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Dehors le soleil commence à se coucher, il fait plutôt frisquet, et quelques flocons tombent timidement. Mais dès que l'on entre dans les locaux de l'Epitech, l'école de l'innovation et de l'expertise informatique qui héberge la manifestation depuis trois ans, la température monte brusquement, surchauffée par une armada d'ordinateurs dont les ventilateurs ont soufflé non-stop depuis plus de 48 heures.


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L'atmosphère n'en reste pas moins détendue, un mélange de fatigue et d'accomplissement à l'approche de la présentation des différents projets, la plupart étant prêts, ou presque. Il faut dire que la Global Game Jam n'est pas une compétition, comme le rappelle Thomas Altenburger, président de l'association COIN en charge de l'édition Nancéenne : "c'est juste pour le fun, et les participants jouent le jeu".

Se mélanger pour mieux partager

Pas question en effet de rivalité entre ces équipes formées souvent sur place, suivant les affinités de chacun, même si certains viennent là dans l'optique de revoir d'anciens compères. D'autres sont arrivés seuls, et c'est par le biais de petits jeux de rôles qu'ils ont trouvé leurs compagnons, à moins que les rapprochements ne se soient faits naturellement. Car "il s'agit avant tout de favoriser les rencontres, le mélange des cultures et le partage des connaissances" selon Thomas. Il n'y a pas besoin de compétence spécifique pour participer, même si la présence d'un graphiste et d'un développeur au sein de chaque team est encouragée, sinon requise.

Certains participants sont des professionnels, d'autres ne savent pas coder et utilisent des game makers. L'idée, c'est de montrer que la création de jeux est à la portée de tout le monde.

Une ouverture qui a permis à la Global Game Jam d'attirer davantage de candidats d'année en année, et que partage l'Epitech en ouvrant gracieusement ses portes à cette manifestation. D'après son directeur pédagogique, Jean-Baptiste Couval, un telle démarche s'inscrivait dans la philosophie de la formation, et tout particulièrement dans les séances de "Rush" auxquelles sont soumis les étudiants.

Évidemment cela donne de la visibilité à l'école, mais on soutient d'abord cette initiative parce qu'elle a du sens, un intérêt commun avec notre vocation qui consiste à donner le goût de l'innovation. Et la Global Game Jam offre également l'opportunité de côtoyer des personnes issues d'autres domaines, parfois assez éloignés de l'informatique.

L'esprit d'ouverture

Encore une preuve d'ouverture d'esprit... Justement il en fallait pour appréhender le thème de cette édition : "What do we do now ?" ("Que fait-on maintenant ?"). Cette question a suscité des réponses très diversifiées parmi les équipes, en témoigne le récapitulatif des projets présentés. A commencer par des intrigues dignes de thrillers, à l'image du jeu d'action multi joueur Guilty Beer (une sorte de Cluedo façon arcade) ou du suffocant jeu d'aventure Khwām klaw. Le puzzle builder Trauma UnBlocker s'intéresse davantage à la dimension psychologique, voire psychiatrique de cette interrogation à travers l'exploration du cerveau de malades mentaux. Ich glisse carrément vers l'expérience existentielle métaphysique, tandis que THEBALLBALL-PROJECT se consacre à l'errance à la première personne.

Suivant une approche paradoxalement plus terre à terre, (Just) High prend les choses au pied de la lettre, via un jeu d'aventure hallucinogène dont l'objectif se résume à se rendre à la Game Jam. Idem pour la démarche initiale de WadoWedo, même s'il prend la forme d'un jeu d'aventure textuel social connecté. Encore plus ambitieux, The Marvelous Island est un jeu sur mobile qui place les joueurs aux commandes d'une poule sur une île déserte, où chacun a la possibilité de choisir des actions pour faire avancer les choses, ou les bloquer.

Quant à Peni Stories et Dash & Popy Versus the Goblins, ils misent sur la coopération réfléchie ou belliqueuse face à l'adversité. Et la thématique a logiquement inspiré différentes visions de la fin du monde, qu'il s'agisse de survivre et d'évoluer après une catastrophe nucléaire dans le jeu de plateforme Renaissance, de faire subsister une tribu de paons dans Peacock And Other Nations, ou même de reconstruire librement l'univers dans Eden Life.

Pour le fun... et plus si affinités

Si ces concepts s'appuient pour la plupart sur des mécaniques déjà connues, leur variété souligne une fois de plus l'imagination débordante, pour ne pas dire délirante des "jammeurs". En outre ces oeuvres se distinguent par les processus créatifs singuliers adoptés pour s'adapter au format de la Global Game Jam, sans parler des interprétations philosophiques du thème. Bien entendu, les présentations ne se sont pas déroulées sans accrocs, loin s'en faut, mais toujours dans l'ambiance bon enfant et l'esprit de camaraderie qui caractérise l'évènement. Et au regard des grands sourires sur les visages des participants, au point d'en faire oublier les cernes, ce cru 2015 est encore un succès. Cependant qu'en restera-t-il dans quelques mois ? "Cela dépend de l'envie de chacun d'aller au bout du projet, et de la possibilité d'y parvenir " d'après Thomas.

Ce dernier ne cache pas qu'un seul titre a été véritablement publié depuis la première édition, Jump & Puke.En revanche plusieurs studios se sont ainsi formés, notamment Carbon Fire Studio qui lancera très prochainement Frenchy Bird sur l'eShop Wii U. D'ailleurs c'est également à l'occasion de Game Jams que Thomas a rencontré tous les collaborateurs de son jeune studio, FlyingOakGames, installé au TCRM Blida à Metz (où nous avions précédemment relaté l'inauguration de l'Expressive Game Lab). "Engendrer une dynamique autour de l'informatique au niveau local" et "réveiller les talents vidéo ludiques qui sommeillent dans la région du Grand Est", tels sont les buts respectifs de l'Epitech et de l'association COIN, ici réunis pour la bonne cause.

Compte tendu de l'enthousiasme généré par la Global Game Jam et de la sensibilité grandissante des élus pour le numérique, ces initiatives semblent sur la bonne voie pour aboutir.


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