Les jeux vidéo occidentaux ont pour habitude de nous mettre dans la peau de soldats étasuniens et de nous faire trucider des "ennemis du monde libre" un peu partout dans le monde. Vous l'avez peut-être déjà vu passer dans l'actualité de ces derniers jours : un jeu intitulé Mali Musulman qui invite le joueur à "éradiquer la France" en mettant en scène un combat aérien opposant les forces françaises à l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique). L'invitation faite par le jeu est claire :

Frère Musulman, vas-y et repousse l'invasion française contre le Mali musulman.

Le jeu se présente sous la forme d'un Space Invaders-like : des avions de l'armée française apparaissent en haut de l'écran, le joueur dispose de dix vies ainsi que d'une attaque "spéciale" et doit éliminer le plus de d'avions ennemis possible. En cas de game over, le soft vous congratule :

Félicitations, vous êtes devenu un martyr.

Que ce soit dans des séries comme Call of Duty, Medal of Honor ou Battlefield, des licences emblématiques du "jeu de guerre", le joueur incarne souvent un soldat dont les allégeances vont vers des corps d'armée occidentaux, souvent américains, qui est envoyé dans les quatre coins du monde pour éradiquer du terroriste, fut-il russe, extrémiste islamiste, ou autre. À n'en pas douter, on pourrait s'intéresser aux idéologies que ceux-ci véhiculent, mais la plupart prennent au moins le soin de choisir des antagonistes fictifs agissant même souvent en dehors de l'autorité des gouvernements et des nations, et suivant des scénarios éloignés de conflits réels (à l'exception partielle du très critiquable Medal of Honor). Ils ne sont pas créés directement par des entités politiques ou religieuses (mais parfois militaires, ce qui est tout comme, dans le cas du tristement célèbre America's Army), et, pour les plus valables d'entre eux, s'interrogent même sur le bien fondé d'interventions militaires.

Bien évidemment, le jeu lui-même est tout au plus primitif ; sa réalisation comme son game design ne valent en eux-mêmes pas grand chose. Il n'en illustre pas moins la capacité qu'a le jeu vidéo, comme tout autre média, à véhiculer des idéologies qui dépendent de ceux qui les conçoivent.

Une tentative de jeu vidéo plus ou moins documentaire sur la guerre en Irak avait été annoncée, le fameux Six Days in Fallujah, puis annulé par son éditeur Konami en avril 2009, tant ce dernier avait suscité la polémique.

Image france24.com

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