Crazy Taxi

Genre :

Taylorisme en taxi
Editeur : Sega
Année de sortie : 1999
Support : Dreamcast et Arcade

Dans Crazy Taxi, Sega explore en profondeur le métier de chauffeur de taxi en mode hard-discount, ainsi que l'impact que peut provoquer la gestion d'un véhicule façonné en adamantium sur le chiffre d'affaire. En effet, le pitch très influencé par la pensée économique néo-libérale Adam Smithienne peut se résumer en ces problématiques éminentes : dois-je prendre tous les risques possibles pour récolter juste une petite poignée de dollars et ce, quitte à enfreindre sciemment le code de la route ? En fin de compte, la course effrénée au profit prévaut-elle sur ma sécurité et celle de mon client comme des autres usagers de la route ? En tous cas, c'est à ces judicieuses interrogations pas piquées des hannetons que le très philosophique Crazy Taxi tentera de répondre, via un road movie musical anxiogène vidéoludique qui dépote sa race, si je puis me permettre. Et je parie que vous vous en frottez déjà tous le menton de le savoir...

Premier constat hautement capitalistique : dans Crazy Taxi, ce n'est pas le client qui a besoin d'une course, mais le chauffeur qui exploite son incapacité à résister à une offre alléchante, en annonçant ouvertement qu'il compte fracasser les prix du marché. D'ailleurs, tel un rapace, le chaland mord à l'hameçon sans hésitation. Son désir de réaliser une bonne affaire coûte que coûte s'avère tellement puissant qu'il réussit le plus souvent à briser les lois de la physique en traversant la matière par un calcul foireux du Z-Buffer pour s'installer dans le siège passager, bien que le véhicule soit en adamantium. Le taxi étant composé d'une structure moléculaire indestructible, notre chauffeur n'hésitera donc pas à se lancer dans l'exercice périlleux d'un révisionnisme du Code Rousseau, percutant sans sourciller tous les autres usagers de la route lui barrant le chemin vers la fortune ou le prochain spot à atteindre. Au final, après avoir multiplié tous les types d'infractions routières et engrangé une succession de petites sommes en se basant sur une politique de flux tendus des courses, la conclusion économique du soft sera sans appel : le taux de profit sera parfaitement optimisé et toujours au maximum de ses possibilités ! D'ailleurs, les économistes tayloristes rationaliseront bien plus tard ce concept en parlant d'économie d'échelle. Elle correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit qu'obtient une entreprise en accroissant la quantité de sa production. Bref, Crazy Taxi est LE titre fondateur crypto-libéral de Sega qui renforce l'idée que le temps c'est de l'argent, mais également que la thune est plus que jamais le nerf de la guerre dans une société de consommation qui tend vers un Nouvel Ordre Mondial. Enfin, je crois...

"Allez monte dans ma caisse en adamantium pigeon ! Je te propose de contribuer à l'accidentologie routière pour seulement 5 Dollars!"