Les jeux vidéo répondent aux critères de protection du 1er amendement. Au même titre que les livres, pièces de théâtres et films protégés, ils communiquent des idées à travers des moyens littéraires familiers propres au médium.

Voila un extrait de la décision récente et non des moindres de la Cour Suprême des États-Unis concernant une loi californienne qui visait à imposer des restrictions sur la vente de jeux vidéo violents aux mineurs. Cette loi prévoyait des amendes allant jusqu'à 1000 dollars par infraction, en cas de non respect. En stipulant que celle-ci allait à l'encontre du premier amendement de la Constitution dont fait partie la liberté d'expression (ça vous rappelle un certain Larry Flynt peut-être...), la Cour Suprême confirme la décision préalable de la Cour d'Appel de Sacramento et réaffirme ainsi la pertinence du système de classement ESRB (PEGI américain).

Les réactions de l'industrie ne se sont pas faites attendre et nos confrères de Kotaku ont fait un beau récap des états d'âmes des dirigeants des plus grands éditeurs/développeurs américains.

Mike Capps, président d'Epic Games (Gears of War):Epic Games applaudit la validation de la Cour du système ESRB, en tant qu'outil adéquat aidant les parents à décider d'eux-mêmes quels jeux sont appropriés ou pas pour leurs familles.

Vince Desi - CEO de Running With Scissors (Postal):Dieu merci, il y a encore des gens qui croient en notre constitution. Néanmoins je pense que tous les acteurs, des développeurs jusqu'aux parents en passant par les éditeurs et distributeurs, doivent prendre leurs responsabilités et arrêter l'hypocrisie qui est monnaie courante dans notre industrie.

Bobby Kotick, president d'Activision Blizzard (Call of Duty, Tony Hawk, Guitar Hero): Protéger les enfants de contenus inappropriés pour leur âge est important et c'est pour ça que notre industrie possède un système de classement standard clair, net et précis.

Ken Levine, Directeur Créatif chez Irrational Games (BioShock) est quant à lui, ironique : Cette loi était une mauvaise idée dès le départ. Elle aurait pu amener tous les jeux au classement M (mature), juste parce que les éditeurs auraient eu trop peur de représailles de l'Etat en risquant d'être accusés de sous-classer leurs jeux. Un plombier qui atterrit sur un champignon anthropomorphe en l'écrasant jusqu'à ce que mort s'en suive ? Hmm, mieux vaut lui coller un classement M...

Randy Pitchford - Président de Gearbox Software (Duke Nukem Forever, Borderlands): Outre la décision elle-même, un des points clés qui m'a marqué est la reconnaissance très claire du jeu vidéo en tant que moyen d'expression, ce qui pourrait peut-être aider les non-joueurs cyniques et les gens associés à d'autres médias à mieux comprendre le nôtre et le considérer comme un art à part entière.

Ted Price, président d'Insomniac Games (Ratchet & Clank, Resistance): Cette décision veut dire pour nous développeurs qu'on ne sera pas obligés de s'autocensurer parce qu'un propriétaire de magasin risque une amende pour avoir vendu un de nos jeux à un mineur. Ça veut dire aussi qu'on ne sera pas obligés de prévoir comment l'État va interpréter une loi ambiguë concernant le contenu d'un jeu. Mais le plus important c'est qu'on peut continuer à s'exprimer de manière libre dans un des médias les plus excitants et les plus culturellement pertinents.

John Riccitiello, CEO d'Electronic Arts (Battlefield, Madden, Mass Effect): A travers l'histoire des États-Unis, chaque média créatif a dû batailler pour établir ses droits. A l'instar des livres et des films, les jeux vidéo ont dû tenir tête à la censure et défendre la cause de la liberté d'expression artistique.

Et je me tais...

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