Déjà présenté à deux reprises au cours de l'E3 et de la GamesCom cette année, Binary Domain est le nouveau titre des studios de Nagoshi-san, le père des Yakuza. Et si de prime abord, il semble mettre de côté la richesse de cette formule qui a fait sa renommée, pour privilégier de l'action plus bas-du-front à la mode occidentale en reprenant les ficelles d'un Gears of War (couverture, vue à la troisième personne), après deux heures de jeu, il nous est apparu qu'il pourrait avoir plus à proposer que ça...

Un univers intéressant

Déjà, s'il me sera difficile de louer la direction artistique de l'univers qui visuellement, tape plutôt dans le classique, l'univers lui-même semble plus intéressant, et épaulé par un scénario probablement plus malin qu'il n'y paraît. Le contexte d'anticipation, et la thématique de la frontière entre robot et humain jouent en effet à plein dès la cinématique d'intro. Le pitch rappelle même, en partie, celui d'un Ghost in the Shell, en mettant en scène très tôt l'arrivée d'un forcené brandissant une arme et beuglant tout ce qu'il peut dans le lobby d'un building, lançant à qui mieux mieux des "pourquoi ?" rageux avant de s'arracher une partie du visage, révélant un squelette métallique de robot. Il y a donc des individus qui se prennent pour des humains, et visiblement depuis un paquet de temps... alors qui les a construits ? Qui les a mis en circulation ? Dans quel but ? C'est ce qu'il faudra découvrir, en passant sur le corps d'une armée de robots japonais dans une aventure où il faudra aussi jongler avec les susceptibilités de nos coéquipiers afin de gagner leur respect (ou non), et de progresser dans l'intrigue, mission après mission.

Du classique au surprenant

Lorsqu'après les premières fusillades, qui permettent d'apprécier un système de couverture classique, doublé d'une progression hachée, vague d'ennemis après vague d'ennemis, et entrecoupée de séquences alternatives (nage en furtivité pour atteindre un navire dans le port de Tokyo, descente sur les fesses en glissade à éviter des obstacles dans un canal artificiel), on découvre une cinématique où des enfants soldats nous braquent tandis que la tension monte, on se dit immanquablement que la narration et la maturité de certains thèmes sont passés à l'as dans les présentations précédentes du jeu, et c'est bien dommage. Car la situation du Japon dans ce nouveau jeu pousse ses habitants à des extrémités qui donnent à réfléchir, lorsqu'on incarne un soldat américain qui n'a pas ces problèmes de pauvreté. Et, plus avant, ces situations tendues pourraient bien servir de support à des choix cornéliens, puisque le jeu ne sera pas si linéaire que ça. En fonction des coéquipiers embarqués à chaque mission, de leur tempérament et de votre manière d'aborder certaines situations, leur jauge de respect évoluera. Dès lors, lorsqu'il s'agira de leur donner des ordres ou de demander leur aide en situation difficile, leurs réactions différeront. Globalement, utiliser cet appui reste facultatif, l'IA gérant le gros de leur intervention pendant les missions, mais ils proposeront souvent des stratégies, engageront la conversation, et par divers moyens, solliciteront ainsi votre attention. Il sera possible de leur répondre à la voix (avec une très large liste de mots reconnus, des classiques "couvre-moi !" aux réponses insultantes façon "connard !", ou, pour ceux que cette possibilité ne séduit pas, d'utiliser un menu (via L2) pour balancer des réponses plus classiques par les boutons de la manette. De même, le choix des coéquipiers au début d'une mission influera sur le déroulement de la mission, non seulement à cause des talents de ce compagnon (il y a des bourrins, des snipers, etc.), mais aussi dans les situations qui pourraient en découler scénaristiquement.

Armé pour convaincre ?

Tout ça pour dire que sous ses atours de TPS ordinaire, Binary Domain pourrait avoir plus de répondant qu'il n'y paraît. D'autant que la formule s'accompagne de certains détails enrichissants. On citera notamment l'animation procédurale des hordes de robots combattus, dont on pourra détacher les membres ou la tête à coups de rafales, sans pour autant les empêcher complètement d'agir. Ils ramperont, iront récupérer au sol de nouvelle armes si le bras qui portait la leur est séparé de leur corps, ou navigueront à l'aveugle (jusqu'à tirer sur leurs alliés) dès lors qu'il n'auront plus la tête sur leurs épaules. La galerie de robots semble vaste, chacun avec des caractéristiques variées, des petits à taille humain jusqu'aux énormes boss qui nécessiteront une approche différente (utilisation des décors, stratégies de contournement, etc.). De même, chaque ennemi abattu rapportera des crédits à dépenser dans des bornes de réarmement qui permettront notamment de se ravitailler en grenades, en médikits, ou en munitions mais surtout d'améliorer les armes du héros comme de ses coéquipiers, ainsi que leurs caractéristiques au travers de nanomachines pour plus d'armure, de points de vie, etc. Egalement prévus, des modes multijoueurs en compétitif et coopératif, mais l'équipe de développement n'a pourtant rien révélé d'autre à ce sujet que le nombre de joueurs max en versus : 10. Une démo est attendue prochainement. Mais, une fois encore, l'aspect le plus intéressant du titre à mon sens, après y avoir joué plus en longueur, reste probablement son scénario et son univers, qu'on espère aussi bien ficelés que cet aperçu nous a laissé le penser. Pour cela, pas de secret : il faudra patienter encore un peu puisque Binary Domain sortira sur 360 et PS3 le 17 février prochain.