Dès que résonnent les trompettes du fameux thème d'ouverture de Dragon Quest composé voilà trois décennies par le vénérable Koichi Sugiyama, ce septième épisode nous transporte dans l'ambiance si particulière et tellement attachante de la saga. Il ne s'agit toutefois pas des musiques orchestrales du cru 3DS nippon, mais d'une simple bande son MIDI, autrement dit avec des instruments synthétiques au lieu de ceux du Tokyo Metropolitan Symphony Orchestra. Ce changement s'explique sans doute par la taille massive du script, la traduction en français ayant probablement nécessité davantage d'espace. Difficile de s'en plaindre, tant le travail de localisation semble une nouvelle fois soigné, afin de retranscrire fidèlement la narration tout en légèreté de la Quête des Vestiges du Monde. D'ailleurs cette version nomade ne se cantonne pas à un vulgaire portage, puisqu'elle donne véritablement l'impression de redécouvrir cet univers, y compris pour ceux qui s'y seraient déjà aventurés sur PlayStation, et pour cause(s).

Un nouveau monde ?

Les décors bénéficient de textures nettement plus fines, tandis que les traditionnels sprites ont laissé la place à des personnages polygonaux dont le style cel-shading ne trahit aucunement le design initial d'Akira Toriyama, bien au contraire. La mise en scène des séquences de dialogue gagne ainsi en dynamisme grâce aux mouvements de caméra, idem pour les combats, nos ouailles apparaissant désormais au premier plan. Les ennemis sont également visibles durant les déplacements sur la carte, dans le sillage des Sentinelles du Firmament, afin d'indiquer la nature de l'adversité et d'éviter éventuellement la confrontation lorsque l'environnement n'est pas trop confiné. A ce sujet, la topographie a été plus ou moins modifiée selon le lieu, ce qui sert non seulement à s'appuyer sur les variations de relief en 3D pour un surcroît d'immersion, mais aussi à dissimuler quelques coffres dans les recoins. Malgré un clipping persistant de la végétation, ce monde se montre par conséquent bien différent de celui de la version d'origine.

Défragmentation géographique

D'autant que le temple qui constitue son point névralgique s'avère totalement transformé. Son architecture jadis tentaculaire se résume dorénavant à quelques salles, les puzzles qui le jalonnaient étant carrément passés à la trappe. Il faut dire qu'après les deux bonnes heures de prologue sans la moindre joute, beaucoup s'étaient ensuite égarés dans ce dédale à l'époque, parfois définitivement. Voilà certainement pourquoi cette mouture 3DS se veut plus accessible, quitte à tomber dans un assistanat incarné par le nouvel énergumène reclus dans ces ruines. Un coup de pouce somme toute utile, à l'instar du formidable détecteur de fragments de tablettes, ces précieux morceaux de carte qu'il faut collecter pour reconstruire chacune des îles. Car si cette formule autorise un déroulement moins linéaire du périple, résolument ouvert sur l'exploration, elle entraîne en parallèle le risque non négligeable de se retrouver bloqué, sans trop savoir où aller pour continuer.

Tabler sur les tablettes

Ce stigmate relativement laborieux des jeux d'antan, Dragon Quest VII : la Quête des Vestiges du Monde tend donc à le gommer. En revanche, les énigmes au sein des donjons - l'un des fers de lance de cet opus - sont pour la plupart heureusement préservées, et débarrassées de rencontres hostiles susceptibles de troubler le cours des opérations. Mieux, des "tablettes de voyageur" viennent encore étoffer l'énorme liste des expéditions, sur le modèle des quêtes annexes téléchargeables de la neuvième itération. Obtenus par le biais du StreetPass (une fois son escouade de monstres consciencieusement formée), ces artefacts permettent d'accéder à des donjons supplémentaires, souvent bien pourvus en objets et en créatures rares. De quoi allonger l'étendue pourtant phénoménale de cette épopée, et s'y sentir un peu moins seul, faute de mode multi joueur cette fois. Gageons que cet aspect un tantinet convivial encouragera à investir la petite centaine d'heures requises pour arriver au bout (sans compter le solide programme après la conclusion), cette ampleur quasi intimidante se profilant toujours comme la pierre angulaire de ce Draque.

ON L'ATTEND... IMMENSÉMENT !
Telle la relique d'un passé lointain, Dragon Quest VII nécessitait à l'évidence un travail de restauration, aussi délicat que colossal, pour ne pas tomber en ruines. ArtePiazza a ainsi soigneusement veillé à le rénover, qu'il s'agisse de son aspect visuel ou d'éléments du gameplay, afin de le rendre plus accessible. Cet épisode peut ainsi demeurer un monument historique du RPG, mais reste à savoir si son modernisme n'efface pas trop la patine du temps, tout en invitant de nouveaux aventuriers dans cette Quête des Vestiges du Monde. Épilogue prévu à l'issue du test, le mois prochain...