Pour les plus jeunes d'entre vous (ou ceux qui seraient complètement passés à côté à l'époque), un petit rappel s'impose... Steel Battalion : Heavy Armor est la suite d'un certain Steel Battalion tout court, sorti sur Xbox en 2002 (Tekki au Japon). Le jeu est loin d'avoir connu un grand succès commercial, mais les joueurs se rappellent tout de même de lui avec des étoiles plein les yeux... Pourquoi ? Parcequ'il s'agissait d'un "simulateur" de robots de combats hyper chiadé, qui se jouait avec une manette tout simplement hallucinante. Avec ses pédales, ses deux sticks et son tableau de bord rempli de boutons façon avion de ligne, il immergeait le joueur comme jamais dans un cockpit. Bref, exit la dite manette de fou : le tableau de bord est désormais représenté directement à l'écran, et c'est en mimant des mouvements avec vos bras devant la télé que vous activerez les leviers et autres boutons.

Gameplay hybride

Bien conscients des limites de Kinect lorsqu'il s'agit d'interagir de manière complexe et précise avec un jeu, les développeurs ont rapidement fait le choix d'un gameplay hybride. Comprenez que vous jouerez à Steel Battalion : Heavy Armor assis dans votre canapé, peinard, avec un paddle Xbox 360 dans les mains, tout en libérant une de vos mains de temps en temps pour interagir avec les éléments du cockpit. Concrètement donc, tous les mouvements du robot et de la caméra, la visée et tout ce qui s'ensuit, se feront bien via les sticks de la manette, pour plus de précision. Idem pour faire feu, avec la mitrailleuse et les obus sur les deux gâchettes. Pour le reste (mise en route du robot, activation du turbo, changement de munitions, visée périscope...), il faudra tendre la main et faire des gestes simples avant de vite reprendre la manette en mains.

En outre, Kinect offre également la possibilité de faire des choses moins banales et toujours aussi immersives, comme se lever de son canapé pour que le personnage sorte sa tête par l'écoutille et observe les alentours (à l'intérieur du robot on ne voit qu'à travers une petite fente, comme dans un tank). Une fois debout, on peut même ramener une main près des yeux pour sortir les jumelles. Sympa. A l'intérieur du cockpit, il sera aussi question de faire basculer son regard vers la droite ou la gauche pour interagir avec ses 3 copilotes (il faut parfois les rassurer, voire même les attraper par les jambes quand ils craquent et tentent de s'enfuir, avant de leur coller des pains pour leur faire reprendre leurs esprits !). Enfin, certaines cinématiques entre les missions vous demanderont même parfois de serrer la paluche d'un équipier, ou encore de réparer un élément du VT (Vertical Tank, c'est le nom des robots géants)...

Et ça marche ?

C'est toute la question, et c'est bien pour ça que nous nous sommes déplacés pour le vérifier ! Alors pour être tout à fait clair, c'est loin d'être parfait, certes, mais l'idée de rendre le gameplay hybride change beaucoup de choses et permet d'offrir une jouabilité véritablement exigeante et gamer. Les fonctions basiques, celles qui vous serviront le plus souvent (regarder à travers la fente, activer le levier de vitesse, utiliser le périscope...), ne posent ainsi quasiment aucun problème. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de certaines autres (changer de munitions ou évacuer la fumée du cockpit, par exemple), qui peuvent agacer. Surtout que, comme son aîné avant lui, Steel Battalion : Heavy Armor est un jeu EXTRÊMEMENT difficile ! Un pur jeu pour hardcore gamer qui ne fait ici, dans cette version Kinect, aucune concession ou presque. C'est ce qui faisait le sel du gameplay, donc tant mieux, mais certaines crises sont tout de même à prévoir, tant on n'a pas le droit à l'erreur.

Guerre rétro-futuriste

L'autre qualité déjà acquise, après notre longue session sur les 4 premières missions du jeu (il y en aura une trentaine au total), tient à l'ambiance. Ce nouvel épisode n'est absolument pas connecté scénaristiquement au premier : nous sommes ici dans un confilt futuriste entre une alliance asiatique en pleine conquête des Etats-Unis et ce qu'il reste de l'armée américaine résistante. L'équilibre du monde a été complètement bouleversé quelques années auparavant, alors qu'une bactérie créée dans un laboratoire militaire, qui s'attaque aux circuits informatiques pour les détruire, s'est répandue sur tous les continents. Résultat : plus un seul ordinateur en quelques mois et, forcément, un désordre monstrueux, dont a tiré parti la fameuse alliance asiatique en conquérant le monde.

C'est ce scénario qui explique le look "rétro-futuriste", qui donne un cachet très sympa au jeu. On dirige des robots géants certes, mais ces derniers sont finalement très archaïques ! Le jeu propose en plus un ton mature, que ce soit dans ses dialogues crus (en anglais sous-titré) ou dans l'aspect violent et relativement gore de la représentation de cette guerre féroce. Vos relations avec vos coéquipiers auront également leur importance, ils ont leur propre caractère et leur propre résistance mentale aux événements et peuvent mourir en mission (il seront alors remplacés par d'autres soldats dans une liste de 30 personnages définis).

Enfin, ce qui nous a bien plu côté atmosphère tenait également dans la réalisation graphique, plutôt bonne, et surtout dans la mise en scène. Les ambiances changent vraiment d'une mission à l'autre, avec parfois des épreuves hyper bruyantes et intenses sur un champ de bataille énorme, suivies de missions qui commencent de manière bien plus calme, en ville, au moment ou vos troupes stressent en attendant de voir apparaître un ennemi venant d'on ne sait où... tout cela avec des objectifs toujours scénarisés et a priori plutôt variés.

Au final, à quelques semaines du test, Steel Battalion : Heavy Armor nous a laissé une assez bonne impression. Le gameplay hybride Kinect + manette permet à Capcom et From Software de nous livrer un véritable jeu pour (hardcore) gamer, qui souffre certes de quelques imprécisions liées à Kinect, mais qui avec un peu d'efforts seront éventuellement surmontables et nous permettront de profiter avec intérêt d'un jeu travaillé dans son ambiance, original et même tout simplement unique en son genre. Maintenant, il faudra aller au delà des deux petites heures de jeu pour vérifier tout ça, notamment si le rapport dificulté / reconnaissance des mouvements ne nous rend pas fou au bout d'un moment... Ce serait dommage. Allez, on vous donne donc rendez-vous pour le test !