Bonjour les enfants ! Aujourd'hui, nous allons apprendre à nous sortir d'une situation médiatique en déliquescence, et ce, en deux étapes pour chaque problème rencontré.

Bobby Kotick, le "tristement" célèbre PDG d'Activision, a donné au magazine EDGE une interview dans laquelle il répond aux importantes déclarations et interprétations qui ont tant fait souffrir son image ces dernières années, tentant de rétablir sa version des faits et de redorer son image écorchée, comme celle de sa société. Certaines de ses déclarations avaient fait bondir tout le monde, sans trop qu'on sache pour autant si c'était du lard ou du cochon, comme sa volonté de "retirer le fun du développement de jeux". Vous allez voir, les enfants, en fait, c'est simple comme ligne de défense :

C'était une blague ! Le fait qu'il y ait des gens - et il s'agit d'une petite minorité bruyante - qui croient vraiment que je pensais ce que je disais... Que voulez-vous faire contre ça ? C'est le job de mes rêves. Je joue aux jeux depuis que j'ai 18 ans. J'aurais pu acheter n'importe quelle société, mais j'ai acheté une société de jeu vidéo en banqueroute, et cela fait 21 ans que ça dure. Cette idée que je ne suis pas passionné par le jeu vidéo est absurde.

Quant à l'accrochage avec Tim Schafer (Brütal Legend), là encore, Kotick réagit simplement :

Ce gars débarque et me traite de connard. Je ne l'ai jamais rencontré de ma vie - je n'ai jamais rien eu à faire avec lui. Je n'ai jamais été mêlé au projet Vivendi qu'ils étaient en train de faire, Brütal Legend, si ce n'est que j'étais présent dans une réunion pendant laquelle les gens l'ont examiné et dit : "il est en retard, il a raté toutes les milestones, il a dépassé le budget et il ne semble pas que ce soit un bon jeu. On va l'annuler". Et vous savez quoi ? Cela paraissait sensé. Et il se trouve qu'il a raté toutes les milestones, et que le jeu n'était pas particulièrement bon...

Et Electronic Arts, ancien éditeur numéro un avant la fusion Vivendi / Activision qui a donné naissance au géant Activision Blizzard que préside Kotick, n'est pas en reste.

Le principe fondamental de la société est l'exact opposé de celui d'EA. EA rachète un développeur, et celui-ci devient "EA Florida", "EA Vancouver", "EA New Jersey", peu importe. Nous, on a toujours dit, "Vous savez quoi ? Ce qu'on aime chez un développeur c'est qu'ils ont leur culture, une vision indépendante, et c'est ce qui fait leur succès". Nous n'avons pas de studio Activision Quelquechose - c'est Treyarch, Infinity Ward, Sledgehammer... Il n'y a pas un seul studio dans notre société qui vous dira : "Activision nous force à sortir le jeu". EA dispose de beaucoup de ressources, c'est une grosse société qui excerce son activité depuis un bon moment, peut-être qu'ils finiront par le comprendre. Mais elle lutte depuis un long moment. Le défi le plus difficile auquel elle fait face, c'est : les gens formidables ne veulent pas vraiment travailler là-bas. C'est plutôt, sans autre possibilité, peut-être qu'ils penseront à eux, en dernier ressort... Nous ne cessons d'avoir des opportunités de recrutement issues d'EA - c'est leur plus grand défi : leurs stock options n'ont pas de valeur. Ils se sont égarés.

Kotick se permet donc de citer Infinity Ward, qui selon toutes les apparences lui a purement claqué entre les doigts avec le départ fracassant de ses deux fondateurs, Zampella et West. Ces deux là ont aujourd'hui constitué le studio Respawn, qui a embauché la majorité des seniors de l'équipe d'Infinity Ward, et a signé avec... EA Partners. Alors, que s'est-il passé ?

Ça a brisé la confiance que j'avais en deux personnes spécifiques, qui étaient mes amis. Ce qu'il y a de frustrant là-dedans, c'est que ce que ces gars ont fait, jamais je n'aurais pu m'attendre à ça de leur part. Nous sommes une société publique (i.e. cotée en bourse, ndlr), nous avons des obligations éthiques, et les choses qu'ils ont faites... j'irais en prison si je les faisais. On ne peut pas utiliser la société et ses actifs pour son propre bénéfice, et on ne peut pas tirer profit de certains avantages qu'on peut avoir pour son bénéfice personnel - vous n'avez pas le droit de faire ça ! Et donc, on n'a pas eu le choix.

Bien ! Fermez vos cahiers, ce sera tout pour la leçon d'aujourd'hui. Je récapitule, format résumé pour vous :

  • Problème 1 : Vous avez dit un truc qui offusque tout le monde.
    • 1 : Parade : C'était une blague, évidemment
    • 2 : Contre-attaque : Ceux qui ne l'ont pas compris sont idiots
  • Problème 2 : Un gars très apprécié vous démonte publiquement.
    • 1 : Parade : je ne l'ai jamais vu de ma vie, je ne sais pas qui c'est
    • 2 : Contre-attaque : Tous les gens qui m'en ont parlé m'ont dit qu'il n'était pas fiable
  • Problème 3 : Vous virez plusieurs personnes qui ont été déterminantes dans votre succès.
    • 1 : Parade : J'ai été trahi, je pensais qu'ils étaient mes amis, et ce sont en fait eux qui m'ont planté.
    • 2 : Contre-attaque : Ce qu'ils ont fait après est honteux, et illégal, et le pire c'est qu'ils s'en tirent alors qu'ils devraient être en prison.
  • Problème 4 : Vous avez cumulé plusieurs de ces problèmes.
    • 1 : Parade : Pas de parade, passez directement à l'étape Contre-attaque.
    • 2 : Contre-attaque : prenez quelqu'un qui est passé par les mêmes étapes que vous, si possible avec lequel vous êtes en compétition, et montrez à quel point vous êtes préférable en l'attaquant afin de replacer les projecteurs de ce tas de crétins que sont les gens sur un concurrent.

Voilà ! Demain, nous essaierons de déterminer pourquoi augmenter ses marges et donc ses bénéfices, est plus important que tout le reste.

-Via-