Jusqu’à maintenant, seuls les plus remuants promoteurs de la réalité virtuelle se sont fait entendre relayés par une bouillonnante scène indé . A contrario, les éditeurs se montrent volontiers plus sceptiques sur les chances que possèdent Oculus Rift et Morpheus de dépasser le stade de projet spéculatif. « Avec chaque nouvelle technologie, il est impératif d’avoir des perspectives économiques dégagées avant d’investir » avait déclaré en bon capitaine d’industrie Andrew Wilson, PDG d’Electronic Arts au sortir de l’E3.
 
 
Toutefois, le succès foudroyant des précommandes du kit de développement V2 d’Oculus Rift (50 000 unités) libère enfin la parole, ou presque. Au-delà de la logique purement économique exprimée par le président d’EA, la charmante Jade Raymond d’Ubisoft se distingue en bonne technophile par un discours davantage matérialiste. « Nous sommes sur le point de basculer [...] vers une nouvelle façon d’interagir avec les jeux vidéo [...] la quatrième dimension est référencée à la réalité virtuelle », affirme l’influente responsable de projets. La tête résolument tournée vers les étoiles (c’est une fan de Star Trek), elle imagine revivre la même expérience que certains spationautes : « Regarder depuis l’espace la planète Terre puis évoluer dans l’espace en état d’apesanteur, avoir par exemple un oeil sur son niveau d’oxygène [...] se livrer à un jeu de Parkour ». Une expérience similaire existe pour Morpheus. En collaboration avec la NASA, SCEA a réalisé un simulateur propulsant l’utilisateur sur le sol de la planète Mars. Cette démo n’a pas été dévoilée au public.
 
Sony semble laisser son futur concurrent prendre le pouls du marché, au risque de se faire souffler la place de pionnier que le constructeur convoite. Sa posture actuelle reposant sur une position attentiste ne devrait pas tarder à s’infléchir.