C'et sur Mic.com que Jordan Belamire (un pseudonyme) a raconté son expérience. Chez son beau-frère à Redwood City, en compagnie de son mari, l'américaine s'est essayée au HTC Vive avec la démo d'un jeu d'action en vue subjective orienté zigouillage de monstres dans une forteresse enneigée intitulé QuiVR.

Tout avait bien commencé. Séduite par l'univers du jeu, immergée totalement, elle explique qu'elle n'avait plus envie de partir. Elle était conquise par cette réalité virtuelle. Jusqu'à ce qu'elle se lance dans une partie multijoueur où chaque usager est représenté de la même façon avec un casque, une main équipée d'un arc et une autre flottante et libre.

Elle explique qu'elle défendait sa position aux côtés d'un joueur répondant au pseudo BigBro442. Dès lors que sa voix a été reconnue comme féminine, la chasse aux morts-vivants s'est transformée en un autre type de cauchemar.

BigBro442 s'est d'abord approché d'elle pour la tâter virtuellement de sa main libre au niveau de la poitrine. La première réaction de la joueuse a été de protester d'un rire nerveux. Tentant de s'éloigner, elle a été poursuivie pendant plusieurs minutes par cet utilisateur qui n'a cessé d'effectuer des mouvements obscènes à portée de son buste et de l'emplacement de son entrejambe. Résultat, Jordan a fini par jeter le casque, traumatisée.

Acte virtuel, choc réel

Victime d'une agression sexuelle de ce type dans la réalité, Jordan a eu l'impression de revivre la même chose dans le virtuel. Elle s'est sentie violée. Et ceci, son époux et son beau-frère n'en ont pas été victimes lors de leur partie la même journée. Sur Twitter, suite à son billet, les réactions minimisant ce qu'elle avait subi l'ont poussé à se retirer temporairement du réseau social.

Ce n'est pas la première fois que des cas d'agressions sexistes online sont rapportés et avérés. Le fait que cela se déroule en réalité virtuelle, où l'on assimile son avatar comme une représentation de soi, peut avoir des effets dévastateurs. Et malheureusement, il y a peu voire pas de répercussions pour les auteurs de ces méfaits qui pourraient se multiplier. Et pas forcément en toute impunité si preuve il y a.

Vers des poursuites légales ?

Un encadrement juridique dépeint par Thierry Vallat, avocat au barreau de Paris, permet en effet de constater qu'une réponse judiciaire adaptée peut être trouvée à ces agissements. Aux Etats-Unis, l'International Infliction of Emotional Distress permet à une victime de poursuivre une personne responsable d'un état de détresse émotionnelle. En France, le fait de contraindre une personne par la violence, la menace ou la surprise à se livrer à des activités sexuelles avec un tiers est passible de 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende. Reste à voir si cela pourra s'appliquer au cadre "virtuel", même si en l'état, rien n'indique dans le code pénal actuel que cela ne pourrait être pris en considération.

Les auteurs du jeu ont depuis annoncé la création d'un pouvoir repoussant les éventuels agresseurs. Mais peut-être faudra-t-il à l'industrie se pencher sur la question avec plus de sérieux et de possibilités pour éviter ces situations. Et aux joueurs de prendre conscience que la réalité virtuelle n'autorise pas à pratiquer ce qui est punissable dans la vie réelle. Une fois de plus.

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