Shadows
of The Damned
raconte l'histoire incroyable de GarciaHotspur,
un hard rockeur latino, couvert de tatouages et chasseur de démon à
ses heures perdues (un habile mélange d'Antonio
Banderas avec Dante de Devil May Cry). Il va voir sous ses yeux sa
petite copine (très sexy bien sûr) se faire enlever par un démon,
et conduire vers les enfers. Il va bien évidemment décider de
partir immédiatement à sa recherche, dans une quête animée par
l'amour qui a quelque chose de très classique sur le fond. Une
quête influencée par l'Enfer de Dante, entre autres, mais qui sur
la forme est totalement déjantée et très personnelle.

 

Je
ne vais pas revenir sur le CV très riche des créateurs du jeu, mais
sachez que ce petit trio « made
in Japan »
a tenu ses promesses de créativité non bridées. Pendant qu'on
parle des personnages principaux, il est déjà important de rappeler
que l'ami Garcia va être accompagné dans son périple par Johnson,
une énigmatique tête de mort en or, ancien démon qui connaît
plutôt bien les lieux, devenu par la suite le fidèle compagnon de
route de notre chasseur de démon. Il contribue grandement à
l'humour du jeu, avec son accent aristocrate British, son rôle de
faire-valoir lui va comme un gant. Une encyclopédie des lieux qui va
commenter vos rencontres et découvertes tantôt avec naïveté, peur
ou encore cynisme. Il compense le côté rebelle, rentre dans le tas
et très sûr de lui de Garcia pour former un duo de choc.

 

Loin
de la vision trop sérieuse et religieuse des enfers qu'on nous sert
la plupart du temps, Shadows Of The Damned propose une approche
totalement rafraîchissante des lieux. Votre séjour commence dans
une ville/ enfer avec un air londonien, la nuit avec le brouillard,
ses ruelles sombres et mal famées, une architecture très 19ème
siècle avec une influence gothique, des pubs ou les démons peuvent
venir boire un coup. Vous visiterez ensuite d'autres lieux divers et
variés, tout ceci respire le kitsch bien inspiré, avec un soupçon
de Tarantino et de séries Z assumées et inspirées. Les
environnements du jeu sont assez peu ouverts, mais par moment on
profitera de quelques arrières plans ouverts très réussi, le
sentiment d'être confiné dans un décor inquiétant est
généralement ressenti de manière positive, et contribue à
l'immersion.

 

Le
bestiaire colle lui aussi tout à fait à l'esprit du jeu, à la
limite entre l'effrayant et le grotesque, le côté théâtral des
rencontres avec vos ennemis donne parfois l'impression d'être au
cirque des horreurs ou sur un train fantôme.

 

Lamusique,
signée par le compositeur de Silent Hill colle parfaitement aux
influences du jeu, du rock'n'roll gras et sale, avec des airs plus
latinos ou horrifiques, un régal.

 

Legameplay,
basé sur celui de Resident Evil 4, a été grandement assoupli pour
se rapprocher de ce que peut proposer un titre comme Dead Space 2.
Typiquement japonais dans l'esprit, la moitié du jeu sera composée
de combats contre des mini ou des maxi boss, avec une variété
intéressante. Malheureusement, la moitié d'entre eux ne s'avéreront
pas être des challenges (je vous conseille de jouer en difficile
directement). La seconde moitié du titre reste fidèle aux
classiques du genre action/shooter. Nettoyer une zone de tous les
monstres, passer à la suivante, effectuer une mini énigme,
retourner shooter du démon. Là où ça devient plus original, c'est
que le jeu propose un système de « 
ténèbres »,
un peu dans l'esprit d' Alan Wake, qui va influencer votre façon de
jouer. Dans la pénombre, nos ennemis sont invisibles, et après
quelques secondes, votre santé diminue graduellement. Vous devez
donc soit trouver rapidement un moyen d'éclairer la zone, ou alors
la traverser au plus vite s'il y a une sortie. Ces séquences ont
tendances à dynamiser un gameplay déjà très nerveux, d'autant
plus que la lumière peut s'éteindre par surprise à tout moment, si
un démon décide d'essayer de vous piéger.

 

Le
jeu ne réinvente donc rien, il n'est pas non plus une claque
technique, mais il a le mérite de proposer une expérience unique,
sans aucun tabou, et de laisser parler (et aussi une chance sur la
scène internationale l'imagination débordante et le talent d'un
studio japonais.