L'affiche est déjà tellement belle...

Second rendez-vous de la rentrée pour le Club300 et ses parisiennes (oui malheureusement le concept ne s'exporte pas vraiment en province) et seconde avant-première. Cette fois-ci c'est un film français qui est à l'honneur et quel film français! Avant d'en venir à mon petit avis à moi, je vais faire un peu dans le factuel.

The Artist est un projet atypique d'un réalisateur atypique qui à lui seul a composé un bon 10% de mes références comiques et autres vannes référencées. Quand je suis dans ma cuisine je ne peux par exemple faire un gateau sans lâcher un laconique « mais ça cuit pas ce truc là...pourquoi ça cuit pas? » ou bien encore « on va manger des chips, t'entends? Des chips! C'est tout ce que ça te fait quand je te dis qu'on va manger des chips? ». Ce réalisateur n'est autre que Michel Hazanavicius qui est donc le réalisateur du Grand Détournement: La Classe Américaine (film culte s'il en est) et des deux OSS117, Le Caire nid d'espions et Rio ne répond plus.

"-Ce sera surtout l'occasion de rencontrer le gratin cairote...

-Et non pas le gratin pomme de terre"

Donc quand ce mec vous dit, je vais faire un film en noir et blanc ET muet, vous n'êtes pas foncièrement surpris mais plus intrigués. Ce qu'il faut ajouter, c'est que le film a pour tête d'affiche le génial Jean Dujardin qui est un acteur que j'adore, comme un bon pote que j'ai plaisir à voir depuis les Nous C Nous, en passant par Un Gars, Une Fille ou Contre Enquête et bien sûr OSS117. Il est accompagné d'ailleurs de la belle Bérénice Béjo, sa OSS-girl dans le premier volet des aventures cinématographiques de l'espion français le plus misogyne qui soit.

Bref, bref, bref...alors ce film? Un vrai régal de bout en bout, c'est pour le moment l'un de mes films préférés de cette année 2011 que je trouve un peu molle (je ne suis ceci dit peut-être pas aller voir les bons films). C'est le film typique qui fera parler de lui pour sa forme si particulière mais qui jamais ne néglige de l'utiliser pour illustrer une belle histoire et de manière parfois vraiment pertinente et percutante.

Car oui, l'absence de paroles peut surprendre au départ mais jamais cela ne manque et ce pour la raison simple que le film jouis à la fois d'une direction artistique et cinématographique à tomber par terre mais aussi d'acteurs brillants et d'un rythme qui n'a rien à voir avec les plus vieilles oeuvres du cinéma muet. Le noir et blanc est juste splendide et Hazanavicius prouve une fois de plus qu'il a un vrai sens de l'esthétisme (est-il besoin de rappeler que les OSS ne sont pas juste des comédies, mais qu'en plus ils sont fait avec l'amour du vieux cinéma?). Les jeux d'ombres, de caméras, de reflets, de lumières, tout est fait à la perfection.

Cette scène, comme de nombreuses autres, est l'occasion d'une excellente utilisation de la mise en scène (ici visuelle)

A côté de cela le couple Dujardin/Béjo est superbe. Entre l'acteur muet qui se refuse au cinéma parlant et la jeune star de ce nouveau cinéma qui monte, il y a une vraie alchimie qui fonctionne et qui rend l'histoire belle et crédible et surtout extrêmement bien jouée car jamais surjouée (ce dont je dois l'avouer j'avais un peu peur). Cela m'a rappeler entre autre Singing in the Rain pour le côté envers du décors sur le début du cinéma parlant. Le plus surprenant dans tout ça c'est qu'on rit beaucoup mais que le film arrive à être très émouvant par moment et n'utilise finalement aucun dialogue pour ce faire mis à part les intertitres si typique du muet. Tout passe par la direction d'acteur qui est impeccable et selon les dire du réalisateur et de l'acteur principal, essentiellement fait avec les tripes.

Un film blindé d'idées qui fonctionne grâce aux acteurs.

Car oui, c'est aussi l'avantage d'être au Club300 pour les avant-premières de films français, l'équipe peut se déplacer pour débattre! Alors pour le coup ce sont le producteur Thomas Langmann (fils de Claude Berri), Michel Hazanavicius et Jean Dujardin qui étaient venus nous parler à la fin du film et répondre à quelques questions. N'ayant pas pris ni d'appareil photo convenable (vous excuserez mon iPhone3G et son optique à chier) ni dictaphone, je ne pourrais rendre la bonne humeur et les précieuses informations apprises à leur juste valeur.

Optique pourrie inside! De gauche à droite, Thomas Langmann, Michel Hazanavicius et Jean Dujardin.

Ils se sont pliés au jeu des questions réponses sans broncher avec juste ce qu'il faut de vannes et de mauvaise foi pour qu'on rigole tous beaucoup.

Sachez juste qu'il se murmure sur quelques blogs influents américains depuis un petit moment (Cannes pour être précis) que le film pourrait être nominé aux Oscars. Alors les concernés sont évidemment au courant et si Hazanavicius et Dujardin semblaient vouloir tempérer les espoirs pour éviter les déceptions, Thomas Langmann avait l'air un peu plus emballé et notamment parce que son père en a ramené un et qu'il aimerait faire trôner le sien juste à côté.

Pour résumer un peu tout cela, je dirais que The Artist ne se contente pas que d'être un OFNI (Objet Filmique Non Identifié). Bien sûr une grande partie de son intérêt vient de son originalité et de son rappel au début du cinéma Hollywoodien, mais le film dépasse cet état de fait déjà parce qu'il est maitrisé d'un point de vue technique à cent pour cent. La photographie est magnifique, les musiques sont rétros et très bien composées et au global d'ailleurs le son est en adéquation totale avec le propos (il y a notamment une scène magistrale où le son est utilisé à merveille). Surtout, surtout, l'histoire est belle et très bien portée par Jean Dujardin qui est tout simplement excellent, juste et touchant sans jamais en faire des caisses (ça je n'en doutais pas par contre) et qu'il est épaulé par la trop craquante Bérénice Béjo. Bref c'est un film marquant pour les bonnes raisons! Je prie maintenant pour qu'il trouve un public et qu'il aille jusqu'aux États-Unis pour une belle cérémonie des oscars...il le vaudrait bien en ce qui me concerne.