu, Street Fighter IV semble tenir tout autant de la suite spirituelle du II, que de la réactualisation que tous les vieux briscards fantasmaient. Il y a du neuf, du vieux, mais surtout un soin tout particulier à réussir leur mariage. Il reprend le meilleur de SFII tout en proposant assez de subtilités pour échapper au déjà-vu côté gameplay... Une recette qui devrait mettre tout le monde d'accord, et pour laquelle il sera dur de patienter jusqu'au 20 février !