Cinq ans après sa première diffusion, la série animée américaine Avatar, le Dernier Maître de l'Air trouve le chemin du grand écran, sous la caméra de M. Night Shyamalan, ex-chouchou d'Hollywood, qui cherche un moyen de retrouver les bonnes grâces du public. Avec une licence porteuse, un réalisateur charismatique, une production d'envergure capable de plaire à un public assez large, la formule semble bien huilée. Le Dernier Maître de l'Air réussit-il à remplir son objectif?

        Le cycle de l'eau

    A première vue, cette adaptation suit le scénario de la première saison de la série de façon plutôt fidèle (même s'il y aura toujours des écarts habituels). On y retrouve ce monde magique propre à la série. Ici, tout est lié aux quatre éléments : l'air, l'eau, la terre et le feu, chacun correspondant à une nation dans ce monde. La Nation du Feu a mis à genoux les trois autres dans une guerre déséquilibrée.     Désormais, les Maîtres des Eléments, des guerriers qui combattent en utilisant différents arts martiaux pour créer des poussées de magie élémentale, sont emprisonnés ou tués. Leur dernier espoir réside dans une seule personne : l'Avatar, être millénaire qui se réincarne perpétuellement dans les temps difficiles pour rétablir l'équilibre. Ce guerrier ultime maîtrise les quatre éléments, ne les utilisant que dans le but de rétablir la paix.
    Le film commence avec la découverte de l'Avatar Aang, prisonnier des glaces du Pôle Sud. La Nation du Feu le suit de près avec la ferme volonté de le capturer pour faire enfin taire la légende. On se rendra d'ailleurs vite compte que cet Avatar n'est qu'une jeune homme incomplet au niveau de sa Maîtrise. En effet, il ne connaît que l'art de maîtriser l'Air. Il devra donc s'engager dans un voyage initiatique, avec ses compagnons, pour apprendre à plier les autres éléments tout en tentant d'échapper à ses féroces poursuivants.

                                      

        Le chemin est encore long

    Avatar, jouit d'un univers assez riche qu'il est agréable d'apprendre à connaître. On comprend assez rapidement l'enjeu des luttes de pouvoir, le principe selon lequel chaque élément peut être objet à la Maîtrise par un guerrier élu. Ceci donne évidemment lieu à un déferlement d'effets visuels plutôt réussis avec des katas particulièrement efficaces et jolis à regarder. Il est toutefois dommage que l'action soit si peu située géographiquement. En effet, par essence, l'histoire est celle d'un voyage qui amènera Aang à différents endroits en très peu de temps et, si le lieu de l'action est indiqué par un sous-titre bienvenu, on aurait aimé avoir une vue d'ensemble du monde par le biais d'une carte ou un autre procédé. Sans cela, on se retrouve vite perdu entre les deux pôles de ce monde.
    Bien sûr, ce n'est pas la plus grosse critique que je ferai à l'encontre du film. Mon véritable coup de gueule réside dans l'utilisation décevante de l'effet 3D pour Le Dernier Maître de l'Air. D'une part, on se retrouve obligé de payer un supplément (comme si la place de cinéma n'était pas déjà assez chère) pour se rendre compte que l'effet est presque inexistant. C'est bien simple, à certains moments du film, avoir ou non les lunettes sur le nez ne change absolument rien à l'image. Et cela se répète sur au moins 50% du film! Enfin, l'autre moitié bénéficie d'un effet de relief tellement diffus qu'on ne le sent même pas. Pire encore, ce traitement gène même les mouvements de caméra, les faisant immédiatement apparaître flous. Autant dire que c'est assez décevant pour ne pas dire scandaleux. On se retrouve devant un gimmick plus qu'un réel plus.
    Enfin, le film souffre de quelques petits points gênants comme les scènes de combat de masse qui se révèlent assez brouillonnes là où les duels sont splendides. C'est très dommage car il y avait matière à créer des combats réellement impressionnants. De plus, la distribution, étant majoritairement peuplée de jeunes acteurs, peine à trouver crédibilité par moment, mention spécial à Dev Patel (le Prince Zuko) qui se sent obligé de hurler pour transmettre la colère de son personnage. Ceci reste toutefois un avis tout à fait subjectif. Pour finir, on aurait aimé avoir plus le temps de s'attacher à certains personnages clés du film qui, faute d'attachement, disparaissent sans laisser d'émotions derrière eux...


    S'il y a bien un mot que je devrais utiliser pour qualifier Le Dernier Maître de l'Air, cela serait : décevant, dans la mesure où il ne remplit qu'à moitié sa part du marché. En effet, on y découvre un univers assez riche, qui ne demande qu'à être exploré, mais trop peu développé dans ce long métrage. C'est très dommage parce qu'on aurait vraiment aimé en voir plus. De plus, l'effet 3D que l'on a appliqué à la hâte sur le film est un véritable scandale. Ajoutons à cela, des performances inégales de la part des jeunes acteurs et vous comprendrez pourquoi j'ai eu du mal à être conquis. Souhaitons toutefois que la trilogie annoncée puisse se faire et que Shyamalan ait une seconde chance de nous embarquer plus avant dans cet univers magique.

Mordraen