Fresque animée

D'emblée, encore une fois, ce remake balaye la crainte d'un simple ravalement de façade au rabais. Exit le défilement de texte sur fond noir assorti de quelques illustrations du temps jadis, Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia débute par des dessins animés absolument sublimes, au son d'une symphonie épique portée par des choeurs poignants. Et s'il faut apparemment se contenter des doublages en anglais dans cette version occidentale, les dialogues traduits dans la langue de Molière se révèlent largement plus fournis que par le passé. Une volonté d'enrichir le récit qui se manifeste dès le départ, avec l'ajout d'un prologue absent de la version d'origine. Cet émouvant rendez-vous entre les deux principaux protagonistes a pour théâtre une clairière verdoyante où l'on déambule assez librement, préambule aux lieux d'exploration qui constituent l'une des particularités de ce volet Gaiden.

Au coeur des batailles

Évidemment, ceux-ci ne sont plus présentés en 2D depuis un angle de vue aérien et désormais modélisés en trois dimensions, à l'image du premier village. Il est ainsi possible de parler aux habitants, d'observer le décor afin de glaner quelques informations ou des objets qui traînent. Toutefois ces promenades ressemblent à des visites guidées en raison de l'usage de plans quasiment fixes, de sorte qu'il faut aller dans les cavernes et autres donjons situés sur la carte pour véritablement s'immerger dans des environnements en 3D. Ces dédales comportent des éléments destructibles (susceptibles de renfermer de précieuses denrées), des trésors plus ou moins cachés, et surtout des ennemis, dorénavant visibles. Autrement dit, il n'y a plus de combats aléatoires. Selon la manière dont on les aborde, les hostilités commencent de façon plus ou moins avantageuse, mais se déroulent toujours sur une grille.

Des recettes d'antan...

La formule traditionnelle de la saga, en l'occurrence le RPG Tactique au tour par tour reste de mise, et ce pour l'ensemble des confrontations, résolument classiques. D'ailleurs l'absence du principe de force/faiblesse triangulaire des armes et l'unique objet transportable par chacune des unités rappellent l'ancienneté de cet épisode. Il dispose néanmoins de certaines singularités, tout d'abord l'inexistence des points de magie, le lancement des sorts puisant directement dans la réserve de santé. En outre, les troupes se fatiguent au fur et à mesure d'une expédition dans une zone spéciale, au point de voir leurs capacités dramatiquement baisser, et de devoir évacuer les lieux. Pour les revigorer, mieux vaut avoir de la nourriture en réserve, sinon une offrande à la déesse Mila s'impose, cette dernière servant aussi à changer de classe, dont le choix s'effectue suivant un procédé moins alambiqué qu'auparavant

.... Aux goûts du jour

Ce travail de rénovation se manifeste également par la distribution points d'expérience bonus à l'issue des affrontements, histoire d'éviter que certains soldats stagne. Dans la même logique, la mécanique d'affinités entre les personnages développées sur le champ de bataille s'ajoute à l'acquisition progressive d'aptitudes en fonction de l'arme utilisée. Enfin les deux niveaux de difficulté se divisent chacun en deux modes, l'un conservant la fameuse règle de la mort définitive tandis qu'avec l'autre les ouailles tombées au cours des assauts ressuscitent après la rixe (heureusement point de phénix ici). En somme, un compromis entre passé et modernité qu'illustrent les pouvoirs de l'horloge de Mila, notamment pour remonter le temps lors d'une joute ou revoir des conversations. Idem concernant l'intégration des amiboo synonymes de guerriers illusoires et de techniques, sans compter les futurs DLC, dont il nous tarde de connaître la teneur...

ON L'ATTEND... BEAUCOUP !
Sans l'ombre d'un doute, Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia témoigne d'un travail qui va bien au delà d'une simple restauration, qu'il s'agisse de l'ajout de séquences animées, de sa bande son symphonique ou d'un récit largement plus développé. Mais Intelligent Systems a également veillé à préserver les éléments distinctifs de l'opus Gaiden, ici transposés en trois dimensions et étoffés de principes modernes. Reste à voir si ce remake résiste à l'épreuve du temps, histoire de déterminer s'il mérite d'être enfin adoubé comme un épisode majeur de la saga.