C'est lors d'un événement THQ à Dublin la semaine dernière que fut enfin montré ce projet tout à fait spécial, fruit de la collaboration entre Obsidian Entertainment (Fallout New Vegas) et les créateurs de la série animée South Park, Tray Parker et Matt Stone. Ces deux-là sont à fond sur le projet, puisqu'il en conçoivent l'histoire, les dialogues, et le doublage. Et ça se sent dès les premières secondes du jeu.

Hilarant

Vous êtes le petit nouveau qui débarque à South Park avec ses parents. L'intro ne traîne pas en longueur : un camion de déménagement s'arrête devant la maison, encore ornée de son panneau "Vendu". Les deux parents de votre personnage s'auto-congratulent de leur acquisition immobilière, puis le père propose à la mère d'aller "tester la chambre à coucher si tu vois ce que je veux dire". La mère glousse complaisamment et le couple laisse le gamin sur le trottoir en lui lâchant un "va te faire de nouveaux amis". Visuellement, on assiste bien entendu à une sorte de cinématique, mais il est simplement impossible de faire la différence avec un véritable épisode de la série. Pourtant, le joueur récupère bien vite le contrôle de son personnage, sans qu'aucune transition visible n'ait eu lieu. Ni une ni deux, il se dirige vers la porte d'entrée pour rentrer lui aussi dans sa nouvelle maison. Il frappe une fois, deux fois, puis la fenêtre de l'étage s'ouvre sur le père, déjà à poil, qui l'envoie balader en gueulant à nouveau "Dégage, va te faire des nouveaux amis !". Le ton est donné, et ce n'est qu'un début.

Le Wizard King

Alors on revient sur la rue et on commence à avancer dans la célèbre représentation en papiers découpés, vue de côté, de la ville. Un peu plus loin, des groupes d'enfants jouent à se casser la gueule. Le bouton A apparaît pour signaler qu'on peut leur parler : mais les bambins étant ce qu'ils sont, ils vous envoient paître à leur tour. "C'est toi le nouveau ? On joue pas avec les nouveaux, va chier !". Fort heureusement, quelques mètres plus loin, un blondinet bien connu (Butters), déguisé en mage, vous tombe dessus. Il parle plus ou moins à l'ancienne, comme s'il était à l'époque des chevaliers, et vous invite à rencontrer le Wizard King qui se révélera être nul autre que... Cartman. "Quel est ton nom, le nouveau ?" vous lance-t-il depuis son pseudo trône. La fenêtre d'interface de la Xbox apparaît pour qu'on puisse entrer le nom du personnage. "Tu as entré "Couillon", est-ce bien cela ?" - à l'écran, deux options, Oui et Non. On valide Non. "Tu es sûr de vouloir t'appeler Couillon ?" - à nouveau, les deux options apparaissent. Une fois de plus, "Non" est validé. "Très bien, Couillon, c'est avec fierté que je te déclare à présent membre de la Cour Royale. Viens, je vais te faire visiter". Poussant une porte, la petite troupe de gamins déguisés et notre héros débarquent dans le jardin de Cartman. Plan large : sur la droite, un écriteau "Armurerie" devant un établit couvert d'armes en bois et de jouets faits maison. A gauche, le bac à sable avec un écriteau "étables", et un chat en plein moulage d'étron, vaguement surveillé par un autre gamin. Juste derrière, une piscine en plastique, "l'étang des visions". A sa droite, une grosse pierre, nommée la "Roche de la Folie", dans le fond, une plate-forme élevée avec son échelle en bois baptisée la "Tour du Roi". Tous sont bien entendu interactifs, et serviront au joueur pour commencer à équiper son personnage, choisir sa classe (dans cette démo, des classes traditionnelles telles que Clerc, Guerrier, ou Magicien, malheureusement pas de classe "Juif" comme évoqué précédemment), et faire avancer un peu son aventure. L'ensemble est bourré d'interactivité, avec des gags partout, des voix qui changent quand on insiste pour parler à répétition à certains personnages et déclenche ainsi de nouvelles vannes, et l'ensemble n'a jamais cessé d'avoir la tronche d'un épisode de South Park tout à fait authentique... mais c'est un jeu, un vrai. Un RPG. Et il en va de même pour ses combats.

FF with a twist

"Ta première quête, Couillon, sera de voyager jusqu'au Royaume du Trottoir et de me trouver des..." ; interrompu par un cri d'alerte, Cartman - pardon, le Wizard King - se voit vite dans l'obligation d'oublier son estomac. Les elfes-trouducs attaquent ! Il faut défendre le Bâton de la Vérité ! L'occasion de se lancer dans un premier combat. L'écran passe en mode baston après une nouvelle cinématique aussi percutante que drôle pendant laquelle les gamins aux fausses oreilles pointues se mettent à saccager le jardin de Kartman, en courant après le chat et en pissant dans l'Etang des Visions. La vue de combat est simple : sur la gauche, les personnages du joueur, sur la droite, les ennemis. Dans le plus pur style des combats à la Final Fantasy, l'ensemble est régit par du tour par tour, au cours duquel on choisit les actions de chaque personnage et sa ou ses cibles. Les développeurs ont cependant introduit quelques twists pour pimenter l'ensemble. Outre le fait que les coups, comme les armes, sont débiles (La "vibrolame"-godemichet, la "putain de shuriken") et prétextes à quelques oneliners typiques de South Park (rien ne vaut un petit "Bitch !" pour remplacer un "Miss"), le joueur pourra influer en temps réel sur les passes d'armes. En bloquant avec un timing parfait par exemple, une contre-attaque devient possible. Certains coups spéciaux produiront de meilleurs effets si le joueur parvient à massacrer suffisamment un bouton qu'il doit presser à répétition, ou à arrêter une jauge dans la bonne section. Il y a même des invocations, bien sûr, toujours tout à fait dans le ton, comme l'avalage par le fondement d'un ennemi en invoquant l'icône Gay, complète avec sa moustache et sa casquette de cuir, ou des furies enflammées jaillissant du cul de Cartman. Bref, non seulement on ne pouvait faire plus fidèle à la série, mais en termes de jeu, South Park : The Stick of Truth est sérieusement armé comme un véritable RPG. On peut y customiser ses armes (pour rajouter des effets tels que le poison sur certaines, par exemple), ses armures, son look, son équipe, bref, tout ce qu'on peut attendre d'un véritable RPG. Pareil pour le reste, avec les XP et le butin (toujours idiot) à chaque combat bouclé. Cartman, le joueur et les autres parviennent à repousser l'attaque. Cartman hurle joyeusement "nous avons défait les elfes-trouducs et protégé une fois encore le Bâton de la Vérité !". Mais Stan remet vite les pendules à l'heure "Euh, il a disparu". Fin de cette première démo. On saute un peu plus loin de jeu, brièvement, pour découvrir un nouveau décor et de nouveaux ennemis, les Vampires, dans un cimetière. Les décors ne se privent pas de certaines références à la série, bien sûr, comme à ses personnages secondaires les plus célèbres : ici, un portrait de la maîtresse d'école Mlle Crockelpaf.

Bref, autant être clairs : pour les fans de la série comme pour les amateurs de RPG, South Park : The Stick of Truth semble bien parti pour laisser une empreinte forte. Moi-même, qui ne suis pas un fan de South Park, j'ai déjà une outrageuse envie de me plonger dedans tant il semble regorger de détails et de vannes, tout en proposant une aventure en forme de JRPG tout à fait sérieux du point de vue Game Design. Une alternative inespérée pour un genre qui a quitté depuis longtemps son âge d'or... et dont nous aurons bien l'occasion de vous reparler d'ici à sa sortie programmée pour le 5 Mars sur PC, 360, et PS3.