C'est un véritable coup de tonnerre qui ébranle l'état major de Microsoft. Un juge américain vient de donner un avis favorable à la suspension de la commercialisation de la Xbox 360 S (version 4Go et 250Go) aux Etats-Unis au motif que Microsoft viole délibérément cinq brevets déposés par Motorola Mobile. La plainte est actuellement en délibérée dans les bureaux du gendarme de régulation économique fédéral (grossièrement l'équivalent d'une Chambre de Commerce et d'Industrie, celle-ci ne statuant pas sur les litiges commerciaux mais prodigue des conseils juridiques).
 
Les arguments de Microsoft examiné par la Chambre de Commerce nord-américaine ont été rejetés sine die. Le constructeur mettait en avant l'impact commercial jugé catastrophique en cas d'interdiction de vente, les consommateurs s'orientant naturellement vers les consoles concurrentes dans leurs achats de fin d'année. Nintendo et Sony seraient même dépassés par la demande si la condamnation avait lieu, Microsoft étant d'après les chiffres NPD le numéro un des ventes aux USA depuis plusieurs mois. Mais le juge administratif a balayé les objections du géant de l'informatique, le respect de la propriété intellectuelle l'emporte sur le préjudice commercial.
 
Cette menace est d'autant plus grande et réelle qu'elle fait suite à une décision de justice du tribunal fédéral allemand interdisant à Microsoft de commercialiser divers produits du constructeur à l'intérieur des frontières du numéro un européen. Un précédent qui conforte Motorola Mobile dans la guerre commerciale qui l'oppose au puissant groupe informatique. En toile de fond, c'est Google qui tire les ficelles de ce rapport de force industriel, la 360 devenant l'otage malgré elle, des enjeux qui l'a dépasse.
 
Fraîchement acquis par le numéro un mondial des moteurs de recherche, Motorola Mobile possède plus de 17 000 brevets, une véritable aubaine pour Google. En effet, la propriété intellectuelle est devenue un véritable champ de bataille pour les plus grands groupes industriels et technologiques. Ils s'en servent dans un but de moins en moins louable, souvent pour exacerber leur capacité de nuisance concurrentielle ou plus prosaïquement en tirer des retombées financières.
 
Microsoft et Google se livrent depuis plusieurs années une guerre sans merci dans la domination d'Internet. Les tentatives de rapprochement et de rachat avec Facebook et Yahoo! en ligne de mire avaient pour objet de freiner la domination hégémonique de Google quand celui-ci s'aventurait dans le pré-carré extrêmement rémunérateur des logicielles bureautiques. Une provocation de trop pour le géant de l'informatique.
 
Si cette décision de justice devait être prononcée, les conséquences provoqueraient un véritable cataclysme. Le manque à gagner serait incalculable aussi bien pour la firme de Redmond que pour les éditeurs et studios de développement. Microsoft pourrait précipitamment accélérer le lancement de la prochaine Xbox car un boulevard s'ouvrirait en faveur de Nintendo. L'horizon concurrentiel serait dégagé, rien ne pourrait contrarier ainsi le lancement de la Wii U, pas même une PS3 finissante. Voilà pour le fantasme journalistique.
 
A l'évidence, le gendarme américain poussera les deux acteurs à s'entendre, le versement d'une amende est l'aboutissement judiciaire habituellement observé en plus de la signature d'un accord de licence. Ce genre de règlement de compte est amené à se généraliser, les consoles de salon faisant de plus en plus appel à une sophistication de plus en plus étrangère au savoir-faire des partenaires technologiques traditionnels des constructeurs (fondeurs, équipementiers...). Ils ont l'obligation de multiplier les accords de licence avec pour conséquence une inflation des coûts de production à répercuter sur le prix de la console. Ou dans le cas présent, violer des brevets de sociétés tiers et attendre l'amende à payer. Elle sera de toute façon bien en deçà du montant d'un accord signé en bonne et due forme.