Un
réalisateur à la source d'un jeu vidéo n'est pas quelque chose de très
courant et on peut être tenté de penser que c'est un gage de qualité.
En l'occurrence ici, on ne le remarque pas tellement. Clive Barker est
un réalisateur de films tel que Hellraiser ou Candyman et aussi un écrivain. Donc a priori l'horreur
c'est son dada... Et en effet coté trucs dégueulasse, on est servi!
Mais vous verrez très vite que même en étant gore et torturé, le jeu ne
décolle jamais et s'enlise dans des schémas super convenus et chiants.
Désolé d'avoir spoilé le verdict final mais il faut mettre les choses
au clair: le cinéma et le jeu sont deux choses différentes et on se
rend vite compte que passer de l'un à l'autre n'est pas quelque chose
que l'on faitfinger in the nose.
 

Scénario:entre deux os  

Tout
commence et fini à Al Khali, dans des ruines chelou au milieu du
désert. Celles-ci contiennent un pouvoir diabolique et en effet puisque
un gros méchant veut libérer le mal sur terre. Déjà, dés le début on se
dit «ok, l'histoire est à chier mais comme d'hab' quoi...». Puis petit
à petit, le jeu sauve les meubles et nous fait incarner toute une
escouade de guerriers qui tuent la mort. Par une petite galipette
scénaristique, l'on pourra par la suite tous les contrôler comme bon
nous semble, ce qui, en soi, est une bonne idée. En soi seulement,
puisque en fait tout ce qui se passe est prétexte à nous balader un peu
partout pour on ne sait quoi. Ce que l'on comprend, c'est qu'on doit
buter un «mec» super balèze qui va faire chier tout le monde d'ici peu
et que donc c'est pour ça que l'on doit se coltiner des monstres, des
cadavres et des sols recouvert de chair et de tripailles. La vraie
bonne idée vient du fait que pour expier ce mal, il va falloir
traverser différentes époques, synonyme de grands maux (moyen-age,
empire romain, seconde guerre mondiale). Le scénario oscille donc entre
l'ultra-classique et l'original avec tout de même une fin aussi inutile
que bâclée.

Gameplay: un pour tous et tous contre les pourris 

Donc,
comme je le disais plus haut, vous pourrez alterner entre 7 personnages
qui vont de la gonzesse sexy, au bourrin de service, en passant par le
prêtre tueur. Tous font dans le stéréotype bête et méchant mais chacun
apporte ses capacités qui permettent de sortir du caca et des cas
difficiles. Là encore, rien d'original, puisque en plus de leurs armes
propres (enfin un peu sales quand même), nos joyeux botteur de cul
dispose de pouvoir déjà vu mille fois mais qui font toujours leur petit
effet. Ralenti, bouclier, soin, balles «dirigeable», tout ça c'est
cool, mais le problème c'est que l'on utilise les pouvoirs de certain
personnages que très rarement, car il ne servent à rien mis à part lors
«d'énigmes» à deux balles. Le plus gros soucis du gameplay est en fait
son dirigisme et son manque de variété et même les excellents QTE
n'enlève pas cette curieuse impression de se faire chier. Enchainer les
couloirs puis les vagues d'ennemies et enfin des séquences plus
palpitantes ad vitam eternam finit par saouler. Il
faut donc s'accrocher à son slip pour ne pas lâcher l'affaire et
profiter de certaines séquences franchement réussies. Comme les boss,
qui valent souvent le détour!

Graphisme: beauté macabre

Ça commence à devenir une habitude,Jericho oscille
entre le bon et le moins bon. Les décors sont souvent vides, sombres et
remplis de sang et de crasse qui n'arrivent pas à cacher le manque
d'inspiration. C'est d'autant plus dommage que les époques traversées
et le côté gore n'ont pas autant été exploités que ce que j'epérais.
Les personnages et ennemis, eux, ont plutôt la classe malgré quelques
déchets et un manque affligeant de variété. Encore une fois le constat
est en demi-teinte.

Bande-son: le silence des lambeaux

Si
vous aimez le silence, vous ne serez qu'a moitié comblé car si la
musique est quasi-absente, pour laisser la place aux bruitages
inquiétants à souhait, les coups de feu et autres râles, eux, sont
omniprésents. L'ambiance est donc belle et bien là et même si les voix
françaises ne cassent pas trois pattes à un canard cul-de-jatte,
Jericho fait son boulot et nous offre en prime de bons dialogues.

Durée de vie: il faut prendre le mal en patience

On
ne peut pas dire que l'on voudrait que le cauchemar se termine le plus
vite possible mais il faut tout de même passer outre la répétitivité et
le classicisme du titre. Un peu moins de 10 heures, c'est le temps que
vous passerez à tirer sur tout ce qui bouge et coopérer tant bien que
mal avec vos collègues pour atteindre un boss de fin, minable et
décevant.

Je
n'irais pas par quatre chemins étant donné qu'il n'y en a qu'un (bah
ouais, même le test est dirigiste donc vous lirez ce que j'écris et
puis c'est tout!). Si vous vous attendiez à un Doom-Like, dans tout les
sens du terme, original, gore et flippant, je ne saurais trop vous
conseiller de trouver ce Jericho pour trois fois rien (c'est à dire
rien en fait...) car malgré ses quelques bonnes idées et son ambiance
atypique, le jeu de Clive Baker est loin d'être un chef-d'œuvre et
lorgne même plutôt vers le film de série B. Un bon auteur ne fait
décidément pas tout...