Les séries franco japonaises du tout début des années 80 sont encore bien présentes dans les esprits, et pas seulement chez les trentenaires (voire quadragénaires) nostalgiques des mercredis passés devant Ulysse 31, l'Inspecteur Gadget et Les Mystérieuses Cités d'Or.

Certaines sont en effet rediffusées, d'autres relancées, preuve qu'elles restent dignes d'intérêt dans les paysage télévisuel contemporain. Malgré tout, il n'y a pas grand chose de vraiment de neuf à l'horizon des collaborations entre la France et le Japon. Excepté Astérion, un projet initié voilà deux ans par Maroin Eluasti, fondateur de Pollux Animation, qui dresse ce constat :

Le dessin animé est une industrie et une culture.

Il s'inscrit en effet dans la continuité des productions de cette époque, puisque de grands noms de l'animation nippone y participent, comme Shichiro Kobayashi (Panda Petit PandaLe Château de CagliostroLamu), Hiroshi Shimizu ( Porco RossoPrincesse Mononoke) ou Irie Yasuhiro (Escaflowne et l'anime de Fire Emblem). D'autres pourraient les rejoindre, parmi lesquels Michi Himeno (Saint SeiyaUlysse 31Lady Oscar), Hiroshi Ono (Kiki's Delivery ServiceUne Lettre à MomoLes Enfants Loups). Selon Maroin, leur implication était fondamentale :

J'aime beaucoup l'approche des scénarios et la mise en scène des Japonais. On ne retrouve cela nulle part ailleurs. On a de très bons animateurs en France mais les Japonais ont une manière de raconter les histoires qui passionne le monde entier. Ils possèdent un réel savoir faire qu'ils sont prêts à mixer pour créer de nouvelles choses.

Car Astérion ne s'appuie pas seulement sur cet héritage, il s'inspire aussi d'oeuvres d'aujourd'hui, y compris en provenance de l'univers vidéo ludique telles que Skies of ArcadiaZelda et Solatorobo. De quoi se demander si Astérion ne risque pas de manquer de personnalité, une crainte que son créateur balaye malicieusement :

Tous les créateurs s'inspirent d'autres artistes ou de choses qui les ont touchés. J'ai, pour ma part, grandi avec toutes ces références. Elles me nourrissent pour créer mon propre univers. Dans le teaser, j'avais fait beaucoup de clins d'oeil. La série ne sera pas traitée de la même manière. Le monde d'Astérion est très riche et beaucoup de choses vont en étonner plus d'un.

Et justement, une particularité d'Astérion réside dans sa facette interactive. Ainsi chaque épisode comportera plusieurs sections qui feront appel aux téléspectateurs, qu'il s'agisse de combattre les ennemis, résoudre des énigmes, trouver des objets, etc...

La portée de ces interventions se limitera à la fin de l'épisode, et de la saison. Néanmoins ces choix auront des conséquences sur l'éventuelle saison 2... si l'aventure se poursuit ! Voilà pourquoi Astérion passe par la case Kickstarter, un levier essentiel pour faire décoller Kaméo et son compères, tout en garantissant l'indépendance et la qualité de cette oeuvre.

Le contexte actuel est extrêmement compliqué. Les chaînes n'ont presque plus de financements et ne veulent plus prendre de risques. Elles misent davantage sur des produits de licence. Les banques sont frileuses car le concept est trop novateur. Il reste cependant le CNC ou d'autres qui donnent un coup de pouce à des projets innovants mais leur aide est insuffisante.

Si vous êtes sous le charme de cet univers, pas besoin de vous faire un dessin, sachant que Maroin sera dans les allées de Japan Expo ce vendredi 3 juillet, l'occasion de le rencontrer et de repartir avec un flyer dédicacé.