Londres, dans un futur proche. Les zombies ont envahi les rues. Le chaos règne. Trouver un survivant dans ce foutoir relève de la gageure. Et pourtant, vous êtes là. Faisant les poches de quelques cadavres pour subsister, vous croyez votre dernière heure venue lorsqu'une alarme attire l'attention de tous les crève-la-dalle du coin. Une voix, masculine, vous appelle. Ami ou ennemi, pas le temps de réfléchir : il vous conjure de rentrer dans un bâtiment et de rejoindre une planque non loin de là. Vous échappez à vos poursuivants au pas de course, enjambant ce qui peut l'être, empruntant des conduits étroits. Enfin, un endroit au calme. La voix est amicale. Elle contrôle des caméras de surveillance piratées dans la capitale britannique. Vous allez l'aider, elle vous guidera. Voilà le point de départ de votre nouvelle vie. Ou, peut-être, de VOS nouvelle vies.

La mort vous va si bien

Avant de débuter la campagne solo, vous devez faire des choix. Outre la difficulté générale, il faut définir le mode de survie. Soit chaque décès se voit sanctionné d'un retour à la planque dans la peau d'un nouveau survivant inexpérimenté, qui pourra toujours tenter de looter le matos du dernier avatar, soit la mort est définitive. Tout de suite, ce n'est pas la même ambiance. Bien m'en a pris de ne pas jouer au playboy des fonds marins, genre qui fait rêver les ménagères, dès la première tentative. Parce que j'ai du caner une bonne dizaine de fois. Par ma faute, bien entendu. Les zombies sont peut-être moins vifs que ceux de Left 4 Dead ou Day Z (quoique certains spécimens se démarquent), mais ils ont clairement l'avantage. Un peu comme les auvergnats, quand il y en a un, on flippe, mais ça va, on peut faire face. Au-delà, en revanche, comme on incarne un(e) simple civil(e), ça devient vite tendu. Parce qu'ils ne font pas que vous mettre des patates diminuant substantiellement une jauge de vie qu'on a du mal à remplir avec le peu d'aliments trouvés de-ci de-là. Ces charognards putréfiés cherchent à vous croquer pour diffuser le virus. Une fois étreint(e), et cela arrive sans problème si vous coordonnez mal vos mouvements et omettez de vous tenir à une distance raisonnable, c'est la mort assurée. Sèche et sans appel. Avec rappel humiliant de votre (faible) temps de résistance. Alors la prudence reste de mise. La patience également : la boîte crânienne - seul point faible - ne finissant pas en purée facilement.

Progression lente et douloureuse

Le combat contre un zombie, c'est d'abord des coups de batte de cricket à répétition. Forcément, sans entraînement militaire, le geste apparaît lent, désordonné et peu efficace. Il faut insister, tout en prenant soin de rester mobile. Face à un seul bestiau isolé, rien de mieux : efficace, notamment face à des modèles parfois équipés de casque et délicieusement silencieux. Le flingue ? Un peu plus de puissance mais du bruit et des munitions qu'il faut recharger fréquemment, pour peu qu'on en ait suffisamment. Le fusil à pompe ? Même problématique, avec un temps de rechargement encore plus énervant. Reste à voir l'arbalète, que je n'ai pas réussi à dénicher... On trouve aussi des mines ou des cocktails Molotov. On les réservera pour les groupes. Sans se louper à la visée. Affronter plusieurs zombies relève de l'héroïsme. De la bêtise aussi. Les chances de s'en sortir sont si minces qu'il demeure préférable de prendre ses jambes à son cou, trouver une porte et la barricader avec les planches et le marteau qui attendaient bien au chaud dans le sac à dos. Voilà qui, sans nul doute, prouve la réussite du titre dans sa dimension survival horror. On apprécie de se sentir démuni, de devoir détaler urgemment dès lors que les développeurs nous ont placé face à une meute en manque de chair fraîche. Le coeur bat à cent à l'heure, le cerveau se débat pour trouver la solution la plus sûre. On vit le truc. A fond. L'ambiance et quelques éléments de gameplay ingénieux ne sont pas étrangers à ce sentiment d'oppression permanente.

Tension sur deux écrans

La tension est palpable à chaque instant. Tous les lieux traversés, des rues abandonnées aux entrailles du palais de Buckingham, demandent de garder ses sens en éveil. Un endroit peu éclairé ? Il faut progresser à tâtons en priant que sa lampe-torche n'attire pas une goule. Des macchabées jonchent le sol ? Qui sait s'ils ne se relèveront pas... La réalisation, très propre, si l'on peut dire, et la partie sonore, tout aussi aboutie, permettent de dire qu'il ne faudra pas jouer à ZombiU seul dans la pénombre si l'on est trop émotif. La façon dont la tablette a été employée en rajoute une couche. Autant elle vous donnera accès au plan du coin, à votre inventaire ou encore un radar fort utile sans avoir à charger votre écran de télévision, autant son utilisation en temps réel, sans pause, devient une autre source de stress. Fouiller un corps ou une valise et manipuler votre équipement, scanner les lieux pour marquer les objets importants ou interagir avec certains éléments du décor (entrer un code, virer les barricades d'une porte) peut s'avérer le moment idéal pour vous envoyer un rôdeur dans le dos. C'est moche, ça rend parano, on louche sur les deux écrans à la fois. Et c'est exactement ce qu'on attendait : un climat propice à un épuisement nerveux. Pour ça, Ubi mérite un cigare.

Je ne vais pas vous cacher que j'ai beaucoup pesté durant ma session. Pas à l'encontre jeu, dont le parti pris lent et un poil rigide s'avère d'une cohérence redoutable. Je m'énervais seul parce que j'avais oublié ce qu'était la survie. En quelque sorte, j'en veux terriblement à l'industrie de n'avoir pas proposé des expériences de ce type, impliquant observation, patience et retraite désespérée, depuis longtemps. Bien sûr, je trouve certaines choses à redire, en particulier sur le manque de souplesse dans le corps à corps et l'utilisation fréquente d'un simple button mashing tactile pour résoudre certaines situations. Reste que, dans l'ensemble, ça tabasse. Et, même sans avoir encore pu essayer le multi, je suis déjà convaincu que ZombiU va s'imposer comme un incontournable de la fin d'année. Réponse le 30 novembre prochain.