Comme cela ne vous a sans doute pas échappé, StarFox Zero s'apprête à faire partie des quelques rares jeux Wii U à utiliser pleinement l'écran du GamePad pour créer un gameplay asymétrique. Celui-ci a toutefois l'originalité de pouvoir être joué à la fois seul ou à deux. Concrètement, il ne s'agit pas ici d'afficher le jeu sur l'écran de TV et de se contenter d'un menu, d'une map ou de quelques boutons supplémentaires sur l'écran tactile du GamePad... Non, ce dernier affiche pleinement le jeu, lui aussi, mais sous un autre angle, à savoir celui d'une vue cockpit permettant de viser avec précision grâce au gyroscope qui capte vos mouvements. L'écran de télévision, lui, affiche pour sa part la vue "pilotage" classique des jeux StarFox.

Séparer son cerveau en deux

Lorsqu'on joue seul, il faut ainsi sans cesse passer d'un écran à l'autre, ce qui est franchement peu naturel et assez compliqué au début. D'autant qu'un viseur apparaît sur la TV, ce qui nous pousse à ne jamais regarder le GamePad au départ, à l'ancienne... mais ledit viseur est tellement approximatif qu'on comprend vite qu'il faudra bien changer de point de vue, et donc faire passer son regard sur l'écran qui se trouve entre nos mains aussi souvent que possible, pour viser correctement. Honnêtement, on a l'impression au départ de littéralement devoir "séparer" son cerveau en deux, mais les niveaux avançant, on gagne en expérience et en dextérité, si bien qu'une belle marge de progression se fait sentir et que les dogfights finissent même par livrer de bonnes sensations.

Réalisation d'un autre temps

Au delà de cette jouabilité originale à deux écrans, l'autre élément majeur à aborder dans le cas de StarFox Zero, c'est évidemment sa réalisation... Impossible de vous le dire autrement : le jeu est techniquement ultra daté, si bien qu'on se croirait revenu une (ou deux) génération(s) en arrière ! Le premier niveau du jeu tente certes de faire un peu d'esbroufe en nous faisant survoler les jolis plans d'eau de la planète Corneria, tout en jouant sur la corde nostalgique des fans au passage, puisqu'il s'agit là d'un véritable hommage au même niveau dans la version N64 (la meilleure à mon humble avis), mais l'effet ne dure que très peu de temps. Vous constaterez en effet très vite la pauvreté des textures, des effets et même des modélisations (certains ennemis s'apparentent à des... triangles), et pourrez même crier au scandale lorsque vous irez faire les quelques missions qui se déroulent dans l'espace. Bref, si pour vous une réalisation "actuelle" est un minimum au cahier des charges 2016, soyez prévenus : vous risquez de déchanter sévère !

L'habit ne fait pas pas moine ?

Malgré tout cela, je dois avouer avoir passé un bon moment sur StarFox Zero pendant ces 3 ou 4 heures de jeu qui m'ont été accordées. Pourquoi ? Les médisants diront "par faiblesse", parce que j'adore vraiment cette série, et même s'il doit y avoir un peu de ça (c'est le cas dans beaucoup de jeux Nintendo, ne nous voilons pas la face), c'est surtout que la proposition de Nintendo et PlatinumGames, certainement forte du petit temps de développement supplémentaire qu'ils se sont accordés, est au final assez convaincante en termes de gameplay et de sensations.

Un fois qu'on s'habitue au gameplay à double écran, qu'on commence à prendre ses marques et à y voir plus clair, les quelques objectifs de missions offrent au final des séquences de jeu plutôt agréables et toujours variées. Il y a d'abord les missions classiques à bord de l'Arwing, qui peuvent avoir lieu sur une planète comme dans l'espace, qui offrent toujours alternativement des séquences avec un défilement imposé façon "Arcade" ou un défilement libre pour laisser s'épanouir de vrais dogfights et des combats de boss.

Sur Terre aussi

Mais il y a aussi pas mal d'autres réjouissances grâce aux autres véhicules comme le Tank "Landmaster", ou encore le petit "Gyrowing" (véhicule pouvant faire du sur-place comme un hélicoptère), qui apportent des gameplay vraiment distincts. D'autant que désormais chacun de ces véhicules propose deux modes, deux "transformations". Le Arwing classique peut ainsi se transformer en petit bipède pouvant planer quelques instants et pirater des dispositifs, le Landmaster peut quant à lui réaliser des petits sauts et même s'envoler, et enfin le Gyrowing peut envoyer à terre un petit robot qu'on contrôle via l'écran du GamePad pour le faire entrer par exemple dans des conduits étroits.

À ces quelques nouveautés s'ajoute une forme de classicisme à double tranchant. Car si d'un côté on retrouve avec plaisir tout ce qui fait d'un StarFox un StarFox, avec cette nette propension à vous faire retourner dans chaque niveau jusqu'à le maîtriser un maximum pour choper toutes les médailles, les meilleurs scores et découvrir les routes alternatives, d'un autre côté on ne retrouve rien de fondamentalement neuf au-delà de la jouabilité à deux écrans et du mode Coop' qu'elle autorise (un joueur pilote, l'autre tire). Mais on est peut-être encore loin d'avoir tout vu, qui sait. Une prise en mains plus longue nous permettra très bientôt de vous en dire encore plus et d'affiner notre jugement.

ON L'ATTEND... PLUS QU'ON NE L'AURAIT CRU
Ce nouveau StarFox, développé conjointement par Nintendo et PlatinumGames, souffre clairement d'une réalisation indigente pour un jeu de cette génération, à tel point qu'il aura certainement le pouvoir de rebuter d'office certains joueurs. Mais malgré cette laideur technique, il semble cacher un jeu plus au point qu'on ne l'imaginait, offrant une expérience satisfaisante bien que peu surprenante... Une sensation à confirmer ou non lors du test, très bientôt sur Gameblog !