Fiche technique

Auteur : Mari Yamazaki
Genre : Historique, humour
Catégorie : Seinen
Sortie : 2009
Tomes : 5/6

 

Synopsis

L'histoire se déroule à Rome et ses alentoures durant le règne de l'empereur Hadrien. Lucius Modestus est architecte, spécialisé dans l'élaboration de thermes, qui aspire simplement à gagner sa vie convenablement et honorablement. Un jour, alors qu'il se baignait dans un bassin, il découvrit un passage à travers le temps et se retrouva... dans le Japon contemporain. Stupéfait puis curieux, Lucius va tenter de comprendre le mode de vie si avancé des "visages plats", et s'inspirer de leur ingéniosité pour perfectionner ses constructions une fois qu'il sera retourné à Rome...

 

Mon avis

Thermae Romae est le premier gros succès de Mari Yamazaki. La mangaka s'est en effet lancée au début des années 2000, en publiant des histoires courtes et petites séries, qui ne sont pour la plupart pas sorties chez nous. Elle remporte cependant en 2010 le très célèbre prix Tezuka dans la catégorie histoire courte pour ce qui allait devenir Thermae Romae. Le succès commercial est également au rendez vous au Japon, puis en Europe, à l'occasion de la localisation de son fameux manga deux ans plus tard.

Ce qui interpelle le plus dès le début de Thermae Romae est bien sur le contexte historique dans lequel se place l'histoire. Des mangas se déroulant dans la Rome antique ne sont pas si communs au final, et ce vent de fraicheur est bien appréciable. Surtout lorsque cette époque est si bien retranscrite. Les différents décors fourmillent de détails : motifs et décorations sur les batiments, nombreux passants, sculptures... On s'y croirait.
Le graphisme est d'ailleurs des plus réussis, et malgré cette foultitude de détails, on arrive toujours à s'y retrouver grace au trait fin de la mangaka et à la justesse de son dessin. Léger bémol, les personnages ne semblent pas tous bénéficier du même soin. Certains sont très bien réussis (Lucius en premier lieu qui a vraiment la classe), d'autres un peu moins (quelques personnages secondaires et passants). Par contre, rien à redire sur les expressions et émotions des personnages. Mari Yamaziki met fortement en avant les rides et déformations des visages pour accentuer leurs expressions. C'est parfois caricatural, mais cela s'accorde complètement avec le ton très léger du manga.
Toujours pour immerger le lecteur dans cette lointaine époque, les dialogues entre romains sont crédibles : expressions d'époque, language assez soutenu sans tomber dans le too much ou pompeux, un piège évité par l'auteur.

Une fois que les bases du contexte sont posées, la mangaka va une nouvelle fois nous surprendre avec sa pirouette scénaristique. Alors que notre cher Lucius se baignait tranquillement dans une station thermale, il se fait littéralement happer par le fond du bassin et se retrouve au Japon, de nos jours. Normal.
Une idée ma foi saugrenue mais pas anodine. Voilà le sujet principal du manga : un parallèle, une comparaison entre les coutumes japonaises et romaines. Deux cultures qui n'ont à priori rien à voir mais qui révelleront un bon nombre de similitudes, notamment en ce qui concerne leur passion commune pour les bains.
Lors de son arrivée au Japon, Lucius va bien évidemment s'étonner devant les technologies modernes, l'électricité, mais ce qui va surtout attirer son attention est l'élaboration ingénieuse des termes par les nippons. Il va ainsi sans cesse s'émerveiller devant des astuces presques anodines (corbeilles à vêtements, couvercles disposés au dessus des bains pour éviter que la chaleur ne s'échappe, système d'évacuation d'eau...) dont il s'inspirera pour ses constructions à Rome.
Le déroulement des premiers tomes est très linéaire : Lucius a un problème pour son projet du moment, il se téléporte au Japon (toujours contre sa volontée, ce n'est pas un pouvoir qu'il maitrise), il s'inspire des trouvailles japonaises pour les réappliquer à Rome et régler son problème. Chaque chapitre est construit de cette façon. Du coup, comment nous faire tenir plusieurs tomes? Ce manga se veut avant tout humoristique, et ces nombreuses scènes sont propices à des situations comiques.

Le premier élément comique de l'oeuvre est bien sur son personnage principal, Lucius Modestus, véritable caricature du romain très patriotique, convaincu de l'hégémonie de sa civilisation et de son influence. Il s'evertuera à défendres les valeurs de Rome, même dans les situations les plus anodines ce qui créera bien entendu une forme de comique de situation.
Ses découvertes au Japon ne vont d'ailleurs pas manquer de froisser son égo : il va ainsi s'attrister régulièrement de son retard sur la civilisation nippone. "Enfer!!" va t-il s'écrier régulièrement, avant de se remettre en question, lui et sa nation. Là encore, on sourit. Et ça, c'est sans compter la réaction des japonais à l'égard de Lucius! Ceux ci ne le prendrons en effet jamais au sérieux et sera considéré comme fou la plupart du temps.

Le premier tome est un enchainement de situations commes celles ci, sans réel fil rouge. A partir du second, une trame politique va se mettre en place, pretexte à d'autres voyages dans le temps. Autant le dire, ce n'est pas l'histoire qui va vous tenir en haleine, celle ci étant sans surprise et des plus prévisibles. La mise en scène reste soignée et on prend du plaisir à suivre Lucius, l'empereur Hadrien et d'autres personnages.
Six tomes (le sixième est à paraitre fin mars), ça fait beaucoup. Certes pas grand chose par rapport à certaines séries interminables, mais celle ci n'a pas matière à s'allonger. Du coup, l'auteur va malheureusement s'éloigner de son idée de départ pour les trois derniers tomes, en mettant encore plus en avant le scénario. Lucius va faire la rencontre de certains personnages mêlés à des Yakuza, et devra régler le conflit. Le décalage entre Lucius et le Japon est toujours présent, mais les termes romains passent à la trappe. On a ainsi un peu le sentiment que l'auteur se perd au fil des tomes, qui deviennent de plus en plus burlesques (la scène de poursuite dans le 5e tome en est le parfait exemple) et n'ont plus la fraicheur des premiers chapitres. Dommage, une série en trois-quatre tomes aurait été largement suffisante.

Je suis ressorti mitigé de Thermae Romae. Certes, il reste encore un tome, mais je sens que l'auteur a déjà fait le tour de son sujet, et s'en est même éloigné sur la fin. Un manga au final original, intelligent, très plaisant à lire, qui nous en apprend pas mal sur le Japon et la Rome antique sans toutefois aller au fond des sujets traités. L'humour tient également une place centrale dans l'oeuvre, au détriment d'une histoire qui se laisse suivre mais qui ne nous interpellera jamais.
En résumé, si vous aimez les films de gladiateurs, les musculatures bien ciselées et les romains virils, ce manga pourrait bien vous plaire!

      

 

                                

 

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