Comme vous avez pu le lire dans l'édito de ce blog, j'exerce la profession de professeur d'anglais. Oui, prof! De la même espèce que tous ceux qui vous (nous...) donnent plein de devoirs (donnaient pour les plus vieux) et vous empêchent de ce fait de passer du temps à jouer (ou plutôt devrais-je dire: à amener votre esprit à vagabonder dans des univers vidéoludiques oniriques, ça sonne tout de suite mieux!)

Education Nationale

 

J'exerce dans un collège du Nord de la France, et forcément je suis tellement fier de ma passion pour les jeux vidéo que je ne le cache pas. Donc si un élève vient me parler de jeux vidéo à la fin d'un cours, j'engage volontiers la conversation.
Mais par "conversation", en général ça se limite à 2 ou 3 banalités sur le dernier titre à la mode, rien de plus... Comme quoi le jeu vidéo ne fait pas tomber toutes les barrières! Certains imaginent sûrement qu'un prof qui joue aux jeux vidéo, ça veut juste dire qu'il pratique l'entraînement cérébral de Kawashima! (chose que beaucoup d'entre eux ne pratiquent visiblement pas...) Evidemment, quand on leur explique que moi aussi je joue à Halo, que j'ai fini tous les Call of Duty et que mon gamerscore sur Xbox dépasse les 50.000, ça leur fait un choc... Arrive alors la deuxième étape, puisque le cliché du prof austère est incompatible avec celui du hardcore gamer, alors l'étiquette "prof" a du mal à subsister... A croire qu'un joueur passionné de jeux vidéo ne peut pas être vu comme une figure d'autorité.

Au fil du temps, j'ai fini par prendre conscience que les joueurs de jeux vidéo constituaient un public si large qu'évidemment, il existait différents  "profils" de gamers qui se distinguaient souvent par leur âge. Et forcément, entre un ado de 13-14 ans face un professeur de 27 ans, il existe un gouffre quant à leur vision respective de leur loisir préféré. Au final, l'incompréhension entre élève et prof subsiste, même quand on parle de jeux...

Cette passion commune se montre souvent enrichissante à bien des égards. Evidemment, pour un prof d'anglais, il est toujours utile de faire référence à certains titres de jeux pour "fixer" certains mots de vocabulaire. Mais cela marche également dans les deux sens, et souvent, j'apprends à cerner certains élèves lorsqu'ils me parlent de leurs jeux.

Ce qui m'a le plus marqué récemment à propos des élèves et leurs jeux préférés, c'est le manque d'encadrement dans la pratique de ces jeux. Un exemple typique: le tout dernier Call of Duty, Black Ops.

 

Bien qu'un peu réfractaire à cette série, je dois reconnaître le carton commercial que représente ce dernier opus. Et j'ai aussi pu mesurer l'ampleur de ce succès chez mes élèves. Si vous avez bien suivi (je sais, c'est pas toujours facile avec tout ce texte!), j'ai indiqué plus haut que j'enseignais en collège, soit des élèves de 12 à 15 ans. Or, Black Ops est interdit aux moins de 18! Comment est-ce possible que la très grosse majorité de mes élèves me parlent tous de leurs exploits sur ce jeu alors qu'ils ne sont même pas censés pouvoir y jouer? D'accord pour les élèves les plus âgés, mais des élèves d'à peine 13 ans qui me parlent de "headshots", ça me fait tout drôle... D'autant que j'ai la vague impression qu'ils jouent à ce jeu non pas pour ses qualités de gameplay, mais parce que c'est le jeu "à la mode", un peu comme les fringues ou les chansons...

Evidemment pour le "vieux" gamer que je suis, ça ne me réconcilie pas franchement avec la série. Je préfère attendre la sortie de Duke Nukem Forever. Bon, si mes élèves m'en parlent aussi, là je vais vraiment me sentir mal à l'aise!

 

Heureusement, être un prof gamer à ses avantages... Pendant les sorties scolaires de quelques jours, durant les longs trajets en bus, quoi de mieux que d'infliger une humiliante défaite à certains élèves à la PSP pour gagner un peu plus leur respect? Comme quoi mes profs avaient tort de me dire que les jeux vidéo ne servaient à rien!