Alors que le dossier Silent Hill posté il y a quelques jours semblent plaire, je bondis sur l'occasion pour vous parler d'un grand film, un magnifique film même, Jacob's Ladder ou L'echelle de Jacob.

Sorti en 1990, réalisé par Adrian Lyne à qui l'on doit notamment Lolita. Le film est porté par d'excellents acteurs tel que l'excellent mais trop rare Tim Robbins jouant le héros du film, Jacob Singer. Notons pour les fans une courte apparition de Kyle Gass, le guitariste de Tenacious D durant la scène du "bain" ( cela n'a rien de sexuel... )

D'un point de vue réalisation, le film est bon, il est intéressant de noter que ce film utilise bon nombre d'élements du cinéma expérimental, que ce soit au niveau des effets ( je pense aux effets de tête de certains "monstres" ) ou encore en ce qui concerne le jeu de lumières ou de mise en scène. Le film se base avant tout sur l'imagination du spectateur, on suggére plus que l'on ne montre. Et cela marche, imaginer ce que peut voir Jacob à certains moments du film met réellement mal à l'aise. 

La bande son est quant à elle assez discrète mais sert totalement le film, elle se laisse entendre durant les moments forts du film et n'est jamais là pour combler un plan calme ou trop contemplatif.

Au sortir de la guerre du Vietnam,Jacob, après avoir survecu lui et son équipe à une attaque sur son camp dont ils ne gardent aucun souvenirs, tentera de reconstruire sa vie tout en tentant de comprendre ce qu'il a pu se passer durant cette fameuse nuit...

Ce qui va s'averer difficile durant cette chronique sera de ne pas vous révéler complètement les tenants et aboutissants de l'intrigue tout en vous montrant l'infinie richesse de cette oeuvre.

Après avoir abordé la partie purement "technique", penchons nous sur le propos même du film.

Le film traite avant toute chose des traumatisme d'après guerre et de la capacité de re-insertion des soldats lors de leur retour. L'ancien soldat devant vivre avec ses "démons" et reapprendre à vivre. Le film nous présente ces hommes, amoindris par la guerre devant vivre tel des étrangers au sein des leurs. Cela se retranscrit dans le film par cette incapacité de la part du héros à communiquer ou même de s'integrer pleinement. Le propos étant de montrer le soldat incomprit par ses pairs, n'oublions pas le comportement qu'ont du subir les soldats Americains après la guerre du Vietnam. On a pu constater la même chose au sortir de la Seconde guerre mondiale...

Le héros cherchant lorsqu'il se rend compte de l'inexistence de ses actes au sein de la société à se mettre au premier plan de celle-ci en justifiant ses actes par des complots du gouvernement cherhant à le faire taire. Le film faisant ainsi échos aux accusations par rapport à l'utilisation de drogues durant la guerre du Vietnam.

Adrian Lyne tentant de nous montrer l'homme au delà du simple soldat. A plus forte raison lorsque ce soldat ne croit pas totalement en ce qu'il fait.

Alors que le film pourrait n'être au final qu'un simple traitement des traumatismes d'après guerre comme beaucoup d'autres films l'ont déjà fait, Lyne décide de le traiter différemment.

Jacob affrontera "physiquement" ses démons et l'incomprehension humaine. Ses doutes, ses peurs voire même sa culpabilité se retranscrira à l'écran par un changement total de l'ambiance, le film basculant alors dans un genre proche du cinéma d'horreur.

Cela apporte une autre dimension au film, une approche plus frontale à mon sens, par la représentation "physique", Lyne nous fait vivre ce que Jacob ne devrait vivre que mentalement. On sent tout le malaise du héros, sa descente dans la folie cherchant à tout prix une "rédemption".

 

Par cette approche le réalisateur permet un autre sens de lecture à son film. Commençons tout d'abord par l'affiliation religieuse clair du film. Cela se voit par le titre du film, l'echelle de Jacob, faisant référence à cet homme s'imaginant lors d'un rêve montant une echelle amenant aux cieux.

Attention, je préviens ceux qui n'ont pas vus le film de ne pas lire la suite et de continuer après la prochaine image.

Le film prend ainsi un accent de redemption, d'acceptation, le déroulement du film n'étant alors que le cheminement de Jacob vers sa mort. Le monde se pervertissant autour de lui n'étant alors qu'une représentation du mal et des tentations diverses l'empêchant d'avancer. Cette vision se verra confirmé par le dialogue du docteur vers la fin du film à savoir que les démons nous apparaissant au fur et à mesure lors de notre mort pour laisser place aux "anges" à son acceptation.

Le film ne devient pas purement religieux pour autant, on l'interpête comment on l'entend. Ainsi on peut juste voir un homme se voyant mourir doucement refusant tout d'abord de partir pour l'accepter par la suite.

Les influences sont multiples dans ce film,  à commencer par les oeuvres du peintre Francis Bacon. Il suffit de regarder une de ses peintures pour en voir les similarités, des visages restant humains mais déformés de manière assez étrange...

L'enfer de Dante est aussi une influence que ce soit par le cheminement du héros dans sa quête personnelle.

 

Malgré l'echec commercial qu'a été ce film, il ne faut pas en minimiser son influence par la suite. La première chose qui marque lorsque l'on voit le film et son ambiance reste l'étrange similitude avec une série de survival bien connue...

On ressent tout de suite que Jacob's Ladder a été une influence assez importante dans l'univers de Silent Hill. Les décors jaunis, le changement d'ambiance et d'univers au détours d'une ruelle ou d'un souterrain ou encore ces monstres difformes mais étrangements  humains...

Il suffit de voir la scène du métro pour voir la similitude avec Silent Hill 3 ou encore la scène de l'hopital qui est la même que celle de Silent Hill 5 : Homecoming.  Silent Hill 2 faisant aussi écho au thème de l'acceptation de ce que l'on refoule au plus profond de soi, ce qui nous géne le plus.

Bien sur Silent Hill reste une oeuvre personnelle et n'est pas un plagiat de Jacob's Ladder mais il reste interessant de voir ce qui a influencé les auteurs lors de la création de leur jeu.

Je vous encourage à vous procurer ce film, véritable chef d'oeuvre du cinéma à mes yeux. Laissez vous happer par l'étrange univers de l'echelle de Jacob et entrez dans la folie de cette homme perdu au milieu de ses démons...