Le First Person Shooter est incontestablement le genre star du jeu vidéo, depuis pas mal de temps et sans doute encore pour longtemps. C'est un genre simple, dont l'idée centrale (moi vois, moi tue) est à la fois accessible à tous et déclinable de bien des manières. Il apporte aussi naturellement une immersion accrue au public, et a montré qu'en matière de sensations fortes façon rollercoaster hollywoodien, il était mieux armé que les autres.

Et le FPS, globalement, suit des modes depuis déjà 15 ans. Seconde guerre mondiale, un peu de post-apocalyptique, beaucoup de contemporain depuis Modern Warfare... et demain ? Comme toutes les modes, il y a fort à parier qu'elle cèdera bientôt du terrain à une autre, et depuis l'annonce en vidéo de Call of Duty : Black Ops II, on peut raisonnablement tabler sur cette dernière : le futur d'anticipation.

Plus haut, plus fort

Soumises au besoin constant de proposer du plus grand spectacle, des explosions toujours plus impressionnantes, en un mot de "l'épique", les grosses licences du FPS ne peuvent que difficilement revenir à des périodes où la technologie militaire est limitée par des impératifs historiques. Et, après Medal of Honor, Call of Duty, Battlefield, et tous ceux qui sont moins connus, on peut raisonnablement dire qu'on a fait le tour de la mode du shooter militaire contemporain.

Le ton de leur évolution, c'est à mon avis une fois de plus les créateurs de Call of Duty qui le donnent. Non pas ceux qui développent Black Ops II, non, je parle des véritables créateurs du phénomène d'Activision : Jason West et Vince Zampella, les co-fondateurs d'Infinity Ward, aujourd'hui en procès avec Activision, leur éditeur d'hier. Ils ont fait exploser la mode du FPS de la Seconde Guerre Mondiale, puis celle du shooter moderne avec Modern Warfare, et que font-ils aujourd'hui ? Avec leur nouveau studio Respawn, ils travaillent sur un shooter... futuriste. De là à penser que si Black Ops II opte pour un contexte d'anticipation (il se déroulera en grande partie en 2025), c'est aussi en réponse préventive au travail de Respawn, il n'y a qu'un pas. Bien sûr, on n'omettra pas de citer le Ghost Recon : Future Soldier d'Ubisoft qui débarquera le premier sur le secteur le 24 mai prochain, mais chacun sait qu'il ne joue pas tout à fait dans la même cour, celle du très grand public qui a fait de Call of Duty un phénomène annuel sans équivalent.

En revanche, en signant avec un Electronic Arts extrêmement agressif sur le secteur, et qui ne cache pas son désir de détruire le piédestal de Call of Duty pour récupérer ses parts de marché sur le secteur, Zampella et West se sont clairement alliés avec le meilleur partenaire possible pour parvenir à réitérer leurs tours de force précédents. Si Medal of Honor : Warfighter et la licence Battlefield consacrent déjà de sérieux efforts à détrôner Call of, il ne fait aucun doute à mes yeux que le nouveau jeu de Respawn, pour l'instant très discret, sera leur atout dans cette guerre bien réelle des blockbusters du FPS.

Peut-être aurons-nous enfin la chance d'en découvrir plus sur le titre de Respawn que la première image teasing diffusée il y a déjà plusieurs mois, lors de la conférence de presse d'EA à l'E3 dans moins d'un mois maintenant. Mais quoiqu'il arrive, la bataille pour la suprématie du genre n'est pas prête de cesser... et là, je me souviens d'Hexen, ce vieux FPS qui avait, lui, choisi le médiéval fantastique pour contexte, et je me dis qu'entre le retour en grâce du RPG à l'occidentale avec The Witcher 2 et autres Skyrim, et la lassitude naissante pour les shooters militaires, il y a peut-être là quelque chose que les développeurs de FPS ont loupé.