Je crois que tout le monde sait à peu près comment fonctionne un Social Game comme on en trouve des tonnes sur Facebook : il s'agit souvent de titres basés sur quelques mécanismes de gestion, avec des choix à faire dans l'amélioration de son statut ou de ses richesses, choix utilisant des ressources qui se renouvellent en temps réel. Que ce soit tuer des dragons, construire des villes ou cultiver un champ, le jeu se résume à se pointer sur Facebook, dépenser les points cumulés pendant que vous faisiez quelque chose d'utile, et de repartir en espérant avoir optimisé au mieux. Le but étant de... euh... d'être le plus fort de sa liste d'amis. Ou même du jeu.

Paiement persistant

En général un Social Game n'a pas de fin. On ne peut pas vraiment gagner. On se contente de "jouer" jusqu'à ce qu'on se lasse. Auquel cas on essaye un autre jeu à la mode. Et ainsi de suite. J'aurai tendance à dire que ce manque de finalité réduit l'impact des micro-transactions permettant de booster (en général) ses ressources. En payant, vous allez plus vite que les autres... vers nulle part. Grand bien vous fasse. Le problème avec Civ World, le nouveau Civilization sur Facebook, je vous le rappelle, puisque cet article commence par ratisser large, mais parle bel et bien de ce titre. Le problème disais-je, c'est que chaque partie a une fin. Et que les micro-transactions sont omniprésentes : grâce aux Civ Bucks achetés en Facebook Points, donc en vrais euros, on peut influencer absolument tous les aspects du jeu.

Croisez et multipliez

Mais au fait, c'est quoi ce Civ ? En tant que joueur, lorsque vous rejoignez une partie, on vous donne un bout de carte avec un Hôtel de Ville et de la place pour coller quatre maisons. Selon vos affinités, vous préférerez vous spécialiser dans la culture, la science ou l'économie, tout en gardant un peu d'espace pour l'agriculture et la production. Il est fortement recommandé de jouer en groupe : il suffit de rejoindre une civilisation et vous obtiendrez de nombreux bonus, construirez diverses merveilles plus facilement (chacun prêtant ses personnages illustres pour les compléter), voterez pour différentes lois apportant bonus et malus pour tous, etc. Oubliez toute stratégie, sauf peut-être pour les combats, dans l'utilisation des unités (les vôtres peuvent être manipulées par le Ministre de la Guerre, au besoin). Pour le reste, on est vraiment dans une optique de gestion et d'optimisation. Avec juste ce qu'il faut de frustration pour vous pousser à utiliser un Civ Buck et passer plus facilement des petite étapes dans la progression de votre ville.

La fin, les moyens, tout ça.

Ce petit jeu a donc une fin, au terme des 21 premières heures durant lesquelles on peut accumuler des points de renommée. Chaque élément de Civ World propose des conditions de victoire culturelle, économique, militaire ou scientifique. Celui qui termine avec le plus de points a gagné ! Et ça recommence. On peut d'ailleurs lancer plusieurs parties simultanément. Seule la salle de trône du joueur, qui affiche ses exploits sous forme d'objets ostentatoires (et encore on vous demande de les acheter avec des gemmes après les avoir débloqués), reste persistante. Et là pas question d'utiliser des Civ Bucks pour progresser plus vite, faut y aller à la sueur de son front. Mais c'est bien le seul endroit.

Victoire économique pour Firaxis

Avec des Civ Bucks, on fait tout : on achète de la production, de l'or, des ressources, des essais supplémentaires dans les mini-jeux, des récoltes en plus... On booste tout ou exactement ce que l'on veut, comme un porc. Oh il y a bien une limite au nombre de Civ Bucks utilisable par jour, qui est de 10 (pour l'instant, c'est encore en bêta après tout). En sachant que l'on peut acheter 20 CB pour 20 Facebook Points, ce qui équivaut à 1,38 euro, je vous laisse faire le calcul sur la semaine, en omettant les réductions sur les plus grosses sommes. Mais vous savez, sur le réseau social, il y en a des gens qui ne savent pas quoi faire de leur thune. Vous ne leur échapperez pas.

L'omniprésence des Civ Bucks ne serait pas si grave dans un social game normal, mais on est avec Civ World dans une véritable optique Pay to Win, où le gameplay est sérieusement perturbé. Je ne paierai pas pour jouer à "Civilization", dont les jeux sont faits d'avance : quelqu'un de plus riche que moi et ayant plus de temps à perdre gagnera sa renommée à coup de biftons et se fera une jolie Salle du Trône, s'il n'a que ça à faire. Je n'irai pas la visiter. Ça sera sans moi.