Hello tous,

Chose promise, chose dûe : voici mon test de Silent Hill Downpour, que je publie simultanément sur Gameblog et -en version plus complète, avec notamment un avis sur Silent Hill HD Collection-  sur le site https://www.dna.fr/loisirs/jeux-videos. S'il vous prend l'envie d'aller voir ce qui se passe là-bas, n'hésitez pas...

 

Le test

La frousse aux trousses

C'est une histoire d'ombres, de brouillard, de mort, de remords et de désespoir. De peur, aussi, surtout. La série Silent Hill s'offre un joli retour sur le devant de la scène avec un opus Downpour confié pour la première fois au studio de développement Vatra. Salutaire, puisqu'il en résulte un nouveau souffle pour la saga.

Un affaissement de terrain, une route condamnée, un car de détenus qui se crashe dans l'obscurité. Après un bref détour par les cellules d'un pénitentier, Downpour attaque les choses sérieuses en mettant en scène un transfert de prisonniers qui tourne mal. Parmi les hommes enchaînés, Murphy Pendleton. L'introduction du jeu, dans la prison, a permis de prendre la mesure de ce personnage trouble et torturé. De comprendre d'où vient sa détresse. Les grandes douleurs sont muettes.

Fuir, réfléchir, survivre

Pendleton survit à l'accident. Mais se réveille à quelques pas du crash pour découvrir que tout le monde a disparu. Où sont les gardiens, qu'en est-il des détenus? L'homme prend la fuite. A travers bois, dans un brouillard épais, il marche sans le savoir vers Silent Hill. Etrangeté d'abord, oppression bientôt. La peur commence à sourdre au creux de son esprit. Mais il est loin d'avoir compris.

Silent Hill, à travers le regard de Vatra Games, a retrouvé de son lustre d'antan. Ici, tout est question d'ambiance, de sous-entendus. Tandis que le héros progresse dans un monde qui hésite de plus en plus entre réalité et cauchemar, son motif initial -la fuite- semble se diluer dans la fascination pour un univers aussi captivant que vénéneux. Pendleton doit se battre, certes, souvent au corps-à-corps, parfois au moyen de poing. Mais l'action est rare -presque symbolique, elle constitue d'ailleurs l'une des déceptions techniques du jeu. Ici, il s'agit surtout de fuir, de réfléchir, de chercher à survivre par tous les moyens à ces créatures torturées, dont l'apparence anthropomorphique accentue encore le malaise lorsque l'on s'acharne, au sol, à les achever. Peur, dégoût, culpabilité... Autant d'émotions qu'il faut assumer, accepter, si tant est que l'on souhaite sortir entier de ce cauchemar éveillé. En ce sens, Silent Hill redevient précisément ce que Resident Evil ne parvient plus à être depuis des années.

Redoubler de prudence

Ce sentiment d'urgence se nourrit d'une légitime prudence. Pas à pas, le héros avance en prenant garde à tout ce qui pourrait l'alerter. Un bruit, un grincement. Il peut entrouvrir une porte, désormais, pour jeter un oeil sur ce qui se passe de l'autre côté. Pendleton, dans ses courses pour la vie, peut à chaque instant regarder derrière lui, voir le mal s'approcher inexorablement et tenter de l'enrayer du mieux qu'il peut. Futiles éléments de mobilier jetés en travers de la route d'un ennemi que rien ne peut arrêter. Un sentiment d'impuissance qui ajoute encore à ce malaise durablement installé.

Silent Hill Downpour mise tout sur cette dimension assumée de jeu "à ambiance". Vatra n'a pas l'aura d'un développeur réputé pour ses prouesses techniques. Alors l'aventure, certes, souffre de carences. Visuelles, avec un moteur 3D sans doute un peu daté. De prise en main, avec une animation par moments fortement saccadée. Mais l'esthétique globale de ce monde, le travail sur l'ambiance sonore, les musiques inspirées -c'est le créateur de la BO de Dexter, Daniel Litch, qui est aux manettes- confèrent à cette dizaine d'heures de jeu une dimension unique, qui renvoie à l'expérience du premier jeu de la série, sorti sur Playstation. Pas la plus petite des références.

Downpour est-il culte ? Peut-être pas, ou pas encore. Mais on en parlera sans doute encore avec un salutaire frisson dans le dos, dans une dizaine d'années. Il marche, à ce titre, dans les pas de ses illustres aînés...