Après Vanguard, LSdAO va être le second MMO de 2007 à tenter de se faire une place au soleil sur votre PC. Après quelques dizaines d'heures dans la peau de divers avatars sur la bêta et après avoir assisté à une présentation de Jeff Anderson (le big boss de Turbine, qui développe ce titre), il est évident que LSdAO n'est pas là pour faire de la figuration. Gimli, Legolas et compagnie veulent une grosse part du gâteau des MMO et Turbine, allié à Codemasters Online, ne lésine pas pour tenter de s'imposer. Le buzz commence à faire son effet et déjà plus de 550.000 personnes se sont inscrites pour rentrer dans la bêta. Je précise tout de suite que la VF actuelle est encore en grands travaux, avec des erreurs, des oublis, du texte qui ne tient pas dans les cases, etc. C'est aussi ça, le bonheur de jouer avec un produit pas terminé. Mais même si la VF risque de passer à la trappe chez moi assez rapidement, Codemasters sait très bien que des versions localisées sont indispensables pour s'imposer en Europe. Vous êtes tous nuls en anglais, ça commence à se savoir... Ceci étant dit, commençons le tour du propriétaire par la liste des classes. On retrouve les grands classiques des MMO, mais avec des dénominations assez peu explicites : Champion, Ménestrel, Gardien, Cambrioleur, Maitre du Savoir, Chasseur et Capitaine sont ainsi au menu.

Et qui fait quoi ?

Premier problème : identifier le rôle des classes. C'est directement expliqué sur l'écran de sélection pour éviter toute confusion. Quoique vu la VF, vous me pardonnerez les inexactitudes... La même liste en décodée donne un truc du genre : Champion (dégâts, y compris de zone), Ménestrel (soigneur), Gardien (tank), Cambrioleur (affaiblit les mobs, augmente les dégâts du groupe), Maitre du Savoir (dégâts, contrôle des mobs), Chasseur (dégâts) et Capitaine (buffeur). Dans les faits, ça donne assez peu de classes de soins, même avec l'aide du Capitaine qui fait des bisous sur les bobos après un kill. Ça va être pratique pour faire des groupes équilibrés tout ça... Notez que vous aurez des surprises au fil des niveaux : le voleur cambrioleur peut aussi se soigner un brin à partir du level 10, en retirant un buff d'une cible. La blague, c'est que les Ménestrels sont en fait les plus puissants pour le moment. Tu parles de soigneurs ! Concernant ces noms de classe, le but avoué était surtout de s'inspirer de l'oeuvre originale pour les définir. Une bonne intention qui risque d'en perturber plus d'un...
Côté races, quatre classiques : hommes, hobbits, elfes et nains. Seuls les nains n'ont pas le droit de choisir d'être des femmes. Ils doivent se reproduire en mangeant des cailloux... Effectivement, les puristes se souviendront que les femmes naines brillent par leur absence dans les écrits de Tolkien. Mais respecter ce point alors que la magie coule à flot dans le MMO (contrairement aux livres où les mages sont plus que rares) me parait plutôt lié à une facilité : ça fait toujours ça de moins à faire. Dernière liberté prise par Turbine : pas de points de vie ni de mana. À la place, vous aurez des points de Moral et de Puissance. C'est exactement la même chose, à une différence près : officiellement, on ne meurt pas dans ce jeu. On bat en retraite (sans véritable pénalité) quand le moral tombe dans les chaussettes ! Ça évite d'avoir à ressusciter trop de gens dans un monde où ce n'est pas censé être possible. Le reste de la création du personnage est des plus classiques, avec un choix restreint d'éléments cosmétiques qui permet tout de même de pondre un nain, clone de Mister T.

En route pour l'aventure !

Une fois le personnage défini, l'arrivée dans le jeu se fait par le biais d'une séquence scriptée. Selon la race, elle diffère, et les nains auront ainsi le plaisir de croiser Gandalf au bout de 5 minutes de jeu. Cette excellente mise en bouche est une manière comme une autre de vous faire rentrer dans le crâne que ayé, vous êtes dans les Terres du Milieu. Il faut effectivement insister tant les ressemblances avec les produits du genre sont grandes. Impossible de ne pas penser à WoW en regardant l'interface, et du reste Jeff Anderson ne s'en cache pas : l'équipe de développement a passé une grande partie de son temps à analyser les bonnes idées de World of Warcraft pour les implémenter dans ce jeu. C'est de bonne guerre après tout. Tout est donc très (trop ?) proche de WoW, à la différence que les personnages donneurs de quêtes ont des anneaux au dessus de la tête. On innove comme on peut ! Cela dit, on parle de WoW, mais la plupart des MMO "occidentaux" utilisent maintenant le même genre d'interface ainsi qu'un déplacement au clavier à base de ZQSD (en VF). Bref, pas la peine de pinailler, surtout que les jeux qui ont tenté d'innover ont généralement été boudés par un public qui n'aime pas qu'on change ses petites habitudes. Mais tout ça reste perfectible. L'interface est peu lisible en haute résolution (aucune mise à l'échelle n'est disponible) et on voit mal les sorts en cooldown pendant les combats, ou ceux qui doivent être déclenchés avec un timing précis (après un coup critique par exemple). Et pas question d'utiliser des addons pour améliorer tout ça, il n'est pas prévu de permettre autre chose que des skins pour relooker l'interface. J'ai cela dit noté avec plaisir que les mods classiques de WoW sont directement intégrés dans LSdAO. Il est ainsi possible d'inspecter un autre avatar facilement ou de comparer un objet à celui équipé automatiquement.

Plein les mirettes

La bonne surprise de LSdAO vient de ses graphismes. Impossible de ne pas s'extasier devant les paysages, surtout quand en plus ils viennent titiller la corde de la nostalgie. Passer prendre ses quêtes à Bree, ça fait quand même plaisir à tout fan de la trilogie. Certes, c'est assez inconstant, avec des zones carrément vides ou sans intérêt et un manque de petites animations pour donner plus de vie à tout ça. Mais certains coins sont réellement bluffants. Et non seulement c'est beau, mais cela ne nécessite pas forcément un PC de guerre pour en profiter, en tout cas si on sait rester raisonnable. Une fois passée la bonne impression, on se concentre sur le personnage, et là, le tableau est moins rose, même si ça reste largement subjectif : la plupart des avatars sont dénués de charme et leur animation laisse souvent à désirer. Pieds qui flottent au dessus du sol, mouvements pas du tout réussis, course des humaines qui ne ressemble à rien, attaques molles, peu variées et sans panache pour pratiquement tout le monde... LSdAO déçoit sur ce point. On est loin des coups puissants d'un Lineage II ou des combats dynamiques d'un WoW. Le gameplay ultraformaté (chasse aux points d'XP, quêtes, exploration) n'est pas un handicap, vu que personne n'a trouvé d'alternative, mais les sensations, ou plutôt l'absence de sensations, risque de faire mourir d'ennui un paquet d'amateurs de MMO habitués à plus "nerveux" et surtout à plus réussi. Même Vanguard et EQ2 font plus sexy sur ce point. Ça ne tient pas à grand-chose, car les skills sont bien pensées, mais les bruitages sont tout simplement insignifiants et ça manque sérieusement d'effets graphiques pour impliquer et guider le joueur.

Du vrac et des chiffres

1.500 quêtes, 50.000 km² de terrain, 100 régions, 400 points d'intérêt, 2.000 persos non-joueur, 3.000 monstres différents (animaux classique et mobs "tolkienesques"), 50 levels à grinder, 400 skills disponibles au total, 10.000 objets... Turbine n'a clairement pas regardé les mouches voler en développant son jeu. Et pas seulement sur la quantité. Les fonctions qui facilitent la vie des joueurs sont aussi de la partie. En vrac, citons un système de communication vocale directement intégré dans le jeu (à la Teamspeak / Ventrilo), la présence de boîtes aux lettres, d'hôtel des ventes, de banques, la recherche de groupes et la possibilité d'avoir une famille (vous pouvez désigner un autre joueur comme votre fils, être le frère d'un autre, etc.) histoire de resserrer des liens sans être forcément dans le même clan (Kinship en VO). D'autres classiques de World of Warcraft sont aussi présents, comme le parchemin qui vous ramène dans un village choisi (avec un cooldown d'une heure...) ou les chevaux pour se déplacer rapidement d'un point à un autre, en attendant d'avoir le sien, au level 40 (re-coïncidence ?). Dans les vraies nouveautés, on trouve un système de musique innovant, où les aventuriers qui disposent d'instruments et des compétences requises peuvent jouer des mélodies en temps réel, directement sur leur clavier. Arriver à ça nécessite déjà pas mal de dextérité ! Autre ajout, les titres : en fonction de vos prouesses, 400 qualificatifs sont ainsi à associer à votre nom. Ca va du très classique "Bidule du Rohan" au plus marrant "Bidule le prudent" quand on a passé plusieurs niveaux sans mourir. Amusant, et c'est une façon de personnaliser facilement son héros. En revanche, ne comptez pas vous la raconter en faisant visiter votre maison, il n'y en a pas de prévue dans LSdAO pour le moment. Différence bienvenue avec WoW : le journal des quêtes peut contenir 40 missions, ça évite de bêtement en abandonner certaines pour faire de la place.

Tuez-les tous !

Évidemment, impossible de voir ce que va donner le gameplay à haut niveau en si peu de temps et ce que sont censés faire les joueurs level 50 reste un peu obscur. En revanche, on sait déjà qu'en l'absence de guerres Royaume contre Royaume (vu que tout le monde joue les gentils), une bonne partie de l'excédent de testostérone passera par les duels et le Monster Play. Cette sorte de battleground accessible dès le level 10 permet d'incarner un monstre (orc, araignée, etc.) dans une instance où l'on va manger du gentil hobbit saupoudré d'elfe en morceaux. La créature choisie est dotée de skills particulières, va prendre des niveaux, doit effectuer des quêtes et commence (en tout cas dans la bêta) directement au level 50. De quoi varier les plaisirs donc. Je passe pudiquement sur le crafting, entièrement orienté guilde, qui semble prometteur mais ardu, vu que je n'ai pas du tout eu le temps de l'essayer. On en reparlera dans un prochain article. Sachez cela dit qu'il sera possible de changer les couleurs de vos pièces d'armure, histoire de ne pas se cogner un look de clown comme dans certains MMO très populaires...

Entre rires et pleurs

Dire que j'ai un sentiment mitigé concernant ce produit serait un euphémisme. J'oscille entre l'enthousiasme devant un MMORPG déjà très solide techniquement (certainement un des MMO les plus fignolés que j'ai vu en bêta) et la déprime en ce qui concerne le gameplay, bien trop mou et qui n'aide pas à une immersion déjà laborieuse. Codemasters et Turbine ont encore beaucoup de pain sur la planche pour insuffler à ce LSdAO le charisme nécessaire pour scotcher les masses devant leurs écrans. Pour un titre basé sur une licence aussi forte que Le Seigneur des Anneaux, ce jeu manque vraiment de personnalité, de panache. Le potentiel est pourtant là, et il serait vraiment navrant de voir ce produit finir dans la case des "autres MMO". Faites-nous rêver monsieur Turbine, des centaines de milliers de joueurs seraient prêts à quitter Azeroth, à condition qu'on rallume leur flamme d'envie de découvertes. Il faudra au moins ça pour motiver les fans à lâcher 150 euros d'un coup pour bénéficier d'un abonnement à vie (13 euros par mois pour les gens normaux) !