Voilà près d'une semaine que le gong final a retenti sur l'E3 2010, signant la fin des révélations outre-atlantiques mais surtout le début de l'attente interminable nous séparant (attention forte subjectivité à venir) de la 3DS. Car oui. Cette année l'E3 pouvait se rebaptiser l'espace de trois jours l'E3D. Nombre de jeux ont été présentés (Killzone 3 ou GT5 pour n'en citer que très peu) comme marquant définitivement notre entrée dans la nouvelle ère du virtuel tri-dimensionnel...

Ce qui n'a en revanche pas changé, c'est cet entêtement des développeurs à nous proposer à nouveau du sport.

Depuis quelques temps, la Veronique et Davina mania s'était légèrement calmée, et nous pouvions à nouveau vivre des jours paisibles et heureux, enfouis dans notre canapé sans n'avoir d'autre objectif que celui des trophées. Ce temps est désormais à nouveau révolu.

Pourquoi tant de haine ?

Il y a quatre ans maintenant, la Wii débarquait dans nos intérieurs et révolutionnait notre manière de jouer, et d'appréhender l'interface virtuelle. Il fallait désormais se servir de son corps pour aider les lapins très crétins, user de sa poigne pour manier le katana dans Red Steel et pouvoir avancer dans un univers interactif en désynchronisant ses deux mains, historiquement presque toujours reliées l'une à l'autre par nos manettes. Avec l'arrivée de la Wii vinrent également les jeux sportifs. Non plus les jeux de foot ou de basket qui ma foi retranscrivaient plus ou moins fidèlement l'esprit sportif et les conditions du terrain (j'évite ici volontairement tout triste clin d'oeil à l'actualité), mais bel et bien le sport qui tache, celui qui fait transpirer, qui fait mal au dos et vient à bout du plus tenace déodorant. Oui. Après des années d'échappatoire, des années de tranquillité, notre bon vieux prof de sport du collège revenait nous hanter, cette fois-ci dans notre salon, la bedaine en moins et les ruses en plus.

Tout paraissait au départ plutôt attrayant. Un joli coach bien propre, une sportive svelte au ventre plat qui nous vantait Wii Fit comme "le sport sans effort", assis devant notre télé, nous avions presque failli tomber dans le panneau. Des boards vendues par milliers, des exercices variés, et même des objectifs personnalisés. Et puis finalement, 70€, en comparaison d'un an de Club Med Gym ou de footing chaque dimanche à l'heure de Telefoot, c'était presque l'affaire du siècle.

Cependant, après 20 minutes de pompes, d'abdos et même de yoga, si le coach était plus ou moins bien modélisé, les courbatures, elles, étaient réelles, et le voisin du dessous commençait à en avoir assez de la simulation de corde à sauter à 1h du matin.

Le joueur avait compris son erreur, la joueuse s'était résignée à arrêter de perdre son temps. L'équilibre était enfin rétabli.

Puis Natal Kinect vint pointer le bout de son nez. Ainsi que le Playstation Move. Avec leur air sournois et d'emblée moins "casual", ils en étaient presque crédibles. Et puis c'était L.A, et puis cela ne durait que trois jours, et puis après tout, quatre ans après, pourquoi pas réessayer...

Aujourd'hui je dis non. Je dis stop. Je dis que j'en ai assez des baskets de sport, des chaussettes courtes et anti dérapantes, de mon voisin qui se moque de moi quand je fais du yoga devant la télé. Si je suis tombée dans le jeu vidéo, c'est justement pour me couper de tout terrain de sport, de tout vestiaire à l'odeur désagréable. Si j'aime mes consoles c'est parce qu'elles ne me rappellent jamais que quand je m'assois mon ventre fait un pli disgracieux, ou que mes mollets sont anormalement joufflus. Si je passe tant de temps devant mon écran ce n'est pas pour me faire engueuler par un coach qui n'a été doté que de six répliques, et encore moins pour que l'on me mette ma courbe de non-progrès sous le nez. Oui, par extension si j'aime mes consoles et mes jeux, mes vrais jeux, c'est car ils me transportent dans une autre dimension, dans laquelle je suis un avatar, un personnage, et que j'ai la possibilité de faire ce que je veux sans me soucier d'autre chose que du Game Over. Si je suis affalée dans mon canapé c'est parce que je n'ai pas envie d'être debout. Si je joue avec une manette, c'est parce que je veux que mes bras ne subissent aucune sollicitation, si je décide de voir le jeu et non que le jeu me voit c'est parce que je l'ai choisi.

Dans tes dents Active 2.

Salomé Lagresle

Bloggeuse jeux vidéo et gameuse irréversible, Salomé, jeune fille sage de 22 ans, reste néanmoins la femme d'un seul homme : Snake. Collectionnant les jeux Ken le survivant et les pistolets en plastique, cette étudiante en communication expose, parfois même en chanson, ses humeurs et aventures quotidiennes sur son site coloré : Junkflood.