Nicolas a 23 ans, il vit à Lyon et est passionné de jeux vidéo. Etudiant en école de commerce depuis 5 ans, ce jeune homme tendance et amateur de musique électro a suivi tout au long de sa scolarité des enseignements dans des établissements privés catholiques, sans jamais perdre de vue sa passion première.

Nicolas, Geek +5

Tombé dans les jeux vidéo à 4 ans avec Super Mario Land 2, Nicolas a toujours conservé sa curiosité face au milieu du jeu vidéo. Aujourd'hui en dernière année d'école de commerce, il prépare un mémoire sur les enjeux de la création dans l'industrie du jeu vidéo. Au sein même du corps enseignant, un seul d'entre eux a accepté de le superviser, ses confrères n'ayant aucune connaissance des tenants et aboutissants de cette industrie du divertissement, vous comprenez.

Au sein même de sa promotion, Nicolas fait partie des rares étudiants gamers qui ont fait leur coming out. Sans pour autant remplacer un cliché par un autre, les aventures virtuelles semblent ne pas avoir leur place dans l'univers pragmatique de la finance, des RH ou du marketing. Malgré cela, Nicolas trouve son équilibre entre compatibilité avec les valeurs transmises par l'école, et profond intérêt pour cette industrie de poids... même s'il doit au passage justifier qu'il ne se tourne pas vers cette filiale "pour avoir des jeux vidéo gratuits".

Je me souviens de mon passage en école de commerce. C'était en 2006 à Lyon. Un matin de rentrée, j'avais séché les cours de "compta ana" afin de vite rentrer jouer à la Wii et à ses incroyables jeux de sport dont la sortie avait eu lieu le matin même en France, et préférais les soirées PC Engine aux Open Bars élégants. Ce qui semble aujourd'hui faire défaut au geek est cet étrange incompatibilité entre amour du jeu et ambitions ou assiduité professionnelle. Comme si le geek était un fumiste ne s'adonnant pas à un loisir aux lettres de noblesse reconnues des élites. Mais je m'égare dans mes souvenirs d'adolescente faussement rebelle...

Revenons plutôt à l'image couramment véhiculée du geek des 90's. Qu'en est-il du T-Shirt d'éditeur (que je porte chaque matin au réveil chez moi, rassurez-vous), des culs-de-bouteille, du cheveu gras et des mains moites trahissant la peur de l'être humain ? Nous sommes au Festival du Jeu Vidéo, auquel Nicolas s'est rendu pour les besoins de son mémoire. Les politesses d'usage se déroulent sans ombre au tableau, je fais face à un joli garçon aux faux airs de Romain Duris, le jean légèrement moulant, la chaussure pointue, la chemise aux couleurs tendances, besace Lancel à la main. Nous recherchons un endroit calme pour papoter, tout en se faisant la réflexion que le Parc des Expos concentre plus de mecs apprêtés et de belles meufs que d'adolescents en sueur.

Après un détour par le stand Fnac Gaming, nous nous rendons dans un espace fumeur bondé, afin qu'il me livre sa vision du geek.

Un geek est avant tout quelqu'un de passionné par un univers. Cela peut aller de la science-fiction au jeu vidéo, il peut être pointu ou non. C'est une personne ouverte d'esprit qui a, grâce à sa curiosité, une facilité à découvrir d'autres domaines ayant attrait aux technologies ou à l'imaginaire.

Fervent militant de la cause geek, je conclus notre conversation en lui demandant d'inventer un slogan éclair pour les joueurs de son profil, et c'est avec tout le 2nd degré du monde que Nicolas me répond : "même geek, on peut se faire du fric".

Chers professeurs, chers étudiants. Ne stigmatisez pas le geek. Il est docile, attentif, passionné, et a acquis une dextérité qui ferait trembler les créateurs de Casio eux-mêmes. Doté d'une curiosité à toute épreuve, bénéficiant d'un sens critique aiguisé comme personne, il a développé depuis sa plus tendre enfance le sens de la compétition mais est aussi un être conscient du pouvoir d'une communauté.

Porter une cravate et vivre des sensations virtuelles ne sont pas incompatibles. Essayez Kung Fu Rider, vous comprendrez.

Salomé Lagresle

Bloggeuse jeux vidéo et gameuse irréversible, Salomé, jeune fille sage de 22 ans, reste néanmoins la femme d'un seul homme : Snake. Collectionnant les jeux Ken le survivant et les pistolets en plastique, cette étudiante en communication expose, parfois même en chanson, ses humeurs et aventures quotidiennes sur son site coloré : Junkflood.