Durant 3 heures, j'ai pu me plonger dans le prologue ainsi que dans une quête plus avancée - "Gambit Royal" accessible après 40 heures de jeu selon les développeurs. Suite à un tutoriel sous forme de flashback, que les mordus de l'oeuvre d'Andrzej Sapkowski devraient apprécier, qui permet de réapprendre les bases doucement, on plonge dans le grand bain. Un TRÈS grand bain.

1. Est-ce aussi beau qu'escompté ?

Je vous rassure tout de suite : le studio polonais et son REDengine ont tenu leurs promesses. Rien que la toute première séquence à Kaer Morhen, le bastion de l'école des sorceleurs de la bannière du Loup, donne envie de se frotter les yeux. Entre les visages terriblement détaillés et expressifs, la vue sur un massif montagneux de toute beauté et qui s'étend à perte de vue, les différents éclairages, c'est déjà le bonheur.

La suite, qui permet de croiser encore davantage de variations en termes de Personnages Non Joueurs, d'environnements, de faune et de flore s'avère tout aussi épatante. C'est très vivant, le cycle jour/nuit souligne encore davantage la finesse de l'ensemble, les monstres croisés et à occire ont bénéficié du même soin à tous les niveaux... Bref, hormis quelques rares éléments qui "poppent" parfois au loin et pas mal de bugs de collision - dans une version toujours en développement, rappelez-vous -, il n'y a rien qui m'a donner envie de hurler.

2. Les versions Xbox One et PS4 sont-elles au niveau du PC ?

J'ai pour ma part essayé la version PlayStation 4. Etant joueur de la série sur PC avant tout, j'ai d'abord fait la grimace à cette idée. Au final, je n'ai pas vraiment eu à me plaindre. C'est somptueux, quand bien même cette version non finalisée toussote encore un peu niveau framerate sur consoles. Bien qu'on nous promette peu de différences perceptibles entre les versions, hormis en termes de résolution, on peut facilement vérifier qu'un PC abritant la config recommandée ou mieux aura l'avantage. Il proposera sans aucun doute un rendu autrement plus efficace niveau textures, anticrénelage ou sur des éléments comme les cheveux ou la fourrure.

3. A quel point le monde ouvert proposé est-il grand ?

A un point parfaitement choquant. Imaginez la carte des royaumes du Nord de The Witcher II, comprenant l'archipel de Skellige, accessible en long, en large et en travers, balade sous-marines comprises. Si certains lieux pourraient bien être coupées du reste, l'ensemble, délimité en zones comprenant des dizaines de points d'intérêt, risque de se parcourir en un certain temps. Et d'émerveiller, j'insiste, par sa diversité. Et cela va de soi que des souterrains et autres planques non marquées seront de la partie.

4. Aucun chargement, quelle que soit la machine ?

Sur la version PS4, celui lance le jeu est assez longuet. Par la suite, si l'on n'a pas la bonne idée de mourir au combat, ce qui occasionne un loading agrémenté d'un résumé de la situation scénaristique, ou qu'on ne se téléporte pas, tout se passe bien. Sur PC, c'est beaucoup plus immédiat. Mais sur chaque bécane, on peut s'aventurer partout, grimper chaque colline, nager dans toutes les mers et lacs, accéder à des grottes lugubres et ouvrir chaque porte sans crainte d'un délai d'attente. On suppose que le défi sera relevé avec la version finale.

5. Quels moyens de transport ?

Tout faire à pieds et à la nage risque d'être un peu long. Geralt a la possibilité de chevaucher une jument, Ablette. Il est possible de l'appeler grâce une simple touche. Grâce à elle, les déplacements se montrent tout de suite plus énergiques. Il ne sera pas rare de l'employer pour des courses-poursuites et des combats montés - en plus de s'en servir pour stocker quelques biens. Peut-être sera-t-il possible d'utiliser d'autres moyens de transport, comme le bateau, mais nous n'en avons pas vu l'ombre. Enfin, pour les plus pressés, des panneaux aux carrefours importants laisseront la possibilité de se "téléporter".

6. Doit-on craindre un trop-plein de quêtes FedEx ?

Durant mon temps de jeu, j'ai pu accomplir quelques missions principales, pour retrouver la trace de la magicienne Yennefer de Vengerberg, et annexes, données par des PNJ ou affichées sur un panneau. En plus de traquer un griffon en compagnie du maître Vesemir, j'ai donc pu suivre la trace d'un pyromane, tenter de percer le secret d'un spectre de midi au lieu de simplement essayer de le détruire, aidé à guérir une jeune femme à l'aide d'une potion très dangereuse ou encore traqué un traître à Kaer Trolde, dans les îles de Skellige.

A chaque fois, une part d'enquête, en usant des sens du sorceleur pour illuminer des éléments important ou en passant par de nombreux dialogues - parfois avec des réponses en temps limité - aux conséquences que l'on n'imagine pas. Chaque décision pèse lourd dans la balance et peut faire de vous un froid salaud. Comme celle de ramener aux autorités un garçon un peu simple qui aurait commis un délit sous l'effet de l'alcool : mérite-t-il une pendaison immédiate ? S'il y aura à coup sûr des assignations plus basiques de simple recherche ou transmission d'objets, l'expérience des volets précédents laisse à penser que l'ensemble se révélera bien panaché. D'autant qu'on en promet des dizaines et des dizaines...

7. Niveau ambiance, mise en scène, histoire ?

Difficile de jauger en aussi peu de temps de la qualité du scénario. Mais les fans ne devraient pas être déçus de croiser Vesemir, le barde Jaskier, les incendiaires Yennefer et Triss, la surdouée Ciri, de savoir qu'un entretien avec un certain empereur ayant la voix de Charles "Tywin Lannister" Dance les attend et que la mémoire du héros devrait lui revenir... Au passage, le titre devrait permettre à ceux qui n'ont pas pu jouer aux deux premiers de prendre le train en marche sans trop de soucis et d'appliquer des décisions passées en cours de jeu - seules les PC pourront s'aider d'une sauvegarde antérieure.

Et reste à voir au niveau rythme, également. L'atmosphère générale reste en tout cas assez fantastique. Très sombre, avec ses villages qui puent la détresse et la saleté, ses personnages, amis comme ennemis, aux caractères rarement manichéens, le jeu bénéficie d'une bande-son admirable. Je parle aussi bien du jeu d'acteur (du moins en langue de Shakespeare), au service de dialogues assez bien ciselés, que des musiques qui accompagnent nos turpitudes. En gros : niveau immersion, ça fonctionne très bien.

8. Le système de combat est-il bon ?

Pour affronter ses ennemis, dont le niveau est fixe et indépendant de celui de Geralt, histoire de ne pas faciliter l'accès à toutes les zones immédiatement, celui qu'on appelle le Loup Blanc use toujours des mêmes capacités. A la frontière du jeu d'action, très dynamique, il s'est laissé jouer entièrement à la manette, y compris sur PC. On constate que les raccourcis pour accéder à certains objets sont bien implémentés et on file au coeur des bataille sans trop de soucis. Lame d'acier (pour les humains) ou d'argent (pour les monstres) sortie, les coups rapides ou forts s'enchaînent bien, les parades, contres et esquives aussi, lorsque l'on respecte le timing.

Le choix des signes magiques, régis par une jauge, des bombes ou de la très nouvelle arbalète s'opère par un menu assez clair qui gèle légèrement le temps de l'action. Comme toujours, il vaudra mieux préparer ses affrontements au préalable, en se renseignant sur les faiblesses adverses face à certaines potions ou en regagnant sa vitalité en méditant le temps désiré. Le verrouillage est permis. Son application pouvait, dans notre version, poser quelques soucis de fiabilité face à un boss effectuant des allers-retours. Sans, cela fonctionnait assez bien, en orientant correctement le stick gauche sur la cible souhaitée, même si la caméra pourrait mériter quelques réglages.

9. L'interface est-elle fonctionnelle ?

Nous n'avons pas pu essayé à la souris et au clavier, bizarrement. Donc pas de retour, là-dessus. A la manette, la prise en mains a été bien pensée, le tout se montre assez intuitif, avec un bon placement des tâches et des raccourcis au D-pad bienvenus. Le menu qui donne accès à la carte du monde, au journal des quêtes, aux fiches de personnages et de créatures, à l'inventaire, l'équipement ou encore les arbres de compétences (qui permettent d'améliorer combat, signes, alchimie, aptitudes martiales et mutagènes) est sobre et efficace. Voilà qui devrait faciliter l'alchimie et l'artisanat (on confie les composants, en nombre, à un forgeron). Seulement, comme pour le second volet, il manque une fonctionnalité essentielle : pas de comparatif automatique entre les armes et pièces d'armures équipées et celles que l'on inspecte ! Il reste près de trois mois, ne perdons pas espoir.

10. Quels divertissements pour Geralt ?

Vous le savez, les premiers The Witcher proposaient quelques à-côtés pour se faire encore davantage d'argent, prouver sa valeur ou simplement se changer les idées. Pour l'instant, nous savons que l'on retrouvera un jeu de cartes, le Gwynt, qui risque de faire la part belle à la réflexion et à la "collectionnite aiguë", et les duels à mains nues. Pas de QTE aux effets un peu répétitifs pour cette fois, mais quelque chose de plus proche de ce que proposait le premier chapitre, avec plus de nervosité. Et les dés, les bras de fer, les courses, les beuveries, la séduction ? On doute que CD Projekt RED puisse les oublier. Mais il faudra patienter pour s'en assurer.

On l'attend... PASSIONNÉMENT

Comment ne pas interrompre la session sans une larme ? Bien que toujours en phase de polish, The Wild Hunt ne donnait pas envie qu'on l'abandonne, loin de là. A tous les niveaux, peu importe la machine, on sentait le titre outrageusement bien conçu. Gigantesque, ravissant, avec une ambiance assez unique, il a l'air assez solide pour surpasser son prédécesseur, qui avait su élever les attentes en matière de RPG. Reste à voir si le contenu (plus massif que Dragon Age : Inquisition ?) saura se montrer varié tout du long et si les rixes et la courbe de progression, souvent pointées du doigt dans Assassins of Kings, suivront. On prend les paris ?

PS : Restez connecté(e)s car nos impressions vidéo arrivent d'ici peu.