Comme dans les clips ou les films, on baisse les coûts de fabrication en utilisant les mêmes décors et les mêmes comédiens. Yakuza fait un peu ça, depuis 4 épisodes, avec quelques rares escapades au golf ou à Osaka. En cela, "Dead Souls" perpétue cette image de suite économique. Le twist, c'est évidemment cette attaque de zombies qui a pris le quartier de Kamurocho par surprise. Très vite, ce haut-lieu de la pègre et de la petite vertu sera mis en quarantaine à l'aide de grands murs de métaux futuristes. Personne ne pourra entrer ou sortir sauf... sauf... d'irréductibles yakuzas.

Les beaux gosses

Comme dans le génial Yakuza 4 dont la fin me fait encore frissonner de bonheur, ce sont quatre valeureux gaillards qui vont unir leurs forces. Rivaux autrefois, ils vont devenir les alliés d'un jour pour zigouiller cette racaille zombie à la puissance de leurs grenades. En plus de Kiryu Kazuma, revenu de son orphelinat, on trouvera l'ineffable Goro Majima que tout le monde adore. Shun Akiyama, le vaillant ex-clodo devenu préteur au black mais aussi gérant d'un bar à hôtesses, la preuve vivante que l'ascenseur social de Kamurocho fonctionne encore, participera aussi à la reconquête du quartier. Enfin Ryuji Goda va revenir avec un bras robot qui se transforme en canon. Et presque personne ne s'étonnera du fait qu'il était... mort. Mais comme on dit, "tant qu'on n'a pas vu le corps...". Il s'est fait oublier en devenant un cuisinier de "takoyaki", ces petites boules de pates qui contiennent un morceau de poulpe et dont les petits japonais sont friands, au moins autant que les frites à la cantoche quand on était mômes. Le ton de l'aventure est très étrange, oscillant entre le sérieux absolu de la situation dramatique et la grosse déconne.

Tokyo au curare.

Je ne vais pas vous la faire à l'envers, j'ai déjà fini ce Yakuza il y a 8 mois. Donc pas de "holala il a l'air vraiment prometteur" pour faire genre. Dead Souls portait alors le nom de "Yakuza : Of The End" et était vendu avec un bel autocollant en soutien aux victimes du Tsunami qui a si violemment frappé le Japon l'année dernière. "Courage, le Japon" avec un Kiryu qui serre les poings. Retardé mais pas édulcoré, il nous est arrivé avec tout son gore, sa drôlerie mais aussi avec cette prise de risque étrange. L'équipe de Nagoshi a transformé, le temps d'un one-shot, son jeu d'aventure en shooting game. Malgré quelques bons moments assez jouissifs de pure classe cinématographique "seul contre tous, il se jette dans la fosse aux zombies pour faire gagner quelques précieuses secondes à ses camarades", Dead Souls se répète très souvent. Forcément, c'est un huis-clos dans un quartier de Tokyo. Mais le problème vient de ce gameplay qui tourne un peu à vide, à force de repasser pour la trentième fois dans la même rue, avec les mêmes zombies qui nous sautent dessus de la même façon. Malgré sa volonté de faire bouger les lignes, comme Chevènement, il se termine un peu comme un pétard mouillé, comme Chevènement.

C'est bien de changer. C'est très bien de mettre des zombies. Dieu seul sait qu'on ne voit pas assez de zombies dans les jeux vidéo... Mais ça ne tient pas forcément la route face aux cadors du genre. Alors pour exister, Yakuza : Dead Souls fait exactement comme les autres, c'est à dire une aventure très sérieuse avec des apartés invraisemblables. Tandis que les gens se font massacrer dehors, quoi de mieux qu'une bonne partie de golf, de baseball, draguer une hôtesse dans un bar ou se payer un petit massage coquin. La semi-liberté à la Shenmue, mais avec des zombies en plus. La vie, quoi.