On l'avait compris, ne serait-ce que par le lancement d'Origin (la boutique en ligne à la Steam d'EA) ou encore le soutien prompt et fort d'EA à un Microsoft pré-virage à 180° sur la Xbox One : Electronic Arts n'en est plus au stade de l'expérimental en matière de distribution dématérialisée de ses produits. C'est en des termes particulièrement forts que Gibeau s'est exprimé à ce sujet :

Ce n'est pas une expérimentation. C'est un engagement total. On avance sans se retourner. Environ 76% de nos revenus ce trimestre proviennent du dématérialisé, et non du disque. On y va au pas de course. Les fonctionnalités dématérialisées des consoles nouvelle génération sont extrêmement puissantes. Le business va vers le numérique. Mobile. Asie. Une part significative du business est en Asie. Est-ce que ça veut dire que la distribution traditionnelle va disparaître ? Non. Mais ce n'est pas une expérimentation. C'est notre crédo.

Après les premiers pas dans le domaine initiés sous la direction de John Riccitiello, ancien PDG de l'éditeur qui l'a quitté en mars dernier, l'américain est donc à présent tout à fait résolu à concentrer ses efforts sur cette partie du marché, même si Gibeau reconnaît que l'absence de sorties triple AAA chez EA sur ce dernier trimestre minimise la signification de ce chiffre des 76% de revenus. Il souligne en revanche que le plus gros partenaire de distribution d'EA était... Apple.

Ca n'est jamais arrivé auparavant. John Riccitiello nous a lancé sur ce terrain, mais nous l'embrassons, nous le soutenons, et nous allons l'emmener vers de nouveaux sommets.

Une part de plus en plus importante des revenus d'EA provient en effet du marché mobile. Une stratégie qu'on pourrait résumer par "aller là où le consommateur se trouve", et dont Gibeau se félicite.

Nous voyons [à présent] des niveaux de revenus financiers similaires à ceux de la console sur ces projets. Nous voyons des audiences qui sont largement plus importantes. Nos équipes créatives sont attirées par la conception de jeux à destination des supports mobiles. L'écran tactile, la technologie - la technologie de la prochaine génération de tablettes sera proche de la console en termes de performances graphiques. (...) Nous étions un secteur de 20 milliards de dollars en 2004 ou 2005. A présent, on touche aux 60 milliards. Une large part de cette croissance vient de l'ouverture de l'Asie, mais aussi de l'ouverture d'un mobile à la hauteur en tant que plateforme de jeu.

Pour EA, le mobile est aussi le support parfait pour les développeurs indie, dont il salue la créativité, mais ne signifie pas non plus la fin des consoles : les deux marchés continueront à co-exister, explique-t-il, et les deux connaîtront des croissances parallèles.

Le reste de l'interview, très intéressante, vaut la peine d'être lu également sur VentureBeat (malheureusement en anglais pour les anglophobes).