Pendant trois nuits, nous étions des centaines de milliers à suivre les conférences de l’E3, sur les streams, les réseaux sociaux ou directement sur place. Cet événement a-t-il cristallisé les espoirs et les rêves des nombreux passionnés qui se sont rassemblés pour ce véritable « noël du jeu vidéo » ? Bilan.

 

 

Cycles du sommeil sacrifiés, nombreuses tasses de cafés, débats passionnés, désirs réalisés et rêves brisés sont autant d’éléments qui font partie intégrante de l’E3. Cette année, les plus persévérants auront passés de longues nuits, de dimanche à lundi puis de lundi à mardi, à suivre passionnément les dernières actualités et annonces de l’univers vidéoludique. Que faut-il retenir de cette édition 2018 du plus grand événement dédié à la culture vidéoludique ?

 

EA : Eternelle Apathie

 

Comme l’année dernière, c’est Electronic Arts qui ouvrait le bal avec sa conférence qui s’est tenue samedi 9 juin 2018 à 20h heure française et cette année encore, l’éditeur s’est montré relativement mou. Parmi les grosses cartouches c’est Anthem qui était le plus attendu depuis son annonce en 2017. EA a donc levé le voile sur la nouvelle production des développeurs de BioWare à grands coup de trailers et de gameplay explosif. Si le jeu reste aussi beau à sa sortie et qu’il ne souffre pas d’une routine ennuyeuse (comme en souffrent les gros jeux du genre de ces dernières années), il promet d’être un sérieux concurrent à Destiny 2 et à The Division 2, qui jouent dans la même cour des jeux de tirs à forte composante Exploration/MMO/coopérative.

 

Dans un premier temps démenti, le mode Battle Royale de Battlefield V, s’est finalement vu confirmer et le jeu a eu le droit à une nouvelle bande-annonce, à l’intérêt relatif. Il s’en est suivi de Battlefront II, pour lequel EA a présenté de nouveaux contenus, comme une nouvelle planète et un nouveau mode de jeu mais la vraie surprise a pris la forme la forme d’une annonce inattendue de Vince Zampella, le papa de Respawn Studio (la série des Titanfall), qui a confirmé travailler sur un nouveau jeu Star Wars intitulé « Jedi Fallen Order » et qui se déroulera entre Star Wars III et IV.

 

Sea of Solitude (SoS) est la seule vraie petite surprise de cette conférence

 

Côté petits jeux, c’est Unravel qui se dote d’une suite dans laquelle deux joueurs peuvent coopérer pour progresser au fil des différents niveaux et un certain Sea of Solitude a été révélé. Le jeu, à la patte graphique douce et rafraichissante, propose d’incarner une jeune fille perdue dans un monde post-apocalyptique et qui devra lutter contre sa solitude tout en explorant la mer qui s’étend entre les bâtiments d’une ville inondée. Il rappelle (très fortement) Submerged, jeu au concept très similaire qui invitait le joueur à se glisser dans la peau d’une fille qui parcourant une ville inondée sur son bateau.

 

Enfin, qui dit EA, dit sempiternel tunnel de jeux sportifs, comme FIFA 19, qui s’est octroyé la Champions League, ou encore Madden NFL 19 et NBA Live. Une conférence avare en annonces et assez molle, en somme.

 

À retenir :

  • Anthem qui, on l’espère, sera aussi beau à sa sortie
  • Jedi Fallen Order, en attendant d’en savoir plus
  • Sea of Solitude, intrigant

 

Xbox : un avenir rassurant

 

Annoncé à la fin de la conférence Xbox, Cyberpunk 2077 est probablement LE jeu de cet E3 et ce, sans même que le public ait pu en voir la moindre seconde de gameplay.

 

Microsoft était attendu au tournant : avec un catalogue pauvre en véritables exclusivités fortes, la firme américaine avait tout intérêt à dévoiler de nouveaux jeux pour faire valoir les atouts de sa Xbox. La conférence était certainement la plus dense et la mieux rythmée de tout cet E3, avec quelques 50 jeux présentés, donc de nombreuses premières mondiales et quelques exclusivités.

 

Le show a commencé avec un trailer époustouflant de Halo Infinite, la prochaine itération de la saga de Master Chief, avec un tout nouveau moteur graphique, le slipspace engine. La vidéo s’est toutefois révélée être davantage une démo technique qu’une vraie bande-annonce et il faudra donc attendre avant d’en voir plus. Côté Gears of War, ce sont trois jeux qui ont été annoncés : le très attendu Gears 5 qui met en scène le personnage de Kait lancée dans une quête personnelle, Gears Tactics qui se la joue X-Com (et ça tombe sous le sens tant la franchise s’y prête bien) et Gears Pop, mais nous nous passerons de commentaires à ce sujet. Autre grande exclusivité, c’est Forza Horizon 4 qui s’est montré dans un cadre britannique agrémenté d’effets météorologiques de saison du plus bel effet. Il s’en est suivi de Ori and the Will of the Whisps qui, comme on s’y attendait, est beau à couper le souffle, avec sa direction artistique toujours aussi léchée, originale et colorée, ainsi que Cuphead qui se dote d’un généreux DLC avec une nouvelle île, de nouveaux boss et un nouveau personnage jouable… féminin !

 

La conférence Xbox a aussi eu son lot d’annonces surprenantes, comme celle de Sekiro : Shadows Die Twice de From Software, un souls-like dans un cadre japonais féodal avec un gameplay qui a l’air tout aussi exigeant qu’un Dark Souls mais qui profite d’une fluidité plus poussée et d’une certaine forme de verticalité, avec notamment la présence d’un grappin. Le très attendu Devil May Cry 5 et le surprenant Jump Force (jeu de combat qui mêle les univers de manga comme DBZ, Naruto ou encore One Piece) se sont également dévoilés tandis que d’autres jeux, déjà annoncés, se sont montrés en plus amples détails, comme Metro Exodus, Fallout 76 ou encore The Division 2.

 

La grosse annonce de ce show est toutefois le message fort de Microsoft quant à sa politique pour l’avenir : Phil Spencer s’est montré clair, la Xbox compte bien développer son catalogue d’exclusivités et a, pour cela, acquis de nouveaux studios first party. Ainsi, Playground Games (Forza Horizon), Ninja Theory (Heavenly Sword, Hellblade : Senua’s Sacrifice), Undead Labs (State of Decay) et Compulsion Games (We Happy Few) rejoignent Microsoft Studios. À cela s’ajoute The Initiative, un tout nouveau studio fondé récemment. Ces nouvelles acquisitions seront donc dédiées au développement d’exclusivités Microsoft (Windows/Xbox), ce qui a de quoi rassuré les fans. Pas de véritable grosse nouvelle exclusivité à cet E3, donc, mais un message fort et rassurant pour l’avenir de l’entreprise américaine et de sa communauté de joueurs.

 

Enfin, grosse cartouche de fin de conférence, Cyberpunk 2077 s’est enfin montré à travers une grande bande-annonce qui permet de découvrir son univers. Toujours pas de gameplay ni de fenêtre de sortie, hélas.

 

À retenir :

  • Halo Infinite et son slipspace engine à couper le souffle
  • Gears Tactics et Gears 5
  • Sekiro Shadows Die Twice
  • Ori and the Will of the Whisps
  • Cyberpunk 2077 !

 

Bethesda : l’avenir du futur de demain

 

Cette image est suffisamment légendaire pour ne pas avoir besoin de légende.

 

Bethesda a relevé le niveau de ses présentations, qui laissaient à désirer ces dernières années, avec une conférence au rythme inégal mais riche en contenu. Avec un nombre d’annonce qui n’a pas à rougir, l’éditeur a montré qu’il avait de grands atouts à jouer dans l’avenir du jeu vidéo. Rage 2 a ouvert le bal avec du gameplay qui semble bien organique et peut être plaisant s’il parvient à ne pas s’enliser dans le genre de routine qui tarit l’expérience, par exemple, de la série des Far Cry. Fallout 76 a bien entendu été présenté sous toutes les coutures. Il s’agit donc bien d’un jeu 100% online, jouable en solo ou en coopération et dans lequel chaque personnage rencontré dans le monde est un joueur. Pas de PNJ donc, mais une forte interactivité et de nombreuses potentielles conséquences des actions du joueur sur le monde qui l’entoure, quatre fois plus grand que celui de Fallout 4. Une annonce qui semble faire réagir très fortement la communauté de fans, tantôt conquise, tantôt sceptique.

 

Après Doom, Fallout et Skyrim, c’est au tour de Wolfenstein et Prey de se doter d’expériences en réalité virtuelle avec Wolfenstein Cyberpilot et Prey Typhon Hunter. Dans la continuité de la stratégie de Bethesda qui consiste à renforcer ses licences existantes, l’éditeur a aussi annoncé Wolfenstein Youngblood, un standalone en coopération qui propose d’incarner les filles jumelles de Blazkowicz dans le Paris dystopique des années 80 et Prey Mooncrasher, un DLC qui invite le joueur sur un complexe lunaire en partie généré de manière procédurale. Un mode multijoueur asymétrique s’ajoute aussi au jeu d’Arkane Studio. Celui-ci permettra à un joueur d’incarner un humain chassant d’autres joueurs incarnant des mimics, un peu à la manière du mod « Prop hunt » de Garry’s Mod. Doom Eternal, suite du reboot de 2016, aura lui aussi, en l’espace d’un bref trailer, réussi à hyper les fans du shooter nerveux et sanguinolant.

 

Outre un Elder Scrolls Blades pour smartphone et consoles relativement anecdotique, c’est l’annonce du si présagé Starfield qui laisse rêveur, puisqu’il s’agit là du premier titre original de la branche de développement de Bethesda depuis près de 20 ans. Le jeu, qui se passera bien évidemment dans l’espace, est resté mystérieux et ne sortira que sur la prochaine génération de consoles qui, on le sait, commence tout doucement à se rapprocher. Enfin, last but certainly not least, clou du spectacle et vainqueur par définition de cet E3, c’est Elder Scrolls VI qui a été annoncé et il aura suffi d’un simple travelling, d’un titre (et pas de sous-titre), et de quelques notes de musiques évocatrices pour secouer la sphère vidéoludique d’un puissant tremblement de terre de hype. Il faudra toutefois rester patient, car le jeu sortira après Starfield, lui-même prévu pour les prochaines consoles. Horizon 2020, voire 2021, minimum donc.

 

À retenir :

  • Rage 2
  • Wolfenstein Youngblood
  • Prey Mooncrasher et le nouveau mode multijoueur gratuit
  • Fallout 76
  • Starfield
  • THE ELDER SCROLLS VI. THE. ELDER. SCROLLS. VI. THE ELDER SCROOOOOLLS SIIIIIIIX !

 

Devolver Digital : la parodie d’une parodie

 

 No words needed.

 

Square Enix : le vide

 

Babylon's Fall, développé par Platinum Games, était probablement la seule annonce vraiment surprenante et intéressante de la conférence de Square Enix

 

Cette année, la conférence de Square Enix était en fait une vidéo pré-enregistrée à la manière d’un Nintendo Spotlight. Alors que l’on pouvait s’attendre à du nouveau sur le si attendu remake de Final Fantasy VII ou encore des premières informations sur un potentiel Final Fantasy XVI, qu’on sait déjà en développement, c’est finalement une soupe froide qui nous a été servie.

 

Outre les trailers de jeux déjà connu, comme Kingdom Hearts (dont toutes les bande-annonce de cet E3 sont systématiquement buguées, avec des problèmes de sons), Octopath Traveller ou encore Dragon Quest XI, Square Enix nous a tout de même gratifié de quelques nouveautés, dans la plus intéressante est Babylon’s Fall, le nouveau jeu de Platinum Games. Aucun gameplay n’a été aperçu, mais un lore fourni et une esthétique travaillée et originale auront réussi à attirer notre attention. Un énigmatique The Quiet Man, qui mêle live action et images de synthèses, n’aura pas réussi à convaincre et les quelques nouveautés et mise à jour de jeux déjà sorti (FF Online, Monster Hunter) ne rassasient pas. Ensuite, Shadow of the Tomb Raider s’est montré lors d’une séquence de gameplay qui laisse… perplexe et qui fait surtout pâle figure à côté d’un certain Last of Us II dont nous parlerons plus tard.

 

Enfin, une petite surprise entraperçue à la conférence Xbox a été plus amplement détaillée ici : The Awesome Adventure of Captain Spirit est un spin-off de l’univers Life is Strange qui propose d’incarner Chris (qui ressemble à Max de la saison 1 de LiS). Celui-ci, par le pouvoir de son imagination, se glisse dans les bottes d’un super héros. Un jeu gratuit qui sort le 26 juin en attendant la saison 2 de Life is Strange.

 

À retenir :

  • The Awesome Adventures of Captain Spirit
  • Babylon’s Fall

 

Ubisoft : rêves et convivialité

 

Jade sera de retour dans Beyond Good and Evil 2, pour le meilleur, mais probablement aussi pour le pire...

 

Après avoir donné une conférence chaleureuse qui lui avait valu sa "victoire" à l'E3 2017, Ubisoft est revenu en force avec une entrée en scène énergique, musicale et chorégraphiée pour annoncer Just Dance 2019. La victoire de l'éditeur face à ses anciens investisseurs peu scrupuleux ne l'aura pas conduit à se ramollir pour autant et si peu de surprises ont été révélées lors de cette conférence (notamment à cause des leaks), Ubisoft nous en a tout de même mis plein les yeux.

 

Beyond Good and Evil 2 s'est montré lors d'une cinématique en image de synthèse de toute beauté, suivi d'un court mais rassurant extrait de gameplay. Les créateurs du jeu ont ensuite expliqué que chacun pouvait participer à la création de BGE2 en proposant une œuvre, qu'elle soit musicale, écrite, visuelle, qui allait pouvoir être intégrée à l'univers du jeu. Une belle idée qui renforce la dimension familiale d'Ubisoft. La collaboration était d'ailleurs un thème fort lors de cette conférence : le créateur de la série des Trials est venu présenter son nouvel opus, Trials Rising, à la conception duquel ont participé les meilleurs joueurs de la saga.

 

For Honor est revenu sur le devant de la scène avec une nouvelle faction (l'Empire du Milieu) et un nouveau mode de jeu, Breach, dans le DLC Marching Fires, prévu pour la fin de l'année. Ce fut ensuite au tour de The Division 2 de se révéler d'avantage, avec l'annonce de trois premiers DLC gratuits pour tous, puis est venu le tour de The Crew 2 dont une bêta est prévue prochainement. Ensuite, c'est Skull and Bones, le jeu de pirate d'Ubisoft qui a dévoilé toute son ambition, en embarquant les joueurs dans l'Océan Indien pour devenir le plus grand des pirates avec un système de jeu proche de celui de Assassin's Creed IV : Black Flag mais visiblement bien plus poussé. Transference, jeu mystérieux qui invite le joueur à explorer la conscience de plusieurs membres d'une famille et produit par Elijah Wood, s'est montré plus en détail et sera vraisemblablement jouable en VR comme sur écrans classiques.

 

Ubisoft et Nintendo continuent de marcher main dans la main. Après un très bon Mario + Lapins Crétins en 2017, qui se dote d'un DLC dédié à Donkey Kong et prévu pour fin juin 2018, c'est le jeu de bataille spatiale Starlink : Battle for Atlas, qui invite le très célèbre Fox McCloud en son sein. Les joueurs Switch de Starlink pourront donc piloter le Starwing, vaisseau emblématique de la série des StarFox (ça fait beaucoup de Star).

 

Enfin, clou du spectacle, c'est Assassin's Creed Odyssey, qui reprend les éléments qui ont fait le succès de Assassin's Creed Origins, qui a été présenté. Le jeu prendra place en Grèce durant les guerres du Péloponnèse et, première pour la série, permettront d'incarner, au choix, un homme ou une femme pour tout le long du jeu. L'arrivée de choix dans les dialogues va par ailleurs renforcer la dimension RPG empruntée par la série depuis le dernier opus.

 

À retenir :

  • Beyond Good and Evil 2 et son invitation à collaborer pour enrichir son univers (les collaborateurs sélectionnés seront rémunérés!)
  • For Honor se rénouvèle et ça fait du bien !
  • Transference, toujours aussi intrigant
  • Skull and Bones, qui a l'air épique et complet bien que moins organique qu'un Sea of Thieves (par exemple)
  • Starlink : Battle for Atlas
  • Assassin's Creed Odyssey

 

PC Gaming Show : des machines du futur pour jouer à des jeux du passé

 

ManEater, RPG Open World permettant d'incarner un requin, est le jeu qui aura le plus retenu l'attention lors de la conférence PC, ce qui est à la fois triste et drôle.

 

Crainte par tous, la conférence dédiée au PC a accompli l'exploit d'être bien moins soporifique et inintéressante que par les années passées. Toujours présentée par le très sympathique Day[9], cet événement a permis à de nombreux petits jeux d'être mis sur le devant de la scène, largement occupé par les titans AAA chez les autres conférenciers.

 

Contrairement à l'avalanche de Battle Royale que les plus pessimistes estimaient voir débarquer, ce ne sont finalement que trois jeux de ce genre qui ont été présentés, donc deux oubliables et un original. Ce dernier, Rapture Rejects, jouit d'une direction artistique issue des comics Cyanide and Happiness et sort du lot par son humour et son apparence. De nombreux autres jeux, souvent indépendants ou issus de petites productions ont été présentés : Deux jeux de taxi, NeoCab et Night Call ; Killing Floor 2 de TripWire et un certain ManHeater, RPG en monde ouvert où le joueur contrôle un requin mangeur d'homme qu'il peut cutsomiser au niveau des dents et de l'apparence mais aussi en lui attribuant des compétences. C'est probablement ce jeu, au concept original, qui aura le plus retenu l'attention durant la conférence. Le studio Insomniac a présenté son intrigant jeu de VR en Open World, Stormland. Le mod de Skyrim appelé Forgotten City est enfin devenu un véritable jeu tandis qu'un certain "Sable" a attiré les regards par sa patte graphique particulièrement originale et colorée inspirée des studios Ghibli et de l'œuvre de l'auteur français de BD : Moëbius.

 

Enfin, Sega a profité de l'occasion pour annoncer quelques portages, comme les Yakuza ou Valkyria Chronicles 4 et Just Cause 4, qu'on a aperçu dans plusieurs conférences, s'est aussi vu détaillé par ses créateurs, comme l'a été Hitman 2

 

Une conférence meilleure que celles des années précédentes, mais qui a encore des progrès à faire dans cet exercice de style.

 

À retenir :

  • Sable
  • Rapture Rejects
  • ManEater

 

Playstation : la force tranquille

 

Ghost of Tsushima était la vraie bonne surprise de la conférence Playstation. Avec ses effets de lumière de qualité et son ambiance vivante et immersive de Japon féodal.

 

Grand vainqueur de cette génération, Playstation n'a pas de soucis à se faire pour les années à venir. Avec un catalogue d'exclusivités dense et suivant une ligne éditoriale claire et identifiable, la firme "for the players" a profité de sa conférence pour se livrer à un exercice original : immerger son public dans un environnement similaire à celui présenté dans ses jeux.

 

C'est The Last of Us Part II qui a ouvert le bal avec une cinématique d'une toute beauté qui a mis en scène Ellie (dont le design a vraisemblablement changé depuis le premier opus, même si elle a grandit, ses traits ont drastiquement changés) et sa petite amie. Il s'en est suivi de la première séquence de gameplay, particulièrement impressionnante. Qu'il s'agisse de la beauté des graphismes ou de la richesse des interactions entre le personnage et son environnement mais aussi avec les PNJ, on espère qu'une seule chose, que ce n'aura pas été qu'un tissu de mensonge tissé pour nous impressionner. Ghost of Tsushima s'est ensuite montré dans une séquence de gameplay à couper le souffle : avec des effets de lumières et de particules magnifiques et un monde vivant et organique, le jeu, qui prend place dans un japon féodal historique, semble prometteur.

 

Révélation suivante, Death Stranding nous a gratifié d'une séquence de gameplay qui nous aura laissé à la fois contemplatif et perplexe. Le héros, Sam, a été aperçu transportant divers colis (dont des cadavres) à travers de vastes paysages désolés. Un gameplay tout en douceur qui contraste certes avec la violence habituelle de la plupart des jeux mais qui ne fait que creuser le voile de mystère qui cerne le jeu. Quatrième et dernière grosse exclusivité de cette conférence, Batm... euh... Spiderman s'est montré dans une longue scène d'action explosive relativement générique.

 

À retenir :

  • The Last of Us Part II, qu'on espère aussi beau et organique qu'il prétend l'être
  • Death Stranding, toujours aussi mystérieux
  • Ghost of Tsushima, vraie surprise de cette conférence
  • Dreams, un jeu qui permet de créer des jeux, un peu comme le défunt Project Spark à son époque

 

Nintendoù ?

 

Paradoxalement, il y avait à la fois tout et rien, dans ce spotlight Nintendo.

 

La conférence Nintendo était probablement l'une des moins riche et moins prometteuse de cet E3. C'est Super Smash Bros Ultimate, ultime opus de la série qui ambitionne de réunir tous les personnages et toutes les arènes de la saga tout en retravaillant les mécaniques de la plupart, qui a occupé pas moins de la moitié du Spotlight de la firme japonaise. Si les fans étaient ravis, d'autres moins emballés par le jeu de combat, en sont sortis déçus.

 

En amont de ce focus, un tunnel de jeu a bel et bien été présenté, avec un DLC stand alone de Xenoblade Chronicles 2 ou encore le très fun Daemon X Machina, jeu de mécha en cell shading sur fond musical de métal. Le nouveau Super Mario Party fait quant à lui montre de toutes les possibilités innovantes en termes de gameplay de la Switch tandis que Fortnite, ou encore Dragon Ball FighterZ montrent que les développeurs tiers veulent investir le marché de la console, mais aucune autre grande surprise n'a fait vibrer les fans de Nintendo.

 

Aucune trace d'un éventuel Star Fox, ni du très attendu Metroid Prime 4. Un nouveau Fire Emblem (Three Houses) s'est tout de même montré. Mais là où les fans espéraient que la saga allait profiter des progrès empruntés par la série ainsi que par la puissance de la console par rapport à la 3DS (où sont sortis les précédents opus), la désillusion a été forte car les paysages avaient l'air ternes, les texture des arbres et du sol étaient franchement ancestrales et juraient complètement avec l'aspect cell shading des personnages qui, d’ailleurs, étaient exagérément petits sur le champ de bataille et ne parlons pas des animations fossiles.

Une conférence un peu trop vide donc, et dans laquelle on espérait être plus surprit.

 

Le Bilan

 

Les conférences désormais passées, le « noël de l’été des gamers » est terminé. Que retenir de cet E3 ? Chez Xbox, on se veut rassurant, on présente de nombreux jeux avec une forte dominante post-apocalyptique (Fallout 76, The Division 2, Metro Exodus, Dying Light 2), on précise qu’on investit bien dans le développement de jeux exclusifs pour le futur de la marque. Chez Playstation, on verrouille les acquis, on présente des mastodontes de qualité et on maintient une certaine ligne éditoriale. Chez Bethesda on montre qu’on a bien grandit ces dernières années et qu’on ne compte pas s’arrêter là, à coup de promesses et de teasers. Chez EA, on est fidèle à EA. Chez Square Enix, on se demande pourquoi on a insisté pour faire une conférence à l’E3. Chez Ubisoft, on continue sur la lancée des grands jeux, et de l’ambiance conviviale et familiale. Chez le PC, on s’améliore, on encourage les petits jeux et on met en avant les indépendants. Chez Nintendo, enfin, on s’enlise un peu, même si on a de grands projets et on reste un peu paresseux sur certaines choses. Et chez Devolver on regarde tout ça d’un œil distant et sarcastique.

 

Cet E3 est définitivement un E3 de fin de génération : certains éditeurs s’essoufflent, d’autres ont des ambitions qu’ils ne sont pas encore prêts à dévoiler mais l’on sent que quelque chose se prépare dans les coulisses et que les années à venir vont voir arriver de nouvelles consoles, plus puissantes, et avec elles, de nouveaux jeux.

 

Mais alors qui est le vainqueur ? Car c’est bel et bien la question que chaque gamer se pose au fond de lui. Pour l’exercice de style, le rythme maîtrisé et le message d’avenir, Xbox sort grand gagnant. Talonné de près par Bethesda qui carbure, Playstation, confiant et tranquille, et Ubisoft qui fait dans la qualité, mais pas dans la surprise, cette fois-ci. Pour les autres, on fera mieux l’année prochaine ! Quoi qu’il en soit, c’est le joueur, le vrai gagnant.

 

W.R.P.