Toujours la même rengaine.

C'est immuable. Ce matin, en me connectant à Internet, je suis tombé sur les premiers papiers de riposte face à la divulgation de l'étude scientifique de Gilles-Eric Séralini. Forcément, on ne pouvait pas en rester là: une étude sur deux ans montrant la toxicité d'un produit OGM sur les organismes vivants? Vous n'imaginez pas, ma bonne dame, les enjeux colossaux qui se cachent derrière tout ça.

Alors, on montre ces résultats sous un autre jour, celui du doute. On met en avant le propos d'autres scientifiques, plus enclins à douter du bienfondé du travail effectué. C'est une manière de pointer indirectement du doigt les lacunes supposées de l'étude, le nombre de rats évalués par exemple, la variété de ces rats "sujette au développement spontané de tumeurs" (sic). Des arguments qui ne passeraient pas dans la bouche des pontes de l'industrie, mais qui sont accueillis différemment lorsque c'est un représentant du champ scientifique qui les formule.

Si l'on parvient à démontrer la faiblesse d'un aspect de l'étude, alors c'est celle-ci dans son intégralité qui devient a priori sujette à caution. Ce qui présente sous un jour nouveau les révélations qui suivent. On apprend dans la foulée que c'est l'industrie de la grande distribution qui a financé l'étude, que ce sont des intérêts divergents de cette dernière avec le secteur agro-alimentaire qui auraient permis à cette recherche d'être lancée. Le laboratoire qui a mené l'étude a beau s'en défendre dans les médias, expliquer sa démarche certes financée cette grande distribution, le doute, encore lui, s'installe.

Que l'étude du laboratoire soit valide ou non, que ses protocoles de recherche soient corrects ou pas, peu importe, on ne le saura que plus tard. Le résultat immédiat, c'est que la pression redescend. Pas d'explosion, juste un filet de vapeur qui y a fait croire un instant. D'autant plus que les lourdeurs de l'administration vont à présent entrer en jeu. Pour valider ou infirmer la thèse, il faudra des semaines, des mois, peut-être davantage. Et à l'arrivée, cela signera-t-il d'ailleurs la fin du produit incriminé, si les données sont confirmées? Allez savoir. Le tabac est connu pour ses dangers depuis la fin des années 1970, et il est toujours commercialisé librement...

Le résultat, c'est que le débat n'est plus constructif. Il se focalise sur une critique des résultats alors qu'il devrait paradoxalement, bénéficier du doute scientifique en amenant les chercheurs à prendre acte, puis à interroger la démarche dans un esprit de validation des données. Certes, il eût mieux valu que cette validation ait été effectuée avant que les résultats ne soient publiés et diffusés aux medias. Mais la sérénité n'est plus guère une valeur à la mode par les temps qui courent...

Sources:

https://www.atlantico.fr/pepites/ogm-etude-gilles-eric-seralini-agite-scientifiques-489116.html

https://www.lepoint.fr/science/ogm-une-etude-au-dessus-de-tout-soupcon-20-09-2012-1508433_25.php

https://tempsreel.nouvelobs.com/ogm-le-scandale/20120918.OBS2789/ogm-quand-la-grande-distribution-finance-une-etude-choc.html

 

Par ailleurs, je serai complet en signalant qu'il s'en trouve aussi pour critiquer la démarche du CRIIGEN et la mise en scène de ses révélations. Je n'y trouve pas nécessairement à redire, mon texte n'entrant pas sur le terrain l'évaluation du travail effectué, mais se focalisant plutôt celui de la réception de nouvelles données scientifiques.

https://www.contrepoints.org/2012/09/21/97954-toxicite-des-ogm-les-charlatans-sont-de-retour