Souffler l'anniversaire d'une trentenaire ne doit pas nous faire oublier les nombreux périphériques qui ont fait les bonnes et mauvaises fortunes de la NES. Certains d'entre eux n'ont même pas franchi les frontières du Japon. Ce fut le cas du Famicom Data Recorder, un simple magnétophone en l'apparence parée d'un barbarisme à faire dresser les poils d'un fervent partisan du plug and play.
 
 
Jouer ne procure pas seulement du plaisir, ce loisir interactif suscite également des vocations professionnelles. Nintendo l'a bien constaté. Lancé en 1984 en collaboration avec le tentaculaire conglomérat Matsushita, cet appareil lecteur/enregistreur à cassette donnait le change aux développeurs en herbe désireux de programmer des jeux vidéo. Quelques titres de la NES étaient même compatibles avec le FDR. Excitebike était l'un de ceux-là. Le joueur pouvait créer ses propres pistes et les enregistrer sur une cassette. La version occidentale de ce titre perdra cette option, car les ventes du Famicom Data Recorder étaient très confidentielles. La distribution de ce périphérique n'a donc pas dépassé le précarré régional de Nintendo, mais il a préparé le terrain au Famicom Disk System, lancé deux ans plus tard.
 
 
Cette fois, le fabricant troque la vieillissante cassette pour un format de disquette propriétaire bon marché (Disk Cards). L'objet épouse la Famicom de manière plus harmonieuse que le FDR. Les deux machines imbriquées l'une sur l'autre en imposent. Ce mariage de raison donne l'occasion à Nintendo d'enrayer la hausse endémique du piratage qui mine ses ventes pourtant faramineuses. Mais aussi de contenir la constante progression du coût de la ROM qui grignotait chaque jour un peu plus ses confortables bénéfices. L'état-major était néanmoins soucieux des limites du modèle économique qui a construit le succès du géant japonais. Bien que Nintendo proposait des jeux occasionnels à bas prix, le budget moyen consacré à ce loisir devenait tendu. Hudson proposa ce support en guise de solution. Ainsi, par le jeu d'une réécriture des données inscrites sur le Disk Cards, les joueurs repartaient avec un jeu neuf à un prix d'achat modéré.
 
 
Là encore, Nintendo doit abandonner le FDS après trois ans d'exploitation commerciale. Le progrès technique favorise le retour en grâce de la ROM, devenue bien meilleur marché que par le passé. De plus, l'appropriation décevante de l'appareil par le public nippon a beaucoup joué dans la décision de ne pas le lancer en Occident. Ces deux déconvenues n'entameront pas la volonté de Nintendo de rechercher des solutions technologiques de substitution à la cartouche. C'eut été le cas pour le disque CD-Rom de la SNES qui n'a finalement jamais vu le jour et également du Disk Drive de la N64, dont je vous invite vivement à lire l'excellent dossier de Conk3r.