Edit 21/06 : La citation de fin en entier, c'est mieux. Xan m'a rappelé un détail, qui mérite d'être expliqué, chocolat a remarqué une nécessité de clarification sur le record de vitesse de 88 et erratum, c'est bien 16 victoires et non 16 courses pour Porsche.

Même les plus indifférents au sport automobile connaissent cette épreuve. C'est l'une, voir, LA course la plus convoitée de la planète. Celle que tout pilote veut remporter, la plus prestigieuse, la plus passionnante, mais aussi la plus exigeante et la plus éprouvante. Cette course, c'est les 24h du Mans. On estime que près d'un demi-milliard de spectateurs à travers le monde suivent l'épreuve retransmise sur 110 chaines. Ce week-end on fêtera le 90ème anniversaire de cette célèbre course sarthoise née en 1923. Lorsque je me suis décidé à faire un billet sur cette course, j'ai commencé à rassembler tous mes souvenirs et toute la documentation que j'avais ma disposition pour définir comment j'allais attaquer le sujet. Quelle galère ! C'est tellement vaste, tellement de choses à dire : Il faudrait que je vous parle de la ville du Mans pendant la semaine de la course, de l'ambiance, du coté glamour et people, du circuit en lui même, certaines éditions mériteraient un billet à elle seules, certains pilotes méritent qu'on si attarde plus que sur une ou deux courses et pareil pour les équipes et les constructeurs. Il faut écrire un livre sur cette course pas un billet sur un blog obscur. Finalement, je me suis dit que je pourrai me contenter de retracer l'histoire des 24h en mettant en exergue certaines éditions ou époque qui, selon moi, font la légende des 24 heures du Mans.

Un p'tit topo avant de commencer

Au cas où vous auriez vécu dans une grotte au cours de ces 90 dernières années, les 24h du Mans est une course automobile qui se dispute sur le circuit semi-permanent de la Sarthe tous les ans au mois de juin. En effet, le circuit Bugatti du Mans emprunte une portion de la nationale 138 pour en faire sa célèbre ligne droite des Hunaudières.
En 90 ans, le circuit a connu 14 modifications de son tracé, principalement pour des raisons de sécurité.


Le circuit dans sa version originale, 1932 et 1990

La version actuelle du circuit.

La dernière modification notable en date est la division en trois portions de la ligne droite des Hunaudières. Ce changement est la conséquence d'une nouvelle réglementation de la FIA qui interdit les lignes droites de plus de deux kilomètres. Le circuit fait actuellement 13,629 km contre 17,162 en 1923. Aller, pour le plaisir, un tour du circuit en caméra embarquée avec la R18 gagnante l'an dernier :

 

 Cette course, d'une durée de 24h (vous vous y attendiez pas hein ?) fait partie intégrante du Championnat du monde d'endurance ou WEC. Les 24h du Mans c'est aussi une marque qui s'exporte et inspire. En 1978 à eu lieu la première édition des 24h moto. Furent créées ensuite les 24h karting où encore les 24h camion (même si ce n'est pas une course de 24h). Le circuit accueil, sur ca section permanente, aussi une dizaine d'autres épreuves comme le GP de France moto, un festival de dragster ou encore Le Mans Classic.
Un championnat d'endurance aux États-Unis, l'American Le Mans Series à lieu tous les ans. Une des épreuves se nomme même le Petit Le Mans, dure environ 1 600 km et se déroule sur le circuit de Road Atlanta. Cette année devraient avoir lieu les Asian Le Mans Series et il existe aussi en Europe les European Le Mans Series.

 
Les Origines

Au tout début du XXème siècle, les compétitions automobiles se résumaient en des courses entre deux villes. Cependant, elles furent rapidement interdites compte tenu du danger qu'elles représentaient. L'exemple de la course de 1903 entre Paris et Madrid est assez frappant puisque 8 coureurs sont décédés cette fois-là. L'Automobile Club de France lança, par la suite, un appel pour organiser une course sur circuit. L'Automobile Club de la Sarthe (qui deviendra l'Automobile Club de l'Ouest ou ACO en 1913) fut choisi pour organiser en 1906 le premier Grand Prix de l'ACF. 32 voitures venues de l'Europe entière prirent le départ de cette course sur deux jours. Il y eut 23 abandons et c'est une Renault qui l'emporta avec une moyenne de 100km/h.
En 1911, le département de la Sarthe accueil le Premier Grand Prix de France. Malheureusement, la Première Guerre mondiale stoppa la compétition.
Après la Grande Guerre, la course reprit de plus belle dès 1920. Trois hommes, Georges Durand, secrétaire général de l'ACO, Charles Faroux, journaliste polytechnicien et Émile Coquille, industriel, en voulaient plus. A la fin de l'année 1922 l'annonce des 24h du Mans est faite pour l'été suivant. Pour les trois fondateurs, l'objectif est de pousser les constructeurs vers une préparation toujours plus minutieuse et améliorer les engins sur tous les aspects pour que les machines et leurs pilotes tiennent la distance. Tirer l'industrie automobile vers le haut, c'est l'idée qui prévaut à la création des 24 Heures du Mans.


Une pub pour les premières 24h du Mans
Pour cette première édition, 33 concurrents prirent le départ et seulement trois abandonnèrent malgré des conditions météo très difficiles et, vous vous l'imaginez, un éclairage assez limité pour la nuit. André Lagache et René Léonard sont les premiers à inscrire leur nom sur la liste des vainqueurs de l'épreuve grâce à leur Chenard & Walker qui sut les emmener durant 2000km à 92km/h de moyenne.
Durant les années 20, la victoire se disputera entre Français et Anglais (enfin, surtout Bentley). À noter qu'en 1927 on voit apparaitre la première traction sur la piste : La Tracta de Jean-Albert Grégoire. Dès le début Le Mans est considéré comme un banc d'essai géant pour les constructeurs. En effet, si une innovation technique résiste à une épreuve sportive de 24 heures, c'est qu'elle a, en général, du potentiel pour un avenir florissant sur les voitures de série.
Les Français et surtout les Italiens avec Alpha Roméo dominèrent les années 30. À noter que l'édition 1936  fut annulée suite aux grèves engendrées par la crise économique qui frappait la France. La course sera aussi suspendue pendant la Seconde Guerre mondiale. La Luftwaffe se servant de l'aérodrome proche du circuit, les alliés bombardèrent fortement la région causant d'importants dégâts au circuit.

L'Après Guerre et la tragédie de 1955

Il faut attendre juin 1949 pour que la course reparte de plus belle. C'est d'ailleurs une petite marque qui ne vous dit surement rien qui gagna l'épreuve avec sa toute première voiture: Ferrari. Pour enfoncer le clou, Luigi Chinetti pilota pendant l'intégralité des 24h de course ne cédant jamais le volant à son coéquipier Peter Mitchell-Thomson. La même année on vit pour la première fois sur la grille de départ un moteur diesel. Deux frères Jean et Jacques Delettrez prennent le pari d'engager pour la troisième fois une voiture de leur conception et cette fois à moteur diesel. La Delettrez était équipée d'un moteur 6 cylindres de 4395 cm3 et d'environ 70cv. En comparaison, la Ferrari 166MM gagnante la même année était équipée d'un petit V12 de 1995cm3 développant 150cv. Malheureusement, ils durent abandonner sur panne sèche après plus de 1600 km parcourus.
L'année suivante, Louis Rosier, 45 ans, ne céda le volant de sa Talbot-Lago que pendant deux tours à son fils Jean-Louis. Il conduisit pendant 23 heures et 10 minutes et remporta la victoire avec deux tours d'avance.
Les années 50s seront dominées assez largement par Jaguar et Ferrari.
En 1952, c'est la première des deux seules victoires du constructeur maudit au Mans, Mercedes. Pourquoi maudit ? Il faut se pencher sur l'édition 1955, course est tristement célèbre pour son funeste record du nombre de morts lors d'une compétition automobile, pour comprendre.
 
Le 11 juin 1955, Mercedes aligne ses flèches d'argent avec en autre Juan Manuel Fangio et Sir Stirling Moss. C'est The Dream Team. Leur principal concurrent était Jaguar et surtout la voiture pilotée par Mike Hawthorn considéré comme un pilote capable d'égaler le niveau de Fangio mais beaucoup trop irrégulier et au tempérament... particulier. Cette course était vraiment sous tension, le duel UK vs Allemagne rappelait fortament la WWII encore très présente dans les esprits.
C'est aussi pour cela, en signe de réconciliation, que le français Pierre Levegh est choisi par la marque à l'étoile pour remplacer leur jeune espoir blessé plutôt, Hans Hermman. Trois ans plutôt, Levegh avait fait forte impression. En tête tout le long de l'épreuve et sans jamais passer le volant, le français semblait promis à la victoire jusqu'a ce qu'il casse sa boite de vitesse après 23h et 15min de cavalier seul offrant la victoire à Mercedes.
La course revêtait aussi un aspect guerre technologique. Les Jaguar étaient moins puissantes, mais plus légères et arrivaient avec un nouveau concept : les freins à disques. De leur côté, les Mercedes étaient des monstres de puissance et utilisaient des freins aérodynamiques en complément des classiques freins à tambours. Un panneau de la largeur de la voiture se soulevait à l'arrière lors d'un freinage permettant à la voiture de s'arrêter plus efficacement et de mieux adhérer à la piste.
Fangio et Hawthorn se livrent une bataille d'une rare intensité laissant tous les autres concurrents loin derrière. Au bout de deux heures de course, le moment du premier ravitaillement approche. Levegh et Lance Macklin se retrouvent au beau milieu de cette bataille en concédant un tour à l'approche des stands.
Récemment, des vestiges d'un film amateur on permit de décrire précisément le déroulement de cette lutte à quatre.
Hawthorn, en tête, dépasse à près de 220kmh l'Austin Healey de Macklin et se rabat devant lui avant de freiner brusquement pour entrer dans les stands. Macklin, surpris et ne disposant pas des freins à disques dans sa voiture, n'a d'autre solution que de se décaler sur la gauche pour éviter la collision coupant ainsi la route à la voiture de Levegh qui arrivait plus rapidement de près de 80km/h. La collision entre la Mercedes et L'Austin Healey envoya la flèche d'argent directement dans la tribune spectateur. La voiture du Français s'enflamme immédiatement et les débris qui volent fauchent le public. Bilan, 84 morts 100 blessés dont le pilote Pierre Levegh. La course sera remportée par Mike Hawthorn considéré comme en partie responsable de l'incident.
Plusieurs polémiques naitront de cet accident comme le fait que la course n'a pas été arrêté une seule seconde ou le fort soupçon que Mercedes utilisait un additif illégal dans le carburant.
Le constructeur de Stuttgart décida pendant la nuit de se retirer de la course et ne participera plus à l'épreuve pendant plusieurs décennies. De cet accident découlera l'interdiction des courses automobiles dans plusieurs pays notamment la France, l'Allemagne et la Suisse où cette interdiction est restée en vigueur jusqu'en 2007. Dans la plupart des pays concernés, elle ne dura que quelques mois et les compétitions reprirent dès 1956.

La course du siècle


La Ford de Bruce Mclaren

Ferrari s'était fait un nom. La marque italienne gagne souvent, dans plusieurs disciplines et ses voitures de série fleurètent avec l'excellence. Elle écrase la première moitié des années 60s en remportant l'ensemble des courses entre 1960 et 1965. C'est aussi la première marque à faire triompher une voiture à moteur central dans la Sarthe. La philosophie Ferrari de l'époque se résumait à toujours plus de puissance même au détriment de la maniabilité.
Le géant américain Ford qui jusque-là ne s'intéressait guère au sport préférant se reposer sur la production de masse, offra 15 millions de dollars pour acheter Ferrari et ainsi facilité l'arrivé de Ford dans le monde de la course automobile. Les négociations capotèrent. Au cours de ce que Edsel Ford et ses avocats pensaient être la négociation finale, Enzo Ferrari met brutalement fin aux discussions sur cette célèbre phrase adressée à son conseillé : « Viens Gozzi, allons dîner ». Les Américains humiliés entreprirent de se venger de cette affront  comme il se doit : sur la piste. Des millions de dollars sont engagés et Phil Hill recruté.

Après deux années de rodage, Ford se présente au départ des 24 Heures 1966 avec des GT40 Mark II. Pour les deux marques, cette course constitue le dénouement de la saison puisque les deux rivaux sont à égalité au Championnat du monde d'endurance. Ford ayant gagné à Daytona et à Sebring et Ferrari à Spa et Monza.
Les Ford décrochent le record de vitesse jamais enregistré au Mans avec 330km/h. Bruce McLaren et Chris Amon remportèrent la course et Ford réalisa un triplé au nez et à la barbe de la Scuderia. Il faut dire que le constructeur américain avait aligné 14 voitures au départ .
Pour l'anecdote, l'équipage gagnant n'est pas celui qui a franchi la ligne d'arrivée en premier. L'écart entre les deux voitures était si faible qu'il a été considéré que compte tenu du fait que la seconde soit partie plus loin sur la ligne de départ, elle avait parcouru une plus grande distance que la Ford de Hulme première.

Malgré son triplé victorieux assorti d'un double titre mondial en Sport et Prototype, Ford arrive au Mans 1967 très tendu. Ferrari l'avait emporté, grâce à sa nouvelle arme, la 330 P4, à Daytona sur les terres de l'américain qui avait depuis évité toute confrontation. Le duel entre la nouvelle Ford GT40 Mk IV et la Ferrari 330 P4 rend tout pronostic impossible tant les deux adversaires semblent proches. Les premières heures de courses penchent en faveur de Ford même si les Italiennes restent au contact grâce à leur consommation moindre. Peu avant 20h, les Ford affichent une moyenne au tour de 238km/h. Un rythme incroyable. Ford n'est pourtant pas à l'abri et l'équipe américaine perd à trois heures du matin Andretti, Schlesser et McCluskey, éliminés dans le même carambolage. Plus tard, c'est la voiture de McLaren qui perd beaucoup de temps sur problème mécanique. Une Ford cependant tient la cadence, celle de Gurney-Foyt qui s'offre cinq tours d'avance sur la première Ferrari en seconde position au petit matin. La Ferrari ne remontera pas et c'est Ford qui l'emporte devant deux Italiennes.
Cette édition, qualifiée de "course du siècle" sera aussi celle de tous les records : Les vainqueurs ont dépassé le cap des 5000 km parcourus et même la modeste Porsche de Siffert-Herrmann, victorieuse en 2 litres a bouclé le parcours à 201 km/h de moyenne.
Ces chiffres inquiètent les organisateurs qui vont limiter la cylindrée des prototypes à trois litres pour la saison suivante. Cela n'empêcha pas Ford de l'emporter jusqu'en 1969.

Ickx marche vers sa voiture

1969... Ça me fait penser que je n'ai pas encore évoqué le fameux départ type Le Mans ! C'était un spectacle avant le spectacle. Les voitures étaient garées en épi d'un coté de la piste moteur éteins tandis que leurs pilotes attendaient de l'autre coté de la piste. Au signal de départ, les pilotes devaient traverser la piste en courant, monter dans leur voiture, démarrer et la course commençait ainsi. Cela donnait lieu à des situations cocasses avec des pilotes qui montaient du mauvais côté de leur voiture ou qui se prenaient le pied dans le volant.
En 1969, Jacky Ickx, très à cheval sur la sécurité des pilotes, traversa la piste en marchant tranquillement, monta dans sa voiture et attacha son harnais de sécurité paisiblement. 24h plus tard il était le vainqueur de l'épreuve et son message était passé. La course est aussi considérée comme la plus serrée de toute puisque l'écart entre les deux premiers était de 120m. Le départ type Le Mans allait disparaitre. L'année suivante on instaurait un départ arrêté et en 1971 apparaissait le départ lancé que l'on connait aujourd'hui. (Et Xan m'a fait me rappeler qu'en 1970 c'est aussi l'interdiction de rouler plus de quatre heures par tranche de six heures)

Les temps modernes

En 1970 et 71, la 917K s'impose au Mans annonçant le début de la domination Porsche. Les trois années suivantes, c'est le retour des frenchies sur la plus haute marche du podium après 22 ans d'absence ! Henri Pescarolo remporte  trois de ses quatre victoires au Mans sur des Matra-Simca. Son coéquipier 1972, le Britannique Graham Hill, devient le seul détenteur de l'histoire de la triple couronne, à savoir remporter les 500 miles d'Indianapolis, les 24h du Mans et le Championnat du monde de F1.

Hill et Pescarolo sur le podium 1972

Porsche remporta 12 courses entre 1974 et 1987 notamment grâce à sa 956 qui devient la voiture la plus titrée au Mans. Quelques éditions laisseront place à Renault en 1978 où à Jean Rondeau, seul pilote à l'emporter sur une voiture de sa propre conception.

Il faudra attendre 1988 pour que Jaguar revienne au plus haut niveau et stoppe Porsche. Cette année là, Jaguar arrive au Mans avec cinq voitures V12 développant 700cv, une voiture de rechange, un stock de pièces permettant de reconstruire une voiture entièrement 14 pilotes, 2500 pneus et un avion privé près à décoller pour aller chercher d'autres pièces si besoin. C'est la première victoire britannique depuis 1959 et Aston Martin.
En 1989 c'est la victoire de la Sauber-Mercedes C9 propulsée par un bloc Mercedes. On peut considérer que c'est la seconde victoire de Mercedes même si la marque à l'étoile n'y est pour rien dans la conception du châssis.

Les années 90s vont voir une multitude de voitures remarquables l'emporter au Mans. La Mazda 787B est la première et la seule voiture japonaise à avoir gagné l'épreuve en 1991, c'est aussi la seule à l'avoir remportée avec un moteur rotatif type Wankel.
C'est la WM P88 propulsée par un bloc Peugeot qui franchis la barre des 400km/h en 1988 avant que la marque au lion ne l'emporte en 1992 et 1993 avec les fameuses 905 dont la coque en fibre de carbone a été spécialement étudiée par Dassault Aéronautique.
On a aussi vu gagner les McLaren GT-R et la Porsche 911 GT1 qui signe la 16ème et dernière victoire de Porsche.

L'édition 1999 sera une édition palpitante avec le retour de Mercedes et ses CLR, la deuxième voiture de BMW, la V12 LMR et la nouvelle arme de Toyota, la GT-One. Nissan et Audi sont aussi de la partie.
Vous vous souvenez, j'ai évoqué le fait que Mercedes soit maudit au Mans. Et bien ça se confirme en 1999. La bataille fait rage entre Toyota et Mercedes avec BMW resté en embuscade. Peu avant 21 heures, la Mercedes de Dumbreck-Heidfeld-Bouchut décolle littéralement et passe derrière la barrière de sécurité comme l'avait fait la voiture de Mark Webber aux essais et au warm-up plutôt. La voiture étant désignée comme dangereuse, Mercedes se retire une nouvelle fois de la compétition.

La Mercedes de Dumbreck s'envolle

Au milieu de la nuit, alors que le duel BMW-Toyota est à son paroxysme, La GT-One de Boutsen sort de la piste très violemment à la chicane Dunlop, Boutsen est blessé. L'autre japonaise est victime de problème technique laissant le champ libre aux BMW. Coup de théâtre à 12h50 la BMW de tête sort et abandonne alors qu'elle cumulait quatre tours d'avance. La seconde BMW prend donc la tête, mais est poursuivie par la Toyota dans le même tour. La performance de la voiture japonaise étant supérieure à celle de la V12 LMR, l'écart fond inlassablement. Mais un nouveau coup du sort frappera Toyota avec une crevaison qui leur enlèvera tout espoir de victoire.
 
Les années 2000 sont marquées par l'hégémonie Audi qui s'offre six victoires en 7 ans. Tom Kristensen en profite pour inscrire six fois son nom au palmarès des pilotes (Il avait gagné sur Porsche en 97). Du jamais vu. En 2006 la R10 propulsée par un moteur Diesel gagne, ça sera la première fois qu'un Diesel l'emporte. Rebelote en 2012 avec la première victoire d'un moteur hybride pour Audi avec la R18 e-tron quattro.
Je passe vite sur les années 2000, mais il faut quand même signaler la victoire de Bentley en 2003 et bien sûr, celle de Peugeot en 2009.
La 908 qui n'a pas démérité en 2011 puisque la marque au lion s'incline pour 13,85' petites secondes après s'être battue comme des chiffonniers. C'est la course la plus serrée que j'ai vue au Mans.
 
 
Il y a encore tellement de choses à dire sur les 24h du Mans. Je ne me suis pas attardé sur les grands noms comme Jacky «Monsieur Le Mans » Ickx, Henri Pescarolo où Tom Kristensen. Je n'ai pas parlé du côté people avec les participations notables de Paul Newman ou Steve McQueen qui en fera un film. Je n'ai pas du tout abordé la dimension psychologique, la vie nocturne ou encore la vie autour du circuit. Comme dit en introduction, c'est un livre qu'il faudrait. Même si mon premier souvenir du Mans est le backflip des Mercedes en 1999, pendant longtemps Le Mans me laissait assez indifférent. En fait c'est surtout la difficulté qu'on a à suivre l'épreuve dans notre pays. Ce n'était pas trop mal sur France TV mais pas top, et maintenant eurosport... Bah faut l'avoir. J'ai vraiment commencé à suivre l'affaire avec le début de la bataille Audi/Peugeot. L'édition 2011 m'a définitivement rendu fan de l'épreuve grâce au spectacle et au rebondissement qui nous avait été donné cette année-là. Si vous n'êtes toujours pas convaincu que cette course est exceptionnelle, je vous engage à regarder ce résumé fait par Audi des 24h 2011. Si vous ne restez pas scotché pendant cette heure et demie, je ne peux plus rien pour vous ! Enfin, je vais terminé sur une citation extrêmement récente d'Alan McNish, double vainqueur au Mans, qui rejoint ce que je disais dans mon coup de gueule contre la F1. «Je pense que Le Mans et l'Endurance offrent aux constructeurs un lieu où ils peuvent développer leur technologie pour un budget abordable et réfléchi [...] Je pense que la Formule 1 a essayé, ces dernières années, de devenir un spectacle, de susciter le frisson chez les passionnés avec des courses roue contre roue. Je pense que c'est positif de faire cela, mais il se peut que la Formule 1 se soit perdue en essayant d'aller un peu trop loin dans cette tendance .»