Si nous n'avions pu essayer que par fraction de 20 minutes les fois précédentes, Kingdom Come Deliverance s'est cette fois offert le luxe de nous faire découvrir une généreuse portion de 3 heures. Suffisant pour appréhender 3 phases de jeu bien distinctes, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Nous avons pu en effet poser les mains sur le tout début du jeu, puis une bataille et enfin une mission au coeur d'un monastère. Le but pour le studio était de lister les différentes atmosphères que l'on pourra voir tout au long de notre aventure médiévale. La première d'entre elle donc, la phase de découverte.

L'émerveillement

Le jeu se déroule en 1403 en pleine région de Bohème au coeur du Saint Empire Romain Germanique. Nous y incarnons Henry, le fils d'un forgeron local qui n'aura de cesse de vouloir venger sa famille horriblement massacrée par les troupes d'un seigneur local.

Le jeu se voulant réaliste, tout est inspiré au maximum de faits réels. La première heure de jeu est l'occasion de découvrir un monde gigantesque et un univers moyenâgeux profond et soigné. Tournant sous Cry Engine, le jeu s'avère sublime au niveau de ses textures et de ses effets de lumière. Les décors regorgent de détails et le moindre élément à portée se révèle "techniquement" accessible. Chaque porte, chaque recoin peut être traversé si vous en avez la possibilité immédiate (une clé sur soi, un garde bienveillant, un outil de crochetage, etc).

La vie est présente partout, tout le temps, et de manière totalement crédible. La plupart des PNJ dorment vraiment la nuit, ce qui implique de prendre en compte les horaires. Tout comme la météo. Un jour d'orage peut être aussi intéressant stratégiquement que l'inverse. Tout dépend de vos objectifs et de la nécessité ou non d'avoir des témoins sur votre chemin.

Seule ombre au tableau, et qui peut surprendre, la qualité des animations qui n'est pas forcément au rendez-vous. Warhorse étant une petite équipe de développement, cette faiblesse est assumée. Ils ne peuvent malheureusement pas y faire grand chose, si ce n'est peaufiner au maximum avant la sortie en février. Mais pas de panique, Kingdom Come Deliverance a tout de même très bien évolué en ce sens depuis les derniers trailers et ce n'est clairement pas un frein pour l'immersion. On retient surtout que l'émerveillement est au rendez-vous et que le jeu jouit en plus de cela d'un jeu d'acteur excellent qui n'a rien à envier à certains AAA.

La bataille

Après cette heure de découverte, nous avons pu nous lancer épée au vent dans une bataille de grande ampleur impliquant plusieurs dizaines d'opposants (et ce n'est clairement pas la plus grosse rixe du jeu).

Le fameux système de combat qui est décrié par certains et applaudi par d'autres, reste quoi qu'on en dise très déroutant dans sa "difficulté" et sa mise en oeuvre. Au total on dispose de 8 positions différentes de combat avec notre arme et donc dans le même temps 8 postures pour effectuer une parade. Sans compter qu'il est possible d'alterner entre attaque de taille (de coupe) et d'estoc (avec la pointe) selon le type d'adversaire.

Un chevalier en armure complète sera très difficilement vaincu par une attaque de taille avec une épée, car le coup n'aura que peu de chance de traverser le métal. Au contraire une attaque avec la pointe dans les articulations ou au cou pourra avoir un effet dévastateur et pourra même être fatal en un seul mouvement. Inversement une masse d'arme pourra avoir un très bon effet même à travers une armure. Sachez enfin, comble du réalisme, qu'il est possible de choisir de fermer la "visière" de son casque pour profiter d'une protection accrue au visage. Sauf qu'évidemment votre vision en sera affectée et vous ne verrez plus qu'à travers la fente de votre bassinet ou de votre heaume. Chaque bataille nécessite des préparatifs, et avant l'assaut sur l'ennemi, il sera par exemple possible la veille d'infiltrer le camps et de mettre le feu aux armes de siège ou encore empoisonner l'eau de l'adversaire ! Tout un programme... La difficulté ne s'arrête pas là et l'arc ne possède aucun réticule de visée, tout se fait d'instinct et avec le temps on commence à être de plus en plus précis. Malgré le coté hardcore, ça reste très fun à jouer.

L'atmosphère

Mais Kingdom Come Deliverance ce n'est pas que des combats. La réflexion, des dialogues et un scénario intelligent sont aussi de mise. Lors de notre dernière heure de jeu, nous avons pu nous essayer à une mission au sein d'un monastère avec une ambiance très proche de celle du film Le Nom de la Rose.

Nous devions enquêter sur un criminel entré dans les ordres pour se soustraire à la justice. C'est là que l'on se rend compte de l'incroyable travail sur l'ambiance du jeu. Rien n'est laissé au hasard. Devant nous faire passer nous aussi pour un nouvel aspirant monastique, nous devions respecter les règles d'usage des lieux.

La vie y est en effet régie par un emploi du temps strict, si l'un des officiers principaux vous voit vous tourner les pouces dans un couloir ou au contraire entrer sans autorisations dans une pièce interdite, vous n'aurez d'autre choix que d'aller en cellule pour 24 heures. Que dire des détails visuels et sonores qui fourmillent, comme la présence de suie sur les murs à l'emplacement des torches ou du chant des moines résonnant dans le cloître. Du grand art, tout simplement.

ON L'ATTEND... PASSIONNÉMENT
On peut envisager Kingdom Come Deliverance comme l'un des RPG les plus profonds de ces dernières années, à la hauteur d'un titre AAA mais avec un budget bien moindre. Réaliste sur le fond et la forme sans être punitif et frustrant, voilà comment résumer le jeu à l'heure actuelle. Fourmillant de détails, le bébé de Warhorse est un pari osé mais semble posséder tout ce qu'il faut en lui pour devenir un must have. Grisant, tout simplement. Il ne reste plus qu'à attendre le 13 février 2018 pour se faire une idée définitive.