Au mieux ignoré, au pire méprisé, le jeu vidéo a longtemps souffert, et souffre toujours, d'une image négative dans notre société. Et qui dit société, dit politique. A la différence des pays tels que les États-Unis et le Canada, la France n'a pas su soutenir comme il le devrait l'industrie du jeu vidéo français, entrainant ainsi un grand nombre de fuites de talents vers des pays étrangers, plus enclins à accueillir la créativité française ludo-numérique.

Bien décidés à faire bouger les lignes, deux sénateurs, André Gattolin et Bruno Retailleau, ont remis un rapport au Sénat visant à créer une nouvelle dynamique pour les productions française. L'une des propositions émises consiste à créer une "plateforme nationale", un Steam à la française, mettant en valeur les jeux "Made in France".

Voici ce qu'on peut lire dans le rapport concernant cette mesure.

Afin de rendre l'offre de produits français plus visible, il pourrait être opportun de mettre en place une plateforme nationale, appuyée par les pouvoirs publics et ouverte à tous les jeux produits sur le territoire pour tous les types de publics. Cette plateforme, véritable outil de soutien au développement de la production française, aurait pour objectif à la fois de faire connaître et de distribuer les jeux mais surtout d'assurer aux consommateurs la qualité de la production proposée grâce à une sélection exigeante et originale.

Plutôt que de ne « pousser » que des « hits AAA », dont les éditeurs n'ont généralement pas de difficultés à assurer la visibilité, seraient mis en avant des jeux originaux, diversifiés et innovants, donnant ainsi une véritable chance à leurs concepteurs et diffuseurs.

La plateforme accueillerait les jeux fabriqués sur notre territoire, ce qui impliquerait d'ailleurs une réflexion sur le « made in France » que l'on souhaiterait soutenir en la matière. Les jeux devraient être accessibles aux joueurs de tous pays, dans leurs langues d'origine, afin de promouvoir le savoir-faire français.

La plateforme serait aussi ouverte que possible : aux studios indépendants et aux concepteurs de jeux dépourvus d'éditeurs, en priorité, même si les jeux d'éditeurs -y compris des plus importants- seraient également accueillis. Elle s'apparenterait donc à un système hybride tel que Steam aux États-Unis, mais sans obstacles à l'entrée. L'avantage de proposer un tel système de vente directement accessible consisterait à disposer d'un contenu original et de qualité et de mettre en avant « l'exception culturelle » française.

Cette proposition fait partie des 10 mesures recommandées par ce rapport, les voici :

  1. Créer une plateforme de distribution en ligne française de jeux vidéo.
  2. Mettre en place un fonds d'octroi de prêts participatifs géré par l'IFCIC et financé par la BPI.
  3. Instaurer un système de guichet unique pour le dépôt par les entreprises de demandes de soutien.
  4. Relever le plafond des financements accordés au titre du FAJV et clarifier la place accordée au critère de violence dans leur octroi.
  5. Assouplir le seuil minimum d'allocation du CIJV, revoir ses critères d'octroi - notamment culturels - à l'aune de la diversité de la production française, reconsidérer la question de son allocation aux jeux classés « PEGI 18 », simplifier ses procédures et allonger son éligibilité dans le temps.
  6. Préciser la nature des dépenses ouvrant droit au CIR pour le secteur du jeu vidéo et élargir son assiette.
  7. Étendre le dispositif de la JEI à de nouvelles activités d'innovation et relever son plafonnement.
  8. Instaurer une taxe d'un taux très réduit sur les ventes de jeux vidéo neufs afin d'alimenter un fonds soutenant la production française.
  9. Enrichir l'offre de formation à la création et à la gestion d'entreprises dans le secteur du jeu vidéo.
  10. Promouvoir, notamment par le biais des collectivités territoriales, le rapprochement entre les écoles de formation aux jeux vidéo et les pépinières d'entreprises dans une approche territorialisée.

Ces différentes propositions seront prochainement examinées, débattues pour être, peut-être, enfin adoptées. On peut se féliciter que l'ensemble de ces mesures comportent certaines bonnes idées afin de re-dynamiser l'industrie française, comme les fonds d'octroi ou l'enrichissement des offre de formation.

Le débat du jeu vidéo en France mérite d'être ouvert. Le France possède un grand savoir-faire dans le domaine, il serait en effet enfin temps de le promouvoir et de l'encourager.

Si vous le désirez, vous pouvez lire ledit rapport dans son intégralité à cette adresse (PDF).